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Rapport sur les conditions sanitaires de l’accomplissement du Hadj pour les musulmans de France (partie 2/3)

III. Expérience clinique d’une période de Hajj.

Invité en tant que médecin d’un groupe de 350 pèlerins, pour la plupart d’origine turque, venant de l’est de la France, notre activité médicale consistait essentiellement à la surveillance et au traitement des pathologies survenues durant cette période délicate.

La consultation quotidienne se faisait à la demande des patients, le plus souvent durant l’après-midi, nous nous donnions alors rendez-vous dans leur chambre. Il est important de souligner que nous n’étions pas le seul recours médical de ces patients, une clinique tenue par des médecins turcs étant aménagée au sein même de l’immeuble.

A. Méthodologie.

Il nous a semblé important de favoriser une classification par pathologie plutôt que par patient. Ainsi, la consultation d’un même patient pour plusieurs causes différentes a pu donner lieu à plusieurs classifications de pathologies (dans trois cas seulement).

Les consultations se sont déroulées du 24 février 2001 au 07 mars 2001, soit sur une période de 12 jours, elles ont permis d’effectuer 123 diagnostiques pour 120 consultations.

B. Analyse de cas.

1. Par tranche d’âge.

L’analyse de l’âge des patients montre une moyenne de 46 ans avec un écart type de 10 ans.

2. Par sexe.

Nous avons eu 71 consultations féminines (57,7 %) pour 52 consultations masculines (42,3 %).

3. Par pathologie.

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L’analyse des pathologies rencontrées doit tenir compte des motifs réels de consultations.

C’est ainsi que la prédominance des maladies cardio-vasculaires (32,8 %) s’explique par la demande de contrôle des tensions artérielles de patients déjà sous traitement anti-hypertenseur, consultation débouchant alors la plupart du temps sur la poursuite du traitement ou sur un ajustement thérapeutique mineur.

Si l’on exclut cet aspect des choses, les vrais motifs de consultations apparaissent nettement être de deux ordres :

– D’une part une pathologie dermatologique (39 % des données corrigées) liée aux conditions mêmes du Hajj : mycoses inguino-scrotales liées aux conditions du Ihram (état de sacralité), ampoules et eczémas fissuraires des pieds liés à des trajets à pied inhabituels pour nos pèlerins occidentaux.

– D’autre part des pathologies O.R.L. et pulmonaire (total de 39,1 % des données corrigées) qui constituent le réel motif d’étonnement de cette enquête et sur l’origine desquelles il convient de se pencher plus avant.

En effet, une enquête prospective réalisée par nos soins sur l’ensemble des pèlerins que nous avons rencontrés et non pas simplement sur ceux qui nous ont consulté, montre que plus de 95 % d’entre eux souffrent ou ont souffert durant leur court séjour à La Mecque d’une pathologie O.R.L. (rhinite, rhinopharyngite ou sinusite le plus souvent) ou pulmonaire (toux sèche puis toux productive) ou des deux à la fois. Et ceci, la plupart du temps dès les premiers jours de présence sur les lieux.

Nous émettons deux hypothèses pour expliquer ces phénomènes :

1° La densité de gaz d’échappement et en particulier provenant de véhicules diesel nous semble extrêmement importante, du fait de la densité du trafic urbain, du fait de la vétusté des véhicules, du fait que les chauffeurs desdits véhicules laissent le moteur fonctionner en permanence même à l’arrêt. Il semble en résulter un nombre important de particules dans l’air très irritantes pour les voies aériennes et rhino-pharyngées.

2° L’utilisation immodérée de systèmes de climatisation dont nous avons constaté que les filtres ne sont jamais nettoyés ni changés. Il est prouvé que des bactéries spécifiques se développent dans les systèmes de climatisation souffrant de défaut d’entretien, et que ces bactéries se propagent dans l’air en grande quantité pour infecter ensuite les voies aériennes de ceux qui les respirent.

À notre avis, ces deux phénomènes se conjuguent pour expliquer la très forte pollution de l’air. Phénomène encore accentué par la topographie des lieux qui produit un « effet de cuvette » diminuant le renouvellement de l’air.

À tous ces phénomènes s’ajoute une température excessive qui rend l’air encore moins riche en oxygène. Il en résulte un très fort taux d’affections pulmonaires et rhino-pharyngées que nous avons constaté lors de nos consultations.

La pollution aux particules de gas-oil irrite fortement les muqueuses qui sont alors plus sensibles aux infections microbiennes diffusées par les systèmes de climatisation.

Il me semble également utile de rappeler que les infections rhino-pharyngées favorisent la diffusion des méningites.

C. Conclusions sur la situation sanitaire.

L’Arabie Saoudite assure à ses pèlerins un niveau sanitaire tout à fait appréciable, elle semble particulièrement sensibilisée aux risques épidémiques. Un effort important sur la qualité de l’air nous semble cependant nécessaire.

La situation sanitaire des pèlerins provenant de France pourrait être améliorée par une meilleure information qui leur serait destinée, ainsi qu’à leurs médecins de famille avant le départ.

Il nous semble important de continuer à sensibiliser les pèlerins, leur entourage et leurs médecins de famille aux risques de contamination des méningites virales qui persistent à leur retour malgré une vaccination appropriée.

 

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