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Mexique : l’islam en plein essor dans les montagnes du Chiapas

Dans un Mexique majoritairement catholique qui s’apprête à accueillir le pape en février prochain, la lumière de l’islam transperce l’épais rideau de brouillard qui entoure les montagnes du Chiapas, et éclaire les âmes et les cœurs d’une population indigène et paupérisée, laissant apparaître à l’horizon une mosquée d’envergure, reflet de sa place prépondérante occupée depuis plus d’une décennie.  

L'islam "est en plein essor parmi les communautés indigènes du Chiapas où les habitants vivent dans la pauvreté et croient en la promesse d'une vie meilleure", a expliqué à l'AFP un fin observateur de la question, Pedro Faro, directeur du Centre des droits de l'Homme Bartolomé de las Casas et expert en droits indigènes.

Nichée au coeur d’une vallée fertile, cernée de versants montagneux, San Cristobal de Ias Casas a vu la religion musulmane se propager de manière irrésistible en l’espace de dix ans, et la quintessence du message coranique se répandre et faire sens dans de nombreux foyers, que leurs membres soient issus de la communauté Ahmadia ou appartiennent à la communauté Murabitun, réputée plus prospère.

"Moi je ne suis pas né musulman, je le suis devenu en 1995. J'ai été le premier de ma famille", s’est exclamé à l’AFP, non sans fierté, l'imam Ibrahim Chechev, en ne reniant rien de ses racines maya tzotzil. Celui-ci répondait au nom d’Anastasio Gomez avant d’embrasser l’islam.

C’est dans une modeste demeure, sans fenêtres, que ce jeune imam de 34 ans officie en sa qualité de guide spirituel à la tête de la communauté Ahmadia, veillant avec une grande bienveillance à ce que ses 60 fidèles accomplissent bien leur devoir religieux conformément aux prescriptions du Saint Coran, et notamment leurs cinq prières quotidiennes. Il garde un souvenir ému de son grand-père en train de se laver les pieds pour méditer seul et se recueillir, un rituel effectué quotidiennement et plusieurs fois par jour, alors même que ce dernier n’était pas encore musulman.

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"Les musulmans prient à voix haute et à des heures fixes du jour, ils ont un "profil de travail" communautaire, des pratiques proches de celles de la communauté indigène", a commenté pour sa part Pedro Humberto Arriaga, un curé du village proche de San Juan Chamula.

Parmi cette population qui a répondu massivement à l’appel irrépressible d’Allah, Guadalupe Gomez, une jeune femme 20 ans, irradie de bonheur depuis qu’elle a écouté son inclination du cœur, ayant choisi de se prénommer Aysha et de porter le voile avec une joie indicible. "Cela faisait déjà partie de moi. Je sens que cela me rend unique face aux autres", souligne-t-elle, en tordant le cou aux préjugés avec un sourire radieux dont elle ne se départit jamais.

Malheureusement, la défiance et le poids du soupçon polluent même l’air pur de ces montagnes du Mexique, jusqu’à le rendre irrespirable depuis les récents attentats qui ont lourdement endeuillé la France et les abominations surmédiatisées de Daesh, les musulmans en recrudescence du Chiapas n’étant pas épargnés par les remarques désobligeantes, voire les agressions verbales mortifiantes. "Quand nous marchons dans la rue, il n’est plus rare d’être apostrophés méchamment. 'Vous êtes musulmans ? Vous faites partie de ceux qui assassinent', voilà ce que l’on entend fréquemment, et à chaque fois, nous déployons des trésors de patience et de conviction pour leur dire combien ils se trompent", a précisé l’imam Ibrahim Chechev, qui œuvre sans relâche pour que le vrai visage de l’islam triomphe de la haine aveugle.

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