Oui, les Belges l’ont fait ! Passée comme une lettre à la poste, la proposition de loi anti-voile intégral a été en effet plébiscitée par la Chambre des Représentants de la Belgique, jeudi dernier.
Si elle ne portait atteinte à un droit individuel fondamental, punissant comme en France une pratique ultra minoritaire, la faculté des députés fédéraux de faire abstraction de la crise cataclysmique qui frappe leur pays, le temps du vote d’une loi pour le moins secondaire, forcerait l’admiration !
Foudroyés par un conflit communautaire entre Francophones et Flamands, à moins de deux mois de prendre les rênes de la présidence de l’Union Européenne, nos voisins belges n’ont pas résisté longtemps à la bourrasque idéologique qui balaye le Vieux Continent, de part en part, contre le voile de la peur.
A l’unisson de la France, le voile intégral deviendra l’ennemi public n°1 sur un territoire actuellement à la dérive, dont la seule mansuétude se situe sur le montant de l’amende et le temps carcéral : 15 à 25 euros, complétée d’une peine de prison d’un à sept jours. Il n’y a pas à dire la France voit plus grand !
Les réactions indignées n’ont pas manqué de pleuvoir, à l’instar de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) qui a martelé son opposition à une interdiction violant les droits de celles qui ont choisi ce mode vestimentaire, tout en déplorant un scénario catastrophe où “tout le monde sera perdant“.
Une vive inquiétude relayée par Isabelle Praile, la vice-présidente de l’exécutif des musulmans de Belgique, qui a déclaré : “Cette loi est liberticide et porte atteinte aux droits fondamentaux de la constitution“, renchérissant : “si cette loi passe, certaines femmes vont quitter le pays, d’autres vont se résigner à appliquer la loi et se sentiront brimées dans leur for intérieur tandis que les femmes dominées par leur mari vont se cacher“.
Pour Caroline Sägesser, membre du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité à l’ULB, cet arbitrage politique est la marque “d’un vote opportuniste“, qui surfe sur une thématique lancinante de l’extrême-droite.
Si l’officialisation de ce vote préliminaire revient au Sénat, la vice-présidente des musulmans de Belgique n’entrevoit cependant aucun recours en cas de promulgation de la loi, tant le nombre de femmes belges ciblées est infinitésimal.
Quel étonnant empressement de la Belgique, qui a légiféré au beau milieu d’un terrible chaos politique, décrochant la consternante palme européenne de la rapidité, en coiffant au poteau la « dream team » française – Sarkozy, Copé, Hortefeux, Besson et les autres… – pourtant en croisade acharnée depuis près d’un an !
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