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Madrid, ville islamique occultée hier et récupérée aujourd’hui

La Plaza de la Villa, l'une des plus anciennes places de Madrid, contient deux bâtiments mudéjars remarquables

L’histoire de Madrid commence au IXe siècle, lorsque les Omeyyades décident de construire une ligne de fortifications au centre de la péninsule ibérique pour défendre les frontières d’al-Andalus.

Vers l’an 865, Muhammad Ier, fils d’Abderraman II, ordonna la construction de fortifications autour du village de Magerit, anciennement connu sous le nom de Matrice, un nom qui faisait référence à l’eau de la région et au ruisseau qui traversait la rue de Ségovie.

Madrid a été fondée en tant que hisn حصن (fort), mais bientôt les sources historiques ont commencé à s’y référer en tant que madina sagira (une petite ville) ou al-mudeyna. Elle devint un centre d’attraction pour la population civile, ainsi que la capitale d’une petite région. À son propos, le géographe marocain al-Idrissi a écrit au XIIe siècle : i

Parmi les villes dotées de minbars au pied de ces montagnes se trouve Madjrit, une petite ville et une forteresse puissante et prospère. Elle possédait, à l’époque islamique, une grande mosquée où des sermons étaient régulièrement donnés“.

La seule source chrétienne qui mentionne Madrid avant la conquête castillane au XIe siècle est une chronique de l’évêque Sampiro de León ii dans laquelle il raconte que le roi Ramiro II des Asturies, dans l’une de ses expéditions contre le pays des “Chaldéens” (une façon de désigner les musulmans), a attaqué et détruit les murs de “la ville qu’ils appellent Magerit”. “Magerit était la manière médiévale latine et castillane de transcrire l’arabe “Majrit” مجريط, origine du nom actuel de la ville.

Mais deux siècles plus tard, en 1083, le roi de Castille, Alphonse VI, dit “Le Brave”, reconquiert la ville où Maures, Juifs et Chrétiens continuent de cohabiter pendant de nombreuses années. De la fusion des noms arabe et romain est né le toponyme Madrid. iii

Histoire de Madrid : origines de la capitale espagnole

Majrit, “terre pleine d’eau”, était le nom donné par les Arabes à la plaine proche de la Sierra de Guadarrama choisie par Philippe II pour établir sa cour et qui deviendrait plus tard la ville telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Les premières traces historiques de Madrid remontent à 865, lorsque l’émir Mohammed Ier ordonna la construction d’une casbah dans la ville de Majrit, sur les rives de la rivière Manzanares. Majrit signifie en arabe “abondance d’eau”, c’est pourquoi les premières armoiries de la ville portaient la devise :

          « J’ai été construite sur l’eau,
Mes murs sont de feu,
Ce sont mes insignes et mes armoiries  » 

Jusqu’en 1083, date à laquelle Alphonse VI de Castille a conquis la ville, Madrid a professé la foi musulmane.

Il existe peu de vestiges du Madrid de cette époque. Dans la Calle Mayor, à côté de l’Institut italien de culture, à l’endroit même où sera construite plus tard l’église de Santa María (certaines de ses ruines sont encore visibles), se dressait la Grande Mosquée, probablement entourée du souk comme cela était courant dans les villes islamiques. À quelques pas de là, dans la Cuesta de la Vega, on peut encore voir les restes des anciennes murailles. Cet endroit était appelé almudaina المدينة ou ciudadela.

Lors de la prise de la ville, les chrétiens découvrirent une sculpture de la Vierge cachée dans les murs, éclairée par une bougie qui brûlait depuis plus de quatre cents ans. Dès lors, l’Almudena (>al-mudeyna) sera l’invocation de la Vierge Marie pour les Madrilènes.

Madrid est donc la seule capitale européenne d’origine et de tradition musulmane. En fait, elle est même plus ancienne que bon nombre des grandes villes arabes d’aujourd’hui. Pendant les deux premiers siècles et demi de son existence, elle était située à l’extrême nord du monde musulman classique, qui s’étendait alors du fleuve Duero au désert du Sahara et de l’océan Atlantique aux frontières de la Chine.

Une histoire retrouvée

En effet, le nom de Madrid trouve son origine dans le mot arabe majrâ مجرى majrit مجريط, qui signifie petit ruisseau en arabe classique. Fondée au milieu du IXe siècle par l’émir omeyyade Muhammad Ier comme base militaire, la ville est restée sous domination musulmane pendant deux siècles. iv

Sur l’origine du nom de Madrid, Christine Mazzoli-Guintard précise : v

Quant au nom de la petite ville, Mağrīṭ, le débat sur l’origine latine ou arabe du toponyme reste ouvert ; latine pour les érudits du XIIIe siècle et jusqu’au milieu du XVIe siècle, arabe pour les savants du second XVIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle, à nouveau latine pour les lettrés du XIXe siècle, elle partage toujours les arabisants espagnols : aux tenants de la théorie arabe, développée par J. Oliver Asín et soutenue par Ma J. Rubiera Mata, s’opposent ceux de la thèse latine, développée par J. Coromines et suivie par F. Corriente et M. Marín. Le débat a toutefois oublié l’élément fondamental du peuplement du Madrid primitif, la présence des Berbères : installés dans la région au moment de la fondation, leur souvenir paraît avoir été totalement occulté par la décision émirale de fixer par un terme arabe, mağrā, le fil d’eau qui court, l’installation des hommes “.

Néanmoins, cette étape de la vie madrilène est mal connue des touristes et même de nombreux habitants qui ne savent pas que leur ville a été, à un moment de l’histoire, l’une des forteresses d’al-Andalus. Pour remédier à cette situation, la mairie de Madrid a récemment publié un guide visant à informer sur ces deux siècles où la capitale faisait partie d’al-Andalus et à mettre en évidence ses origines arabes.

Madrid islámico : La historia recuperada” (Madrid musulmane : l’histoire retrouvée) est le titre de ce livre publié par la mairie de Madrid, vi en collaboration avec le Centre d’études sur le Madrid musulman (CEMI). vii

Bien que peu de vestiges de la période al-Andalus aient été épargnés à Madrid, la Mairie a voulu mettre en lumière ce patrimoine et cette partie de l’histoire ancienne de la ville, jusqu’à présent peu connue et surtout peu révélée pour des raisons subjectives.

Parmi les ruines qui rappellent cette période, on trouve une partie de la muraille arabe dans le parc de l’émir Muhammad Ier, ainsi qu’une portion d’une autre muraille arabe aujourd’hui située sous un bâtiment dans une rue du centre de la capitale, une tour de guet arabe du Xe siècle aujourd’hui située dans un parking public souterrain sur la Plaza Oriente ou encore un silo de la période arabo-musulmane sur la Plaza de Ramales.

Plusieurs monuments arabes disparus de Madrid sont également mentionnés dans le guide, ainsi que les objets utilisés à cette époque, dont un grand nombre sont exposés au musée San Isidro, qui dispose désormais d’une salle entière consacrée à l’archéologie arabe.

Plusieurs objets et vestiges archéologiques de l’époque d’al-Andalus, découverts lors de fouilles pour des projets urbains au cœur de Madrid ou lors de fouilles archéologiques, sont exposés dans ce musée. Ces vestiges permettent aux visiteurs d’imaginer ce qu’était la vie sociale, économique et politique à Mayrit.

Le guide publié par la mairie de Madrid comprend également des histoires liées au passé arabo-musulman de la ville et fait référence à plusieurs mots et expressions espagnols d’origine arabe utilisés jusqu’à aujourd’hui.

L’initiative de la mairie de Madrid de publier ce livre confirme l’existence dans la capitale espagnole actuelle de vestiges de l’âge d’or arabo-musulman de l’Espagne, qui sont mentionnés dans certains livres d’histoire.

Sur ce point précis, Kira Walker écrit dans un article intitulé : “L’histoire islamique cachée de Madrid révélée”, dans The Middle East Eye : viii

“Les efforts pour récupérer et sauvegarder le patrimoine islamique de la ville se sont intensifiés ces dernières années, en grande partie sous la direction de la Fondation espagnole pour la culture islamique (FUNCI). Encarna Gutierrez, secrétaire générale de la fondation, explique qu’elle a été développée dans la conviction que l’Espagne devait embrasser son patrimoine multiculturel, et que l’éducation devait jouer un rôle dans cette reconnaissance culturelle. En 2017, la fondation s’est associée à l’Université Complutense de Madrid pour créer le Centre d’étude de l’Islam de Madrid (CEMI) “.

Elle poursuit en affirmant avec force : ix

Si l’histoire islamique de Madrid reste si peu connue à ce jour, c’est pour deux raisons essentielles. La première, explique Gil-Benumeya, est que la ville est la capitale de l’Espagne et qu’elle incarne l’idée de la communauté espagnole imaginée – qui est catholique et européenne – et tous ses mythes. Il explique qu’en 1561, le roi Felipe II a fait de Madrid le siège permanent de sa cour : peu après, le passé médiéval matériel et symbolique de la ville a été effacé pour construire une capitale digne de l’empire en expansion. Une partie de ce processus a consisté à inventer plusieurs mythes héroïques liés à l’histoire de Madrid – mais ce faisant, les origines islamiques de la ville ont été radicalement supprimées. “Ce récit ne peut être défendu d’un point de vue scientifique, mais il est profondément ancré dans l’imagination populaire et reproduit par les médias et les institutions du pays”, explique Gil-Benumeya. Reléguer la période andalouse de Madrid à une “simple parenthèse” dans l’histoire de l’Espagne a entraîné un manque d’intérêt général, ajoute-t-il. Deuxièmement, les indices visuels de l’existence d’Al-Andalus sont largement absents. À Cordoue et à Grenade, au sud, le passé islamique des villes est impossible à ignorer ou à cacher. Ce n’est pas le cas à Madrid, où les rappels sont largement absents et où il faut chercher des signes de son maigre héritage andalou. Pour contrer cela, les visites s’appuient sur des récits qui donnent vie à l’histoire cachée de la ville “.

Le centre en question promeut la recherche scientifique à partir de perspectives historiques et archéologiques du Madrid islamique médiéval, et travaille à la protection du patrimoine islamique de la ville. Son travail repose sur la conviction qu’une meilleure compréhension du passé islamique de Madrid peut contribuer à l’inclusion et à la coexistence pacifique dans le présent.

Madrid islamique par FUNCI

Elle témoigne également de l’originalité de cette période de l’histoire de la ville, qui a réussi, comme d’autres régions d’al-Andalus, à réunir les trois grands monothéismes dans une harmonie presque parfaite jamais vue auparavant.

Madrid, la petite ville “madina sagira“

Dans son ouvrage intitulé : Madrid, petite ville de l’Islam médiéval (IXe-XXIe siècles), Christine Mazzoli-Guintard x présente, à partir de sources textuelles et archéologiques, Madrid de sa fondation à nos jours. Elle soutient que pour comprendre la genèse de la ville, il faut revenir au site où elle a été construite, au nom qu’elle a reçu et à l’homme qui a décidé de la bâtir. Pour comprendre son fonctionnement, il faut se tourner vers ses territoires, nourriciers et administratifs, et vers les espaces avec lesquels elle est en contact. Un héritage islamique dont la reconnaissance patrimoniale peine encore, en ce début de XXIe siècle, à se faire entendre.

La première partie de l’ouvrage de Christine Mazzoli-Guintard commence par une description du territoire où la ville a été fondée. Le fleuve Guadarrama/Manzanares est situé loin de l’établissement fondateur ; néanmoins, ses habitants comptaient sur lui pour leur approvisionnement, avec un grand réseau de sources et d’aqueducs d’où il tire probablement son nom.

Elle consacre un chapitre à l’analyse des étymologies du nom Mayràé, pour lequel elle résume tout ce qui a été dit précédemment. Faisant référence au débat sur l’origine latine ou arabe du nom, elle laisse la question ouverte sans opter pour l’une ou l’autre option.

Elle consacre un autre chapitre à l’émir Muhammad Ier (852-886), fondateur de la ville en faisant référence à Ibn Hayyan xi qui affirme que c’est cet émir qui a ordonné la création de Madrid, Talamanca et Peñafora, Mazzoli-Guintard le définit comme un “émir bâtisseur” en soulignant son activité de construction.

Pour conclure cette première partie, elle passe en revue les différentes hypothèses qui ont été proposées sur les causes de la fondation de Madrid, Talamanca et Peñafora en suggérant qu’elle pourrait être liée à la réorganisation du territoire. À cette époque et dans le cadre d’une politique centralisatrice, la création de nouvelles villes devait servir à établir les bases d’une administration stable de l’ensemble de l’Espagne musulmane.

Dans la seconde partie, elle souligne que la fondation de Madrid doit être replacée dans le contexte d’un renouvellement général de la vie urbaine en al-Andalus, de la fondation de Murcie (825) à celle de Madînat az-Zahrâ’ (936).

En ce qui concerne le problème des murailles originelles, elle fait une revue historiographique des études réalisées, dans lesquelles deux périmètres ont été identifiés : le plus petit (4 Ha) possède des tours quadrangulaires et a été unanimement jugé comme une œuvre andalouse ; le plus grand (35 Ha), possède également des tours quadrangulaires, et a été considéré par certains comme une œuvre andalouse et par d’autres comme une fabrique chrétienne. Elle adhère à l’opinion majoritaire qui considère l’enceinte andalouse comme la plus petite, tandis que la plus grande serait une œuvre chrétienne.

En dehors de l’enceinte andalouse, mais dans son voisinage immédiat, les archéologues ont localisé quatre zones dans lesquelles ont été documentés des puits et des silos, transformés ensuite en décharges. Le matériel trouvé à l’intérieur a été daté entre le IXe et le XIe siècle. Avec ces informations rares et imprécises, l’auteur exclut qu’il s’agisse de vestiges de faubourgs, penchant plutôt pour les identifier comme appartenant à des établissements, contemporains de la fondation de la ville et indépendants d’elle par leur origine.

Enfin, elle propose que la ville ait pu se développer selon un modèle de peuplement similaire à celui observé à Marroquíes Bajos (Jaén) et Pechina (Almería), qui, selon elle, était caractéristique aux IXe et Xe siècles.

Selon elle, à la fin du IXe siècle, l’établissement progressif de l’État islamique s’accompagnerait de ce type d’établissements où les noyaux de maisons se développent autour de la redoute fortifiée, mais séparément de celle-ci. La transformation des silos en dépotoirs les daterait de cette période et serait liée au début des impôts omeyyades sur les revenus agricoles, moment où, selon l’auteur, le besoin de stockage des familles diminue. Ce modèle cesserait de fonctionner au début du XIe siècle, lorsque, avec la chute du califat, apparaît le modèle classique de la médina andalouse, où la majorité de la population se rassemble à l’intérieur des murs. Dans cette ligne interprétative, l’historien défend une croissance démographique de Madrid par le biais de transferts de population vers la ville depuis les localités voisines.

L’auteur offre au lecteur une monographie précieuse et précise, toujours attentive aux avancées historiographiques, qui résume et combine les informations dont on dispose sur la ville, en les enrichissant par des réflexions historiques vivantes. Mazzoli-Guintard interroge et confronte des sources de nature différente, comble les lacunes de l’information en faisant des analogies opportunes avec des réalités mieux connues, toujours sans forcer les données. Là où elle ne peut rien apporter de nouveau, elle rassemble des informations toujours à jour par rapport aux études les plus récentes, offrant de toute façon une relecture et une révision utiles du matériel édité.

Ce travail intéressera tous ceux qui veulent aborder le passé islamique de Madrid, qu’ils soient spécialistes ou simples amateurs ; néanmoins, la méthodologie utilisée est suffisamment bonne pour servir de modèle à d’autres recherches futures sur les nombreuses villes andalouses encore en attente d’étude.

Dans une critique de cet ouvrage de grand intérêt, Juliette Sibon écrit : xii

Christine Mazzoli-Guintard, spécialiste des villes andalusi, inscrit son étude dans le champ le plus récent de l’histoire urbaine d’al-Andalus, à savoir celui des « petites villes ». Si beaucoup d’encre a coulé sur Madrid « ville-frontière », l’ouvrage envisage Madrid « petite ville », madina sagira, telle que la qualifie al-Idrisi au XIIe siècle. En s’appuyant sur les multiples travaux consacrés à l’histoire de la ville et sur un large corpus de sources matérielles et de sources écrites, tant arabo-musulmanes que chrétiennes, l’auteur livre une enquête historique rigoureuse qui s’entrecroise avec une analyse philologique fine, fondée sur une connaissance solide de la langue et des textes arabes. La méthode consiste souvent à pallier l’absence de sources ou leurs incohérences et insuffisances par un retour sur la terminologie arabe. L’auteur rassemble toutes les mentions d’un terme et tâche de comprendre l’utilisation qu’en font les auteurs afin d’en saisir l’acception la plus juste possible. “

Et poursuit : xiii

L’objectif est de montrer combien Madrid, ancrée dans le califat omeyyade dès 719, puis dans la taifa de Tolède (après 1009), avant d’entrer dans la mouvance de la Castille chrétienne (vers 1085), a été un acteur de l’histoire andalusi. La démarche est clairement exposée dans l’introduction : il s’agit de ne pas se cantonner à considérer Madrid seulement comme une « ville-frontière », ni de considérer la petite ville comme un modèle réduit de la grande ville. Il faut donc définir une autre cohérence, propre à la madina sagira. “

Madrid aujourd’hui

Le siège madrilène de la Casa Árabe, situé dans la Calle Alcalá, près de l’entrée nord du Retiro, est un bâtiment néo-mudéjar construit en 1886 qui abritait les écoles Aguirre à la fin du XIXe siècle.

Cet édifice a été conçu par l’architecte Emilio Rodríguez Ayuso, qui l’a imaginé comme un bâtiment à deux étages capable d’abriter des espaces éducatifs particulièrement innovants pour l’époque, notamment un gymnase, une bibliothèque, un musée scolaire, une cour de récréation, une salle de musique et même un observatoire météorologique situé dans la tour.

La Casa Árabe, qui est implantée à Cordoue et à Madrid, est soutenue par diverses institutions publiques telles que le ministère espagnol des Affaires étrangères et l’Agence espagnole de coopération internationale, les communautés autonomes de Madrid et d’Andalousie et les mairies de Madrid et de Cordoue.

Parmi les services proposés, on trouve le restaurant-terrasse “Acoge un Plato Casa Árabe”, dont l’offre gastronomique fait partie de l’initiative “Acoge un Plato Catering”, de la Commission espagnole pour les réfugiés (CEAR) ; une médiathèque et une librairie spécialisée pour les amateurs de culture arabe.

Cette visite du Madrid médiéval peut se poursuivre au Musée archéologique national, qui comprend une intéressante collection d’arts somptuaires allant du royaume wisigothique de Tolède au Moyen Âge tardif. Les salles d’art médiéval et Renaissance du Museo Lázaro Galdiano et du Museo del Prado méritent également une visite. Il convient également de mentionner la muraille chrétienne de Madrid, dont la construction a commencé après la chute de Tolède, sous le règne d’Alphonse VI de León et de Castille (1040-1109), et s’est poursuivie au rythme de l’instabilité des frontières et des domaines au cours du XIIe siècle et du premier tiers du XIIIe siècle, jusqu’en 1212.

Mayrit, pont pour la paix, un nouveau projet de FUNCI

Parmi les villas de luxe d’un quartier résidentiel du nord de Madrid se trouve une petite place au nom mystérieux de Maslama. En fait, c’est le seul mémorial de la ville à l’un de ses fils les plus célèbres : Abû-l-Qâsim Maslama “Al-Majriti”, autrement connu comme “le Madrilène”.

Abû-l-Qâsim Maslama ibn Ahmad al-Faradi al-Hasib al-Qurtubi al-Majritî (arabe : أبو القاسم مسلمة بن أحمد المجريطي), mathématicien, chimiste et astronome arabe d’al-Andalus, né à Madrid en 950, mort en 1007 à Cordoue, connu comme le maître des mathématiciens d’al-Andalus. Il a vécu principalement à Cordoue. xiv

Il est cité par Ibn Khaldoun dans sa Muqaddimah. Il a affirmé la loi de la conservation de la matière. En astronomie, il traduit et commente l’œuvre de Ptolémée. Il a révisé les Tables astronomiques d’al-Khwârizmî. xv Il s’est fortement inspiré des sciences des civilisations de l’ancien monde gréco-romain.

Il a publié plusieurs ouvrages qui nous sont parvenus, notamment des commentaires sur al-Khwârizmî et des livres de géométrie et d’arithmétique basés sur des ouvrages grecs et hindous.

On lui attribue un traité de magie astrale, Ghâyat al-Hakîm (La fin du sage) traduit en latin (par Gérard de Crémone ?) sous Alphonse X, roi de Castille dit le Sage, (1221-1284) sous le nom de Picatrix, et datant du milieu du XIe siècle. xvi

Dans le Madrid d’aujourd’hui, il est un parfait inconnu, même pour les habitants de la place qui porte son nom. En fait, il est difficile de trouver une liste d’illustres Madrilènes antérieurs au saint patron chrétien de la ville, San Isidro (Isidore le laboureur), qui, selon la légende, est né à la fin du XIe siècle.

Conclusion : la récupération d’un passé longtemps oublié

Sur l’idée de récupérer le passé longtemps oublié de Madrid, Daniel Gil-Benumeya, coordinateur scientifique du Centro de Estudios del Madrid Islámico (CEMI) et professeur d’études arabes et islamiques à l’Université Complutense de Madrid, argumente, à juste titre, dans Orient XXI : xvii

“ Tout au long du siècle dernier, de nombreux vestiges du Madrid andalou sont réapparus avec obstination, même s’ils n’ont pas toujours été bien traités : restes de la muraille millénaire, vestiges dans le tracé urbain, matériaux archéologiques liés à la vie quotidienne… Jusqu’à un immense cimetière musulman dont les locataires sont toujours là, regardant vers La Mecque depuis les fondations des maisons construites sur les tombes lorsque l’islam et ses espaces sacrés ont formellement disparu au XVIe siècle. Il n’est pas signalé et peu de gens connaissent son existence, bien qu’il s’agisse du plus ancien cimetière de la ville. “

Et poursuit en disant : xviii

Aux côtés des vestiges matériels, il existe aussi un patrimoine immatériel parfois surprenant. Le nom de la patronne catholique de Madrid, la Vierge de l’Almudena, vient du nom arabe de la citadelle qui a donné naissance à Madrid : al-mudayna, « la petite ville » ou « la citadelle ». Plus étonnant encore, des recherches récentes suggèrent que le saint patron, Isidore, personnage légendaire dont l’origine remonte à l’époque de la conquête chrétienne, serait en réalité un personnage syncrétique créé à partir de la mémoire d’un murshid soufi, Yunus Al-Azdi, ayant vécu dans les années précédant la conquête. “

La présence des Arabes/Maures en Espagne pendant 8 siècles est sans aucun doute une histoire douloureuse de colonisation et d’islamisation de terres chrétiennes par la force, mais cela dit, il semble que cette réalité s’efface lorsqu’on réfléchit à cette partie de l’histoire humaine et, au contraire, plusieurs faits positifs viennent à l’esprit :

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1- Al-Andalus a permis l’avènement de l’unique instance de coexistence des trois monothéismes dans l’histoire de l’humanité, désignée dans la littérature hispanique comme convivenciaxix Évidemment, beaucoup d’intellectuels rejettent cette idée comme un pur mythe mais le fait est que beaucoup d’autres défendent avec autant de force la véracité de ce concept de vivre ensemble pour la simple raison que si cela n’existait pas, al-Andalus n’aurait pas été le berceau du développement fantastique de la connaissance et de la sagesse humaine ; xx

2- L’expérience humaine en al-Andalus n’aurait pas été couronnée de succès s’il n’y avait pas eu la générosité de la terre espagnole, connue sous le nom d’al-firdaws (Paradis) chez les Arabes, et celle du peuple espagnol pendant la domination musulmane ;

3- Cet extraordinaire développement de la pensée et de la technologie a alimenté, sans aucun doute, la Renaissance européenne et a conduit à l’apogée de la culture et du mode de vie occidentaux dans le monde entier ; et

4- Aujourd’hui, avec la renaissance des nationalismes douteux et des fondamentalismes religieux qui réactivent les sentiments de racisme, de xénophobie, de haine, de violence et d’intolérance, on peut se demander s’il n’est pas grand temps de revenir à l’esprit de pardon et de convivialité d’al-Andalus pour extirper l’atmosphère actuelle de répulsion et de colère envers l’autre et son altérité.

Madrid, majrâmajrît parle de plusieurs sources et courants de sagesse et d’harmonie dont nous avons tant besoin aujourd’hui. Madrid est une petite ville à la lisière d’al-Andalus en Espagne. Elle est pleinement espagnole, même dans son passé arabe, et devrait être célébrée comme telle. Elle doit être pleinement récupérée pour l’Espagne et pour l’humanité, surtout à une époque où l’espoir en l’humanité, humaine et compatissante, s’estompe dangereusement.

Hier, Madrid était une lisière fortifiée d’al-Andalus, aujourd’hui le Madrid islamique, avec ses nombreux courants de conscience, peut sûrement devenir un centre mondial du dialogue de la foi et du dialogue interculturel. Amen.

 

 

 

Vous pouvez suivre le professeur Mohamed Chtatou sur Twitter : @Ayurinu

Notes de fin de texte :

i Chtatou, Mohamed. “ Ach-Charif al-Idrissi, concepteur de la première carte du monde, “Oumma du 8 juillet 2021. https://oumma.com/ach-charif-al-idrissi-concepteur-de-la-premiere-carte-du-monde/

ii Sampiro (c. 956 – 1041) était un clerc, homme politique et intellectuel léonais, l’un des premiers chroniqueurs de l’Espagne post-conquête connus par leur nom. Il fut également l’évêque d’Astorga de 1034 ou 1035 jusqu’à sa mort.

Cf. : Casado, Mar. Historia de El Bierzo (Algunos personajes bercianos. Sampiro.). Léon : Instituto de Estudios Bercianos, 1994.

iii Cressier, Patrice & Mercedes García-Arenal (Éd.). Genèse de la ville islamique en al-Andalus et au Maghreb occidental. Madrid, Casa de Velázquez, 1988.

iv Wasserstein, David J. The Caliphate in the West: An Islamic Political Institution in the Iberian Peninsula1ère édition. Oxford : Clarendon Press, 1993.

Il s’agit d’une étude du califat en tant qu’institution politique dans l’Espagne islamique, depuis sa création en 316/939 jusqu’à la disparition des Omeyyades à Cordoue en 422/1031. David J. Wasserstein explore les prétentions califales de la dynastie Hammudid dans le sud de la péninsule, et examine les pratiques califales de deux souverains slaves du XIe siècle. Il montre que l’institution califale n’a été abolie à aucun moment et qu’elle a servi aux souverains tout au long du XIe siècle, notamment comme une importante source de légitimité. L’importante nouvelle interprétation de Wasserstein est solidement ancrée non seulement dans les sources documentaires, mais aussi dans les preuves numismatiques peu étudiées et révélatrices. Il s’agit d’une contribution importante à l’histoire islamique de la péninsule ibérique et à notre compréhension de la nature du califat dans l’islam en général.

v Mazzoli-Guintard, Christine. “Conclusion,“in Madrid, petite ville de l’Islam médiéval (IXe-XXIe siècles). Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2009, pp.  221-225. https://books.openedition.org/pur/99057

vi Gil-Benumeya, Daniel. Madrid Islámico: La Historia Recuperada. Madrid: Balqis, 2021

Cet ouvrage traite du patrimoine historique islamique de Madrid, depuis sa fondation à l’époque de l’émirat d’al-Andalus, en passant par les vicissitudes de la communauté musulmane mudéjare dans le Madrid chrétien médiéval, jusqu’à l’aube de l’ère moderne, lorsque les derniers vestiges de la civilisation andalouse furent liquidés par la politique de répression culturelle menée par les Habsbourg.

Le livre couvre ainsi près de 750 ans de présence islamique à Madrid, un patrimoine généralement peu connu et valorisé, sauf par les spécialistes, en raison de plusieurs facteurs. Le principal est sans doute la destruction matérielle et symbolique ininterrompue de cet héritage depuis que Madrid est devenue le siège de la Cour en 1561. La capitale de la monarchie hispanique d’abord et de la nation espagnole ensuite, ne pouvait pas assumer facilement ses racines islamiques, étant donné que dans la définition identitaire catholique et européenne qui continue à être hégémonique dans l’imaginaire espagnol. Pour cette raison, l’Islam a été considéré comme une présence indésirable ou, en tout cas, étrangère. D’où le sous-titre La Historia Recuperada.

vii https://madridislamico.org/

El Centro de Estudios sobre el Madrid Islámico (CEMI):

Madrid est la seule capitale d’origine islamique en Europe. Pendant ses deux premiers longs siècles d’existence, elle était une petite ville d’al-Andalus. Puis, elle a maintenu pendant plus de cinq siècles une présence islamique continue, à travers les minorités mudéjar et mauresque. Cet héritage historique est très peu connu, même parmi les Madrilènes eux-mêmes, en raison des blocages qui existent pour accepter l’héritage d’al-Andalus comme partie intégrante de l’histoire et de la culture espagnole, mais aussi en raison des mauvaises inerties de la gestion du patrimoine.

Pour cette raison, la Fondation pour la culture islamique/Fundación de Cultura Islámica (FUNCI) a constitué en 2017 le Centre d’études sur le Madrid islamique (CEMI).

Il s’agit d’un espace interdisciplinaire qui vise à contribuer à la connaissance et à la protection du patrimoine historique islamique de Madrid (andalou, mudéjar et mauresque). De manière transversale, le CEMI veut mettre en relation cet héritage avec la construction actuelle d’une société diverse et respectueuse à Madrid.

viii Walker, Kira. “The hidden Islamic history of Madrid revealed, “The Middle East Eye dated May 8, 2019. https://www.middleeasteye.net/discover/travel-madrid-hidden-islamic-history-revealed-spain-muslim-heritage

ix Ibid.

x Mazzoli-Guintard, Christine. Madrid, petite ville de l’Islam médiéval (IXe-XXIe siècles). Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2009.

xi Abū Marwān Hayyān Ibn Khalaf Ibn Hayyān (ابن حيان, Cordoue 987 – mort le 28 octobre 1076) est un célèbre historien andalou.

Fils d’un important bureaucrate d’Almanzor, il fut un fonctionnaire au service de la dynastie des Amiri. Il a écrit un certain nombre d’ouvrages historiques, conservés en partie, qui constituent l’une des principales sources pour l’étude de la fin de la dynastie des Amiri (qui a entraîné la chute du califat de Cordoue et marqué le début des royaumes de Taïfa). Comme Ibn Hazm, il était un défenseur de la dynastie omeyyade, déplorant sa chute et la rupture conséquente avec le centralisme andalou.

Ses deux œuvres les plus importantes sont :

Kitâb al-Muqtabis (en 10 volumes), et

Kitâb al-Matin (en 60 volumes).

Il s’agit de deux sources très importantes pour les historiens ; elles relatent des événements qui se sont déroulés principalement en Espagne aux dixième et dixième siècles.

xii Sibon, Juliette. “Christine Mazzoli-Guintard, Madrid, petite ville de l’Islam médiéval (IXe-XXIe siècles)”, Cahiers de recherches médiévales et humanistes [Online], Reviews, Online since 30 November 2009, connection on 03 October 2021. URL: http://journals.openedition.org/crm/11739; DOI: https://doi.org/10.4000/crm.11739

xiii Ibid.

xiv Traité sur l’astrolabe, Traduction en Espagnol dans J. Vernet et M.A. Catalá, “Las obras matemáticas de Maslama de Madrid”, in Al-Andalus, 30, 1965, pp. 15-45.

Cf. : Casulleras, Josep. “Abū al‐Qāsim Maslama ibn Aḥmad al‐Ḥāsib al‐Faraḍī al‐Majrīṭī , “ Thomas Hockey et al. (eds.) The Biographical Encyclopedia of Astronomers, Springer Reference. New York: Springer, 2007, pp. 727-728. https://islamsci.mcgill.ca/RASI/BEA/Majriti_BEA.htm

Cf.: Samsó, Julio. Las ciencias de los antiguos en al‐Andalus. Madrid: Mapfre, 1992, pp. 80-110.

xv Khuwārizmī, Muḥammad ibn Mūsá (813-846). Les tables astronomiques d’al-Khwārizmi. Traduction commentée de la version latine éditée par H. Suter, complétée par Corpus Christi College MS 283, par O. Neugebauer. København : I kommission hos Munksgaard, 1962. https://www.royalacademy.dk/Publications/Low/736_Neugebauer,%20O.pdf

xvi Fierro, Maribel. “Bātinism in al‐Andalus.“ Maslama b. Qāsim al‐Qurṭubī (mort en 353/964), auteur de Rutbat al‐Ḥakīm et de Ghāyat al‐Ḥakīm (Picatrix).” Studia Islamica 63, 1986, pp. 87-112.

xvii Gil-Benumeya, Daniel. “La mémoire oubliée du Madrid musulman, “Orient XXI du 3 septembre 2021. https://orientxxi.info/magazine/la-memoire-oubliee-du-madrid-musulman,5003

xviii Ibid.

xix Convivencia (en espagnol, de convivir, “vivre ensemble”, “convivence”) est un concept qui a été utilisé par les historiens de l’Espagne au XXe siècle, mais qui a été très discuté car jugé anachronique, puis abandonné par la plupart d’entre eux au XXe siècle. Il fait référence à une période de l’histoire médiévale de la péninsule ibérique (et en particulier d’al-Andalus) au cours de laquelle musulmans, juifs et chrétiens coexistaient dans un état de paix confessionnelle relative et de tolérance religieuse, et où les échanges culturels étaient nombreux.

Ce concept a été proposé pour la première fois par Américo Castro pour décrire les relations entre chrétiens, juifs et musulmans dans la péninsule pendant la période historique hispanique, qui va de la conquête omeyyade de l’Hispanie en 711 jusqu’à l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492 après la fin de la Reconquista. Castro présente cette période comme un “pluralisme stabilisé” dans lequel les échanges et les dialogues auraient enrichi des groupes d’obédience différente, ayant des relations essentiellement pacifiques, et affirme que c’est cette conjonction qui favorise le développement culturel de la péninsule.

Cf. Connie Scarborough, ” Revisiting Convivencia in Medieval and Early Modern Iberia “, Juan de la Cuesta, coll. ” Monographies hispaniques / Estudios de literatura medieval ” (no 11), 2014.

xx Chtatou, Mohamed. “Al-Andalus: Multiculturalism, Tolerance and Convivencia, “FUNCI dated May 11, 2021. https://funci.org/al-andalus-multiculturalism-tolerance-and-convivencia/?lang=en

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La péninsule ibérique au Moyen Âge d’après le Kitāb ar-Rawḍ al-mi`ṭār, trad. É. Lévi-Provençal, Leiden, Brill, 1938 ; Kitāb al-Rawḍ miṭ`ār, Iḥsān `Abbās (éd.), Beyrouth, Dār al-Ğīl, 1988.

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Kitāb al-takmila li-Kitāb al-ṣila, F. Codera (éd.), Madrid, Josephum de Rojas, 1887-1889; M. Alarcón et A. González-Palencia (éd.), Miscelánea de Estudios y Textos Árabes, Madrid, 1915, p. 147-690; A. Bel et M. Ben Cheneb (éd.), Alger, Imprimerie Orientale, 1920; `A. al-S. al-Harrā s (éd.), Casablanca, Dār al-ma`rifa, s.d., 4 vol.

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Yāqūt al-Rumī
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