Cet article s’inscrit dans une série de 7 sous parties, constituant un dossier sur le soufisme au XXIème siècle, par Shaykh Hamdi ben Aissa.
Pour accéder aux précédentes parties : https://oumma.com/auteur/shaykh-hamdi-ben-aissa/
Il ne faut surtout pas confondre l’exigence du développement personnel dont il est ici question avec ce que nous venons de dénoncer. Le soufisme compris exclusivement comme quête initiatique, ce soufisme dont la quête initiatique est celle d’une possession, subtile certes mais d’une possession tout de même, est un soufisme qui ne cherche pas à mettre au travail, à nourrir un développement.
Le cheminement spirituel et la connexion à notre dimension intérieure ne peuvent être atteints que si l’on commence par développer un cœur sain, donc un système émotionnel sain. Le cœur en sa vie spirituelle même a besoin d’être investi dans un engagement émotionnel qui le met à l’exercice, le grandit et le nourrit.
Sans cheminement bien mené vers l’épanouissement émotionnel, on ne peut espérer vivre un cheminement spirituel vrai.
Il ne s’agit pas pour nous de chercher à réduire le chemin spirituel à la quête d’un épanouissement émotionnel. En réalité, cette façon-là de vouloir opposer le plan spirituel et le plan émotionnel (sous prétexte d’éviter leur confusion) est caractéristique du soufisme initiatique.
Le mépris ou l’incompréhension pour l’émotionnel est bien souvent l’envers d’une vie émotionnelle non travaillée, exacerbée, non spiritualisée alors qu’il s’agit plutôt de rendre la vie émotionnelle à sa nature profonde, qui est la vie même de l’esprit se développant en nous. Il n’y a pas de vie spirituelle sans une vie émotionnelle qui à la fois nourrit l’esprit et est nourrie par lui.
Pour laisser la vie spirituelle se déployer, il faut au préalable cultiver des savoirs : savoir-aimer, savoir-donner, savoir-pardonner, savoir-sourire, savoir-être, savoir-naître, savoir-renaître…
Nous l’avons vu, le tassawuf a été introduit dans le monde occidental à travers essentiellement le point de vue de l’initiation ésotérique ou comme “initiation à l’ésotérisme”. Ceci est un malentendu et quelque chose de très limitant en comparaison à la définition que nous lui donnons. Le soufisme, selon nous, c’est l’art du développement du cœur, c’est l’art de se préparer à recevoir la lumière du Divin.
L’obsession de l’initiation a fini par véhiculer la représentation du tassawuf comme étant une chose qui serait étrangère et extérieure à l’être humain, comme une pratique occulte, secrète, voire cachée, semblable à de la magie ou de l’occultisme, alors qu’en réalité, le cheminement spirituel doit être pour nous, d’abord et avant tout, un cheminement émotionnel. Car il s’agit d’une transaction nécessaire dans laquelle se trouve la part de l’Homme et la part de Dieu : l’illumination et l’inspiration sont la part de Dieu alors que le cheminement est la part de l’Homme. Et dans ce cheminement, le travail à effectuer consiste à développer ses émotions en vue d’atteindre une certaine maturité émotionnelle.
Comprenons bien que travailler ses émotions, ce n’est pas ici chercher à les supprimer ou à les étouffer au nom d’une lutte contre ce que ce certain soufisme initiatique va trop vite qualifiée de sentimentalisme. Bien au contraire, la maturité émotionnelle est précisément ce qui permet à l’individu de ne pas sombrer dans le sentimentalisme, ou autrement dit, le sentimentalisme est la conséquence de l’immaturité émotionnelle de celui qui n’a pas cheminé.
Voilà un autre malentendu qui s’est répandu en Europe et en Occident, non sans de très profondes conséquences.
Si on veut faire preuve d’honnêteté intellectuelle, il faut admettre avec force combien la modernité a, dans la suite entre autres de Descartes, abaissé et dénigré la valeur de l’émotionnel, élevé contre cet émotionnel le pouvoir de la raison et confondu celui-ci avec l’esprit lui-même. Or, dans la terminologie traditionnelle, l’esprit et la raison sont deux choses bien distinctes. L’esprit, c’est le cœur du cœur, le noyau du cœur. C’est cette semence que Dieu a placé au fond de nous, d’où vient d’ailleurs le mot “spiritualité”.
La raison, quant à elle, est un élément, un serviteur qui doit être mis au service de cet esprit.
En dénigrant l’émotionnel et en lui opposant une raison assimilée à l’esprit, la civilisation moderne n’a fait qu’accroître, par réaction, ce que la vie émotionnelle peut avoir d’obscur. En ne reconnaissant pas la lumière au cœur des émotions, la civilisation moderne n’a fait qu’obscurcir nos émotions.
Certes, la raison humaine peut rire des imperfections et des mesquineries d’un système émotionnel immature, mais il faut comprendre qu’un certain culte de la rationalité est complice de cette immaturité. Au lieu d’opposer émotion et raison, il s’agit, en faisant droit à l’esprit qui n’est pas réductible à la raison, de mettre la raison au service du développement émotionnel.
Le rationnel est là pour nous aider à développer notre émotionnel et pour nous aider à distinguer les émotions saines des émotions malsaines, les émotions pures des émotions impures, les émotions matures des émotions immatures. Il nous permet aussi de faire la différence entre la sensibilité qui est une composante noble de l’humain et ce que nous pourrions définir comme la susceptibilité.
La susceptibilité, c’est cette sensibilité exacerbée, sans retenue, non habitée. C’est elle que la raison des modernes prétend combattre, éclairer. L’erreur, c’est de croire que la sensibilité humaine n’est que cela, n’est que cette susceptibilité qui doit être contrôlée, domestiquée par la raison.
Certes, sans travail, c’est-à-dire sans développement émotionnel, la sensibilité humaine peut se perdre. Il y a un penchant naturel et humain qui conduit la sensibilité non travaillée à devenir susceptibilité aveugle, pure réactivité. C’est alors que l’on est conduit à faire de la raison ce qui seul peut illuminer les ténèbres de la sensibilité.
On occulte complètement alors cette vérité fondamentale qu’il n’y a de lumière véritable que dans le cœur, et que ce cœur, ouvert à l’esprit, demande à vivre une vie émotionnelle. C’est la susceptibilité qui est aveugle, non la sensibilité. Mais il n’y a de sensibilité humaine que dans le travail de cette sensibilité, que dans son développement au sens fort du terme.
A force de négliger, rabaisser et marginaliser le monde émotionnel, le paradigme moderne a maintenu l’individu soit dans une immaturité soit dans une indifférence voire une frigidité émotionnelle. C’est ainsi que tout le champ lexical de l’émotion est devenu péjoratif.
On dira par exemple d’une personne immature qu’elle est “très émotionnelle”, “sentimentale” ou “émotive”. Alors que ce n’est que de l’immaturité dont il est question, pas de l’émotion noble et mature qui élève l’homme.
En réalité, le système émotionnel de l’être humain doit être placé au-dessus du système rationnel et intellectuel. Certes, un émotionnel immature a besoin de l’aide de la raison, mais la raison est là pour le servir, pas pour régner. Telle une tutrice, la raison est là pour prendre cet émotionnel immature par la main comme on le ferait avec un enfant et pour l’accompagner jusqu’à ce qu’il puisse se développer et prendre sa place de vecteur.
Ce que le cheminant doit rechercher, c’est un alignement de toutes ses composantes intérieures derrière son esprit. Il faut cesser de penser selon le paradigme binaire de l’émotion et de la raison.
Si l’humain est humain, c’est comme esprit, c’est comme cet esprit au plus profond de toutes ses dimensions intérieures. La raison et ses représentations comme le coeur et ses émotions doivent au fil du temps céder à l’esprit les pleins pouvoir, se laisser guider par lui, s’aligner avec l’esprit mohammadien. Une fois que la raison a cédé la place à l’émotionnel qui, en partie avec l’aide de la raison, est à son tour devenu mature, la porte vers le spirituel devient accessible.
Lorsque l’on devient des êtres humains qui savent aimer, pardonner, donner, qui savent sourire, vivre avec les autres, partager la tristesse et la joie, nous devenons ce qu’on appelle “Insan Kamil” : Homme accompli.
Et là, il devient possible de recevoir puis de refléter la lumière.
Par Shaykh Hamdi ben Aissa qui remercie l’ensemble de ses étudiants qui travaillent à la retranscription de ses enseignements. Parmi eux, Thalia Archaoui et Félix Sayd pour leur travail de retranscription et de rédaction, ainsi que Siham Lamti, Raphaël Gély et Mahdi Gabriel Rouani pour leur travail de relecture.
Retrouvez l’ensemble des enseignements de Shaykh Hamdi ben Aissa en français sur sa page facebook : https://fr-fr.facebook.com/shaykhhamdifr/
Voilà un texte qui nous réconcilie avec nos émotions.
Souvent en lutte contre celles-ci, ou parfois menée par le bout du nez, il m’a toujours été très difficile de trouver un équilibre et de les comprendre véritablement…
il est interessant de savoir quel est leur utilité et surtout comment bien les vivre.
je repars avec une perception bien changée.
Merci !
Vous n’avez pas répondu à mes questions, mais j’apprécie énormément le temps et l’effort et que Dieu vous récompense. Je suis désolé si vous avez pu voir dans notre échange un esprit de querelles et de débat. Cela n’est pas mon intention et que Dieu m’en éloigne. J’ai simplement voulu éclaircir votre théorie, chose à laquelle je n’ai pas eu droit.
Quant à moi, je vous soupçonne d’aucune mauvaise intention, l’intention étant le terrain de Dieu que je n’oserais jamais prétendre connaître ou juger. Je préfère croire que vous n’avez que de bonnes intentions.
J’ai visionné la conférence “Les dimensions du soufisme” et cela ne m’a pas amené plus d’éclaircissements et cela pourrait peut-être s’expliquer par le fait que l’article a possiblement été tiré de la conférence.
D’ailleurs, à aucun moment dans votre texte ou dans la conférence se trouve la mention d’une sous-culture. Il est très clair que vous faîtes référence à ceux qui ont introduit le tassawuf en Occident et pas à une sorte de malentendu qui serait venu après. Je trouve ça dommage que vous n’avez pas assumez votre position. Après tout le monde peut faire des erreurs, mais on s’attend à ceux que des personnes qui parlent d’intelligence émotionnelle puisse au moins en faire preuve en admettant leur erreur et se corriger plutôt que de nier.
Je vous remercie pour votre invitation pour se retrouver et échanger mais j’espère que vous comprendrez que cela ne peut pas vraiment m’intéresser si je n’ai pas d’abord senti une intelligence rationnelle et émotionnelle dans notre échange. J’espère que vous comprenez ma position.
Que Dieu vous illumine continuellement
Merci Shaykh Hamdi Ben Aissa et Oumma pour cette série riche d’enseignement !
A titre personnel, elle me permet de me remettre en question sur “mes définitions toutes faites”.
Cet article sur l’émotionnel en particulier met de l’ordre dans tous ces mots “sensible, susceptible, émotion, fragile, sentimental” que j’ai tendance à confondre, à ne pas comprendre et donc à ignorer. Je trouve que ça boucle parfaitement avec les classiques dont il est question dans les commentaires en mettant en lumière le sens profond et concret du cheminement spirituel dont je parle beaucoup en théorie mais que je vis trop peu. Lecture très bénéfique à mon sens, je conseille !
Notre Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a bien dit au compagnon ‘Omar qu’il ne serait vraiment croyant que le jour où il l’aimerait plus que ses enfants, sa famille et même plus que lui-même ! Il est évident donc que la porte qui mène à Dieu est la porte de l’amour prophétique, et l’amour est une émotion qui naît, vit et se développe dans le coeur, siège de nos émotions humaines… Ce ne sont ni nos pseudo-connaissances ni nos prétentions qui nous feront cheminer, c’est sûr !
Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme.
Et l’esprit impur sortit de cet homme, en l’agitant avec violence, et en poussant un grand cri.
Tous furent saisis de stupéfaction, de sorte qu’il se demandaient les uns aux autres: Qu’est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine! Il commande avec autorité même aux esprits impurs, et ils lui obéissent!
Salve Regina
Je crains que cela n’ait pas marché sur vous. Régina sort de ce corps !
Salam aleykoum
J’ai essayé de comprendre votre texte, mais il semble donner plus de questions que de réponses. Pouvez-vous éclaircir s.v.p. ?
Tout d’abord, vous parlez péjorativement d’un soufisme que vous qualifiés d’iniatique. Qu’est-ce que vous voulez entendre par initiation ? Et est-ce que vous rejetez cette notion ? Et qu’en est-il des notions de “Silsilah” et “Sanad” qu’on utilise généralement pour faire référence à des chaînes de transmisison spirituelle ? Le nom de votre organisation ne s’appelle-t-elle pas “Sanad Collective” ?
Aussi, qu’est-ce que vous entendez par coeur ? Quand vous parlez de coeur, vous semblez parler d’un “système émotionel”. Donc pour vous le coeur, ce sont les émotions, n’est-ce pas ? Je demande, car il me semble que traditionnellement, le coeur est compris comme un élément spirituel et non émotionnel.
La raison est supérieur aux émotions puisque c’est elle qui dirige les émotions (selon votre texte). Et la raison elle est dirigée par quoi ? L’esprit ? Mais le développement de l’esprit dépend du développement émotionnel, qui lui dépend de la raison. Donc dans votre “système”, qu’est-ce qui dépend de quoi ? Qu’est-ce qui est supérieur à quoi ?
La raison est supérieure à l’émotion puisque le développent émotionelle dépend de la raison (selon votre texte). Mais vous dites aussi que le développement spirituel dépend du développement émotionnel, ce qui fait de l’émotion un élément supérieur au spirituel puisque le spirituel y est subordonné.
Comment un élément inférieur peut-il influencer un élément supérieur ?
Si l’émotionnel n’est pas inférieur au spirituel, quel est leur rapport exactement ? Égalité ? Supériorité ?
Je vous cite:
“Il ne s’agit pas pour nous de chercher à réduire le chemin spirituel à la quête d’un épanouissement émotionnel. En réalité, cette façon-là de vouloir opposer le plan spirituel et le plan émotionnel (sous prétexte d’éviter leur confusion) est caractéristique du soufisme initiatique.”
De quel soufisme initiatique parlez-vous ? Pourquoi ne pas mentionner de qui il s’agit puisqu’il s’agit simplement de discuter des idées? Qui prétend opposer le plan spirituel et émotionnel ? De ce que j’ai troujours compris du soufisme traditionnel, il n’oppose pas, mais hiérarchise et place chaque élément à la place qu’il lui convient.
Je vous cite:
“Nous l’avons vu, le tassawuf a été introduit dans le monde occidental à travers essentiellement le point de vue de l’initiation ésotérique ou comme “initiation à l’ésotérisme”. Ceci est un malentendu et quelque chose de très limitant en comparaison à la définition que nous lui donnons. Le soufisme, selon nous, c’est l’art du développement du cœur, c’est l’art de se préparer à recevoir la lumière du Divin.”
Donc il y a un malentendu avec ceux qui ont introduit le tassawuf en Occident ? Qui sont-ils ? À qui vous attribuez un malentendu exactement ? Et quel est ce malentendu exactement ? Vous rejetez l’ésotérisme islamique ? Qu’il faut y être initié par quelqu’un d’initié (remontant jusqu’au Prophète) ? Pouvez-vous nous préciser la nature de ce malentendu s.v.p. ? En général, vous ne semblez pas beaucoup accorder de l’importance à définir les termes avant de les rejeter ou les accepter, mais cela serait grandement utile pour vos lecteurs.
Je vous cite:
Comprenons bien que travailler ses émotions, ce n’est pas ici chercher à les supprimer ou à les étouffer au nom d’une lutte contre ce que ce certain soufisme initiatique va trop vite qualifiée de sentimentalisme. ”
De quel soufisme initiatique parlez-vous exactement ? On a du mal à vous cerner.
La “lutte” contre le sentimentalisme ne vise pas la suppression de la sentimentalité, mais vise seulement à ne pas lui donner une place illégitime et anormale.
Vous dites aussi que dans la civilisaition moderne, on dénigre l’émotionnel. Mais Au contraire, la civilisation moderne a fait de l’émotion un véritable culte. La libre expression des émotions domine dans tous les domaines de la vie moderne. La civilisation moderne est complètement dans le règne de l’émotionnel.
Je vous cite:
“Lorsque l’on devient des êtres humains qui savent aimer, pardonner, donner, qui savent sourire, vivre avec les autres, partager la tristesse et la joie, nous devenons ce qu’on appelle “Insan Kamil” : Homme accompli.”
Définition très originale de “Insan Kamil”. Je ne l’ai jamais lu comme ça. Où est Dieu dans votre définition ? Si j’apprends à aimer, pardonner, donner, sourire, vivre avec les autres, partager la tristesse et la joie…je deviens “Insan Kamil”. Un athé qui pratique ces choses-là (car il y en a indéniablement) devient “Insan Kamil” ? Merci de nous éclairer.
Je pose toutes ces questions, car ce sont là des choses véritablement nouvelles pour moi que je n’ai jamais entendu et/ou lu de la part des maîtres spirituels soufis. D’ailleurs, pouvez-vous nous dire quelle est la source de vos enseignements ?
En général, j’ai trouvé le texte incompréhensible et je me demande si vos élèves l’ont véritablement compris et s’ils seraient capable de le défendre. Je pense que vous gagneriez bien à faire vérifier vos textes par quelqu’un d’autre que vos élèves pour qu’ils soit “critiqués” avant d’être publiés, parce que là ça va loin quand même. J’ai juste voulu souligner l’essentiel dans mon texte.
Bonne continuation et que Dieu soit avec vous.
@Omar… bonjour, salam.
Tout à fait d’accord avec vous ; j’ai essayé de suivre la démarche, le fil rouge de la pensée ou la vision de shaykh Hamdi Benaissa, en vain ; ça tourne en rond sans vraiment donner une quelconque indication, une seule précision palpable, tangible ; que des généralités connues, des lieux communs qui n’apportent rien… si pas de la confusion.
Par contre les recherches de certains psychiatres et/ou neurologues (voire généticiens) donnent bien plus d’indications et de précisions sur le fonctionnement de l’esprit et du rôle des émotions et des sentiments ; mais c’est un autre niveau : assise théorique confirmée par l’expérience en milieu clinique, pendant des décennies de suivi, questions et réponses, le tout vérifiable par quiconque le désire.
Belle journée.
Salam Omar
Il ne développe pas, il faut donc rester à la superficie. L’auteur développe l’intelligence du coeur qui bien évidemment ne se résume pas aux émotions. Si vous limitez l’analyse à ce qui en est dit sans chercher à approfondir plus que ça, vous comprendrez que l’auteur parle en quelque sorte de l’aura (bienfaisante, aimante, etc, mais également forte, perspicace, intelligente car la personne s’est abondonnée à Allah swt). Quand vous atteignez une certaine capacité spirituelle, vous cheminez avec le coeur en vous guidant avec la raison.
En rien cheminer avec le coeur, en islam, signifie mettre sa raison de côté (comme le christianisme le prétend). Ce qu’il veut dire est que La Foi et La Raison guident et discernent en quelque sorte.
C’est comme quand vous conduisez une voiture, vous êtes dedans et conduisez (La Raison), mais celle qui vous transporte est la voiture (La Foi). C’est comme cela que vous pouvez cheminer dans le sentier d’Allah swt.
Voir tout cela comme un système aide mieux à comprendre car une communication entre La Foi et La Raison n’est pas évidente à cerner pour le premier venu.
@Kalim… salam, bonjour.
C’est plus clair… si on vous croit ! Rien de tout cela n’est vérifiable sinon par l’expérience personnelle, le vécu en soi, à l’intérieur de soi comme si le fameux ”je pense donc je suis” se changeait en ”je crois donc je suis” ou ”je sens en mon cœur que je suis”…
Deux citations me viennent à l’esprit ;
1- ««C’est de l’autosuggestion ? Qui prétend le contraire ? Les idées que nous créons sont des ÊTRES VIVANTS. Créez Dieu en vous-même»»
Extrait de : https://fr.calameo.com/books/002607472000bbcdb5df7
À la page 33 de ce livre intitulé ”Les sentiers d’Allah” de Abdelkrim Jossot, peintre converti à l’islam et cheminant sur une voie soufie en discussion avec son maître.
2- du cheikh Khaled Bentounès, continuateur actuel du cheikh Al-Alawi ;
««Toute chose venant de l’ego ne peut que nous égarer,c’est encore une prétention de penser que Dieu se gagne comme nous gagnons notre pain,à force de prière,d’études ou de générosité.Dieu ne se gagne pas,Il se découvre dans l’état d’humilité,la simplicité et le lâcher-prise.nous ne pouvons L’atteindre en imitant la dévotion d’autrui et en singeant leurs exercices d’ascèse.C’est Lui qui nous insuffle le désir,le moyen d’aller vers Lui.»»
Ces 2 citations disent bien que -à la différence de ce qui se joue en soi et qui est pensé -, ici ce qui se joue en soi est ressenti… donc sentiments qui sont des émotions dont on a conscience.
Salam Tahar,
Chacun son vécu. Certains comprendront d’autres pas et chacun fait son chemin jusqu’à l’inéluctable.
Je ne sais quoi en penser de vos citations car je n’ai pas lu les oeuvres. Si je les prends comme sujet, deux remarques me viennent à l’esprit :
1 – Vous avez bien compris que c’est le lâché prise, s’abondonner à Allah swt c’est-à-dire l’Inconnaissable, l’Approchable. Il ne s’agit donc pas d’en avoir une idée et encore moins une image.
2 – Il faut savoir que la pratique est naturellement appréciée dans une spiritualité accomplie car elle devient nourriture, on s’en nourrit, on se purifie grâce à elle. Je n’entrerais donc pas dans cette critique stérile.
La vérité nous apparaît à tous. Nous avons tous le droit à Ses Signes. Mais tout le monde ne les accepte pas. Ainsi va le monde et nul regret car si vous ne le faites pas dans cette vie, vous ne l’aurez jamais fait dans tous les cas. Et Le Dieu est Le Très Misericordieux, Le Tout Miséricordieux. Et Le Plus Humble est Allah swt.
Si votre Créateur vous a donné le libre arbitre, un coeur et une raison, c’est que ce sont les meilleurs moyens de s’en rapprocher. Il suffit de raisonner avec droiture et d’apprécier avec un coeur virtueux. Nous en sommes tous capables et c’est un chemin où la patience est reine. Comme dans toute science. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme et qui oserait dire qu’une science s’acquiert sans pratique.
@Kalim, salam, bonjour. Merci d’avoir pris le temps de commenter.
Nous sommes d’accord ; chacun son vécu et son cheminement qui l’aura mené ou le mènera quelque part.
Quant à mes 2 citations à propos desquelles vous ne savez quoi penser, je les ai mentionnées comme contre-exemples ou autres exemples de ce que un cheikh peut avancer… en rapport avec un autre cheikh, Hamdi Benaissa, l’auteur de l’article à l’origine du présent échange.
Cela dans l’esprit d’apporter quelque éclaircissement à Omar qui a le premier commenté ledit auteur ; éclaircissement qui montre la diversité des enseignements spirituels pouvant sembler contradictoires et donc appelant à suivre celui-ci ou celui-là selon sa propre sensibilité
Ce qui est bien plus utile et efficient que de chercher absolument à donner du sens à ce qui nous semble à priori incompréhensible.
Belle journée.
Assalam alaykoum wa rahmatoullah,
Bismillah, suite à vos nombreuses questions, je souhaitais commencer par vous remercier pour le soucis dont vous avez fait preuve et votre souhait d’éclaircir ce qui vous semble devoir l’être. L’idée derrière une telle publication, à laquelle vous n’avez pour l’instant – rappelons le – qu’accès qu’aux 3 premières parties, était justement de pouvoir créer une plateforme d’échange publique pour échanger sur des notions que nous considérons comme essentielles et avec l’intention de pouvoir se corriger mutuellement afin de pouvoir avancer sur ce chemin de Vérité et permettre au monde du tassawuf et à l’Islam en général de parvenir enfin à jouer le rôle qui lui revient, de diffuser cette spiritualité à l’humanité toute entière et de rappeler à chacun que son Seigneur est proche et qu’Il l’attend.
J’ai donc listé l’ensemble de vos questions que j’ai numéro avant d’y répondre, je vais intégrer une question/réponse par commentaire :
QUESTION 1)
Tout d’abord, vous parlez péjorativement d’un soufisme que vous qualifiés d’iniatique. Qu’est-ce que vous voulez entendre par initiation ? Et est-ce que vous rejetez cette notion ? Et qu’en est-il des notions de “Silsilah” et “Sanad” qu’on utilise généralement pour faire référence à des chaînes de transmisison spirituelle ? Le nom de votre organisation ne s’appelle-t-elle pas “Sanad Collective” ?
RÉPONSE 1)
Pour avoir participé à la rédaction de l’article, j’aimerais rappeler que celui-ci a été écrit comme un ensemble de 28 pages qui est ici découpé en plusieurs parties. L’article a donc sa cohérence internet : c’est l’ensemble des parties qui rend son propos complet, et non pas les parties prises isolément. Je vous invite à lire la publication dans sa globalité et à vérifier si certaines des réponses à vos questions n’y sont pas déjà contenue.
Ainsi, concernant votre première question sur la notion de Sanad et de Silsilah, vous trouverez en fin d’article ce passage qui reprend la notion d’initiation (que le Shaykh ne renie pas, mais préfère appeler « semence », désignant par-là la connaissance et l’amour que le Shaykh a lui-même reçu de son maître, et qu’il plante dans la terre (du cœur) du disciple lorsque ce dernier est prêt) :
« Le Shaykh doit engager son disciple d’abord dans une relation sacrée d’Amour authentique, et c’est seulement lorsqu’il reconnaît l’assoiffé et l’amoureux en lui (pour Dieu et Son Prophète) que la transmission spirituelle peut avoir lieu. Le Shaykh commence donc par enseigner et cultiver des caractères chez son élève, puis il va l’observer : fait-il preuve de volonté, de sérieux, de respect voire de vénération pour ce qui lui est donné ? Est-il un vrai assoiffé, un vrai amoureux ?
Car le disciple ne pourra recevoir la semence du Shaykh que lorsqu’il l’aimera plus que lui-même, de la même manière que le Shaykh n’a pu recevoir quoi que ce soit que lorsqu’il a aimé son Shaykh plus que lui-même qui à son tour à son tour n’a pu recevoir que lorsqu’il a aimé son Shaykh plus que lui-même… Et nous pouvons ainsi de suite remonter cette chaîne d’amour jusqu’à l’Imam ‘Ali (que Dieu nous connecte à son héritage béni) qui n’a lui-même rien reçu jusqu’à ce qu’il ait aimé le Prophète Mohammed plus que lui-même. C’est à travers ce lien d’amour que tout se passe.”
En visionnant la conférence disponible sur Youtbe « Les dimensions du soufisme) » et en lisant l’article dans son ensemble, vous verrez assez facilement qu’à aucun moment il n’est remis en question les notions de transmission spirituelle ou d’ « initiation ».
Je cite ainsi ce passage, par exemple :
« Pour revenir sur la notion d’initiation ésotérique, nous ne nions bien entendu pas la réalité du secret métaphysique qui se plante, ce secret qui est semé par la main du Shaykh dans un moment de rencontre entre l’Esprit en lui et en son disciple.
Nous voulons alerter les consciences sur la culture moderne qui accompagne désormais en arrière-plan ce terme. Nous préférons parler ici de la semence spirituelle, ou encore du regard du Shaykh (nadhra). Cela se produit lorsque la relation d’amour entre l’élève et le maître atteint un niveau important et que le coeur de l’élève est prêt à recevoir. »
Ce qui est remis en question, c’est plutôt la sous-culture moderne et occidentale qui entourent ces notions, ayant fini par les codifier d’une manière à les rendre inaccessibles à de nombreuses personnes, et de manière à « isoler » la dimension spirituelle du tassawuf, du reste de la vie religieuse et sociale, ce qui était peut-être pertinent dans l’œuvre de René Guénon et dans le contexte occidental du XXe siècle, mais qui n’a pas sa place de la même manière dans l’Islam tel qu’il a toujours été vécu. Les tourouqs ont toujours participé au rayonnement de la vie humaine, diffusant leur baraka au-delà du seul cadre « initiatique » et favorisant toute une vie culturelle et un soucis pour l’humanité que le soufisme confrérique “initiatique” actuel perd de plus en plus de vue.
Merci pour votre réponse et que la paix continue à s’établir sur vous,
“j’aimerais rappeler que celui-ci a été écrit comme un ensemble de 28 pages qui est ici découpé en plusieurs parties.”
Vous ne rappelez pas puisque il est nul part écrit cette information dans votre texte ci-haut, mais je vais maintenant prendre en compte les éclaircissements que vous essayez d’apporter.
Donc vous n’êtes pas contre la notion d’initiation, mais contre” la sous-culture moderne et occidentale qui entourent ces notions”…
Cela devient un abus de langage alors lorsque vous parlez contre le soufisme initiatique, parce que vous ne dites pas que vous y opposer essentiellement. Vous constatez une déformation d’un sens et vous vous y soumettez plutôt que de rétablir le sens.
C’est comme si on s’opposerait à l’appellation “Islam” à cause de la sous-culture et la déformation qu’on peut retrouver ici et là.
Et cette sous-culture se trouve où exactement ? Pour mieux comprendre à quoi vous faites allusion. Avez-vous des personnes qui la représentent ? Des livres?
“…ayant fini par les codifier d’une manière à les rendre inaccessibles à de nombreuses personnes, et de manière à « isoler » la dimension spirituelle du tassawuf, du reste de la vie religieuse et sociale, ce qui était peut-être pertinent dans l’œuvre de René Guénon et dans le contexte occidental du XXe siècle”
Sur l’affirmation que Guénon aurait “codifier d’une manière à les rendre inaccessibles à de nombreuses personnes”: C’est pas lui qui a justement rendu accessible ces réalités en écrivant des livres pour le public, qui a démystifier tant de choses, remis chaque chose à sa place et dont l’oeuvre a influencée tant d’autres personnes qui ont rendu le soufisme et toutes ces dimensions encore plus accessibles. C’est, à mon sens, une remarque bien étrange.
Sur l’affirmation que Guénon aurait ” « isoler » la dimension spirituelle du tassawuf, du reste de la vie religieuse et sociale”, je vous mets des citations tirées de son oeuvre:
“De toutes les doctrines traditionnelles, la doctrine islamique est peut-être celle où est marquée le plus nettement la distinction de deux parties complémentaires l’une de l’autre, que l’on peut désigner comme l’exotérisme et l’ésotérisme. Ce sont, suivant la terminologie arabe, es-shariyah, c’est-à-dire littéralement la « grande route », commune à tous, et el-haqîqah, c’est-à-dire la « vérité » intérieure…”
“La shariyah comprend tout ce que le langage occidental désignerait comme proprement « religieux », et notamment tout le côté social et législatif qui, dans l’Islam, s’intègre essentiellement à la religion ; on pourrait dire qu’elle est avant tout règle d’action, tandis que la haqîqah est connaissance pure ; mais il doit être bien entendu que c’est cette connaissance qui donne à la shariyah même son sens supérieur et profond et sa vraie raison d’être, de sorte que, bien que tous ceux qui participent à la tradition n’en soient pas conscients, elle en est véritablement le principe, comme le centre l’est de la circonférence.”
Il n’y a pas” d’isolement”, comme vous le prétendez. Il y a distinction, complémentarité, hiérarchie et influence d’un envers l’autre. Pour résumer avec une terminologie propre à notre discussion, c’est la vérité intérieure (la dimension spirituelle) qui donne à la shariyah (la dimension religieuse, sociale et législatif) son sens supérieur, sa profondeur et sa raison d’être.
Vos remarques d’inaccessibilité et d’isolement semblent injustifiées ici.
“Les tourouqs ont toujours participé au rayonnement de la vie humaine, diffusant leur baraka au-delà du seul cadre « initiatique » et favorisant toute une vie culturelle et un soucis pour l’humanité que le soufisme confrérique “initiatique” actuel perd de plus en plus de vue.”
Avez-vous des exemples de ce soufisme confrérique initiatique actuel ?
Le fait de parler de « soufisme initiatique » n’a ni pour but de remettre en question le « soufisme », ni « l’initiation », s’il nous est permis de parler ainsi, même si chacun de ces 2 mots pourrait faire l’objet d’autres considérations mais ce n’est pas notre sujet ici.
Il ne s’agit pas de s’opposer ni au tassawuf, ni à la transmission spirituelle authentique et régulière d’un Shaykh envers son disciple. Encore une fois, cette appellation sert plutôt à désigner un environnement contextuel, que l’on peut rencontrer de nos jours, et qui a tellement mis ces notions au centre de ses lectures qu’il semble devenu « obsédé » par cette recherche, en oubliant que l’expérience humaine du cheminement spirituel est parfois plus complexe que la simplicité, la lucidité et la cohérence du chemin initiatique et de réalisation tel que décrits dans les écrits de René Guénon, par exemple.
Encore une fois, cela ne revient ni à critiquer l’apport de René Guénon lui-même, ni à remettre en question les notions de silsilah, d’initiation, des rites en questions etc. Il s’agit plutôt de mettre en lumière un phénomène qu’on peut facilement rencontrer aujourd’hui pour peu que l’on fréquente des groupes « soufis ». Nombreux sont ceux qui, sous prétexte d’avoir compris « rationnellement » l’initiation et ses étapes, cherchent uniquement un cheminement qui correspond à l’image mentale qu’ils en ont, et sans voir qu’en terre d’Islam, le tassawuf s’est souvent vécu de manière beaucoup plus globale (en intégrant les éléments humains, sociaux, horizontaux). Quand on connaît le nombre de maladies mentales, de désordres psychiques et psychologiques de notre époque, la recherche des « rites initiatiques » chez certains est plus dangereuse qu’autre chose, ou au moins très « illusoire » et c’est pour cela qu’il s’agit de mettre d’abord l’accent sur le travail émotionnel et « humain ». A notre époque, nous avons déjà besoin d’êtres humains équilibrés et de personnalités saines, et il est à parier que plus cela sera le cas, plus les êtres qualifiés pour entreprendre un cheminement spirituel véritable au sens où vous l’entendez, seront nombreux.
En ce qui concerne les exemples précis et les cas particuliers, bien évidemment ce n’est pas l’objet de notre propos et encore moins dans un lieu public, de citer des exemples qui ne seront de toute manière que des manifestations accidentes d’une réalité plus profonde que nous préférons caractériser ici. Libre à chacun de voir si oui ou non ces propos font écho à des situations qu’il connaît ou rencontre de son côté.
Il ne me semble pas avoir dit que René Guénon aurait codifié d’une manière à rendre inaccessible quoi que ce soit. Que Dieu nous préserve de critiquer ceux qu’Il a élevé. D’ailleurs il n’a jamais été question de remettre quoi que ce soit en question de l’œuvre de René Guénon lui-même, et les extraits que vous citez par après sont d’ailleurs les premiers textes que j’ai pu lire sur l’Islam, longtemps avant tout le reste. Ce serait impensable de revenir là-dessus. S’il faut le rappeler, ou le préciser à nouveau : il ne s’agit pas de l’œuvre de René Guénon mais de la compréhension « mentale » que de nombreux « disciples » ont, en général, du tassawuf, à travers notamment les écrits « pérénialistes », mais pas que. Les ouvrages d’Ibn ‘Arabi par exemple peuvent également être cités, et il est bien connu que de tels ouvrages ont souvent été déconseillés par les maîtres des tourouqs à leurs disciples, non pas parce qu’ils « critiquaient » Ibn ‘Arabi, mais plutôt parce qu’ils savaient qu’à un certain stade, les « connaissances » mentales que l’étude de ses livres provoquerait chez les disciples serait plus néfaste qu’autre chose.
Si les ouvrages de René Guénon, pour certains en tout cas, sont extrêmement clairs et ont permis au paysage français et occidental (et même au-delà) de redécouvrir dans un langage relativement accessible la métaphysique et la tradition ; l’ambiance qu’on retrouve dans certains milieux actuels en revanche a rendu le « vécu » du « tassawuf » beaucoup plus compliqué qu’il ne l’a toujours été en terre d’Islam, et il suffit de voyager au Maroc ou dans d’autres pays islamiques pour s’en apercevoir.
Pour conclure, il s’agit simplement de dire à tous ceux qui aspirent au cheminement spirituel qu’au-delà des connaissances livresques qu’ils ont pu acquérir, et face aux troubles que la modernité a provoqué en profondeur chez chacun, un travail de recentrage est nécessaire, d’où l’importance de l’intelligence émotionnelle et une prise de conscience l’est également : celle de l’état désastreux dans lequel l’humanité vit aujourd’hui. C’est un appel aux consciences. Si les gens du tassawuf sont « l’élite » de la conscience, il faut que nous soyons à la hauteur de l’héritage que nos shouyoukhs nous ont confié, et nous avons une responsabilité, celle de trouver les moyens de diffuser cette « baraka » à tous les niveaux de la société, y compris à ceux qui ne cherchent pas une « voie initiatique ».
Sur la citation de René Guénon que vous avez partagé, comme je vous le disais, il ne s’agit pas de remettre en cause la pertinence de son découpage conceptuel ni sa nécessité dans le contexte qui était le sien, mais le fait de séparer théoriquement le domaine ésotérique du domaine exotérique est une chose ; cela ne veut pas dire que dans l’Islam, il en a été de même factuellement, dans les cités islamiques. Les zaouïas, dergahs, etc. ont souvent été ces « coins de rue » qui diffusaient l’énergie du dhikr partout autour, et les shouyoukhs ont su créer une culture qui irriguait les foyers sans que ceux-ci ne le vivent comme une dimension ésotérique.
C’est à cette dimension-là que cet article et que les enseignements de Shaykh Hamdi ben Aissa font appel. Au-delà de l’obsession pour son propre cheminement spirituel, pour son « niveau de réalisation », pour les visions et dévoilements que nous pouvons avoir en rêve ou à l’éveil, il s’agit surtout de dire que l’Islam intégral est venu, et que notre Prophète est venu, avec une solution pour tout le monde, et qu’aujourd’hui face à la situation actuelle, nous devons retrouver ce souci-là. Quant aux exemples du soufisme confrérique actuel, je n’ai pas l’intention d’en citer ou d’en nommer publiquement, préférant encore une fois mettre en lumière uniquement la tendance générale. En revanche, les exemples des shouyoukhs ayant réussi à diffuser leurs enseignements sur les différents domaines, comme Cheikh Ahmadou Bamba ou Moulay al-Hadi ben Aissa, ont été donnés. Il suffit de se reporter à ce qu’ils ont accompli pour bien comprendre le sens du propos du présent article, et peut-être également de voir les limites de ce que nous pouvons rencontrer aujourd’hui.
Par ailleurs, si vous souhaitez poursuivre cet échange, il me semble que la page actuelle du site internet s’avère mal adaptée. C’est avec plaisir que je vous invite à discuter dans un autre contexte qui peut-être nous permettra de mieux communiquer.
Que Dieu nous protège tous
Cher Félix, vous semblez parler de beaucoup de choses qui n’ont rien à voir précisément avec mes commentaires et mes questions.
Ce que vous venez de dire dans vos commentaires est différent de ce qui est écrit dans le texte et je suis content de vous avoir aider à clarifier certaines choses.
Donc vous n’êtes pas contre le soufisme initiatique mais contre une “sous-culture” qui utilise les mêmes notions que le soufisme initiatique. C’est une nuance énorme qui ne se retrouve pas dans votre texte. De la même manière qu’on ne critiquera pas l’Islam parce que certain détourne ce mot de son sens initial, vous pouvez maintenant changer de terminologie pour apporter de la clarté et non de la confusion.
Comme vous ne donnez pas des traces concrètes de cette “sous-culture” pour des raisons qui vous appartient, j’abandonne maintenant cet espoir d’avoir plus de clarté de ce côté là.
“Sur la citation de René Guénon que vous avez partagé, comme je vous le disais, il ne s’agit pas de remettre en cause la pertinence de son découpage conceptuel ni sa nécessité dans le contexte qui était le sien, mais le fait de séparer théoriquement le domaine ésotérique du domaine exotérique est une chose ; cela ne veut pas dire que dans l’Islam, il en a été de même factuellement, dans les cités islamiques. Les zaouïas, dergahs, etc. ont souvent été ces « coins de rue » qui diffusaient l’énergie du dhikr partout autour, et les shouyoukhs ont su créer une culture qui irriguait les foyers sans que ceux-ci ne le vivent comme une dimension ésotérique.”
Vous tentez de contextualiser les propos de René Guénon à ce sujet comme si ce n’était plus pertinent. Il ne fait pas simplement séparer “théoriquement”, car l’ésotérisme n’est simplement pas l’exotérisme, sans quoi ces notions n’auraient pas une appellation différente. Vous répétez encore qu’il “sépare” comme pour dire qu’il n’établit pas de relation entre les deux, mais c’est précisément ce qu’il fait en disant que l’ésotérisme (spirituel) influence l’exotérisme (social, culture, etc).
Vous avez fait une erreur. Je vous ai corrigé et ce n’est pas très grave. Mais un peu d’intelligence émotionnelle de votre part ici en reconnaissant votre erreur n’aurait pas été impertinent.
Merci d’avoir modifier le titre de l’article et d’avoir rajouter la première phrase, de manière à ce qu’on sait maintenant qu’il y a d’autres parties à l’article, même si ça ne change pas nécessairement les erreurs qui s’y trouve. On attend le reste.
Que Dieu vous protège
QUESTION 2)
Aussi, qu’est-ce que vous entendez par coeur ? Quand vous parlez de coeur, vous semblez parler d’un “système émotionel”. Donc pour vous le coeur, ce sont les émotions, n’est-ce pas ? Je demande, car il me semble que traditionnellement, le coeur est compris comme un élément spirituel et non émotionnel.
RÉPONSE 2)
Le cœur, selon les enseignements de Shaykh Hamdi ben Aissa, c’est le centre de l’être, qui est par nature bipolaire. Il se tourne ou bien vers le Royaume de l’Esprit (Rûh), ou bien vers les illusions de ce monde. Il est soumis ou bien à l’Esprit, ou bien au nafs. La dimension émotionnelle, aux premiers stades du cheminement, est la dimension principale sur laquelle agir pour purifier son cœur. On peut se rappeler les conseils de notre bien-aimé Prophète, que Dieu nous connecte à lui, pour s’en convaincre (lorsqu’il conseillait à certains de ses disciples d’aller se coucher sans aucun ressentiment pour une quelconque création, ou lorsqu’il conseillait de ne jamais rien ressentir de négatif durant la journée envers quelqu’un, ou de se protéger de la colère, de caresser la tête d’un orphelin, etc.).
La préparation émotionnelle, telle que définie par Shaykh (le travail de purification des émotions, d’ennoblissement du caractère, de raffinement intérieur) est donc la première étape de travail du cœur, qui pourra ensuite recevoir la connaissance spirituelle (la dimension principale à laquelle vous faites référence). Vous trouvez ce passage dans l’article qui reprend votre idée :
« Mais avant de pouvoir espérer arriver à cela, (la connaissance véritable et spirituelle) il faut tout d’abord préparer la terre du coeur, faire sortir l’élève de sa zone de confort et lui apprendre ce qu’est réellement l’amour ». Et une « initiation » ou une transmission spirituelle authentique « se produit lorsque la relation d’amour entre l’élève et le maître atteint un niveau important et que le coeur de l’élève est prêt à recevoir. »
Je vous conseille d’attendre la fin de l’article, et de lire ces derniers passages, qui répondront à mon avis à vos interrogations.
Je n’ai pas à attendre la fin de l’article, puisque ce texte se présente comme un article en soi et que les clarifications que vous pouvez apporter ici aideront tout qui accéderont à cette page ici.
Donner des exemples, ce n’est pas définir.
Pour vous, le cœur comprend une dimension émotionnelle et une dimension spirituelle c’est ça ?
L’ennoblissement du caractère et le “raffinement intérieure” concerne l’émotionnel et non le spirituel c’est ça ?
QUESTION 3)
La raison est supérieure aux émotions puisque c’est elle qui dirige les émotions (selon votre texte). Et la raison elle est dirigée par quoi ? L’esprit ? Mais le développement de l’esprit dépend du développement émotionnel, qui lui dépend de la raison. Donc dans votre “système”, qu’est-ce qui dépend de quoi ? Qu’est-ce qui est supérieur à quoi ?
La raison est supérieure à l’émotion puisque le développent émotionelle dépend de la raison (selon votre texte). Mais vous dites aussi que le développement spirituel dépend du développement émotionnel, ce qui fait de l’émotion un élément supérieur au spirituel puisque le spirituel y est subordonné.
Comment un élément inférieur peut-il influencer un élément supérieur ?
Si l’émotionnel n’est pas inférieur au spirituel, quel est leur rapport exactement ? Égalité ? Supériorité ?
RÉPONSE 3)
Je pense qu’il y a ici une confusion dans votre propos et que les conclusions auxquelles vous arrivez sont trop hâtives. Vous dites « la raison est supérieure aux émotions » alors que le texte affirme clairement que l’intelligence émotionnelle (soit un système émotionnel mature) est supérieure à l’intelligence rationnelle (et ceci n’est pas incompatible avec le fait qu’un système émotionnel immature a besoin de la raison pour arriver à maturité) ; et que l’intelligence spirituelle est supérieure à l’intelligence émotionnelle. Intelligence rationnelle, émotionnelle, spirituelle, cette graduation est clairement affichée, et cette fois-ci, dans le passage même de cet article…
« En réalité, le système émotionnel de l’être humain doit être placé
au-dessus du système rationnel et intellectuel. Certes, un émotionnel immature a besoin de l’aide de la raison, mais la raison est là pour le servir, pas pour régner. Telle une tutrice, la raison est là pour prendre cet émotionnel immature par la main comme on le ferait avec un enfant et pour l’accompagner jusqu’à ce qu’il puisse se développer et prendre sa place de vecteur. »
Ou encore :
« Une fois que la raison a cédé la place à l’émotionnel qui, en partie avec l’aide de la raison, est à son tour devenu mature, la porte vers le spirituel devient accessible. »
Enfin, ce n’est pas parce que la raison aide à la maturation d’un système émotionnel immature que cela veut dire que l’intelligence rationnelle est supérieure à l’intelligence émotionnelle. Dans un premier temps, elle est nécessaire pour éduquer les émotions, mais lorsqu’on ne parle plus de sensibilité, d’immaturité émotionnelle ou de sentimentalisme, mais de maturité émotionnelle ou d’intelligence émotionnelle, c’est cette dernière qui est supérieure à l’intelligence rationnelle.
On peut prendre l’exemple d’un roi qui hériterait d’un Royaume, et c’est l’exemple que Shaykh Hamdi lui-même a pris à plusieurs reprises, alors qu’il est âgé de 10 ans. Durant les premières années de sa royauté, c’est un tuteur qui jouerait ce rôle, le temps d’éduquer le roi. Lorsque ce dernier serait parvenu à maturité, il deviendrait alors roi, sans que cela ne revienne à dire que son tuteur lui soit supérieur.
Le reste de votre commentaire est une construction logique mal construite. Ce n’est pas parce que, sur le plan de l’expérience humaine, l’être humain doit commencer par travailler ses émotions, pour espérer un jour accéder à son esprit, que cela veut dire que dans l’absolu, l’émotionnel est supérieur au spirituel.
Dans l’absolu, l’intelligence spirituelle est supérieure à l’intelligence émotionnelle qui est elle-même supérieure à l’intelligence rationnelle. Autrement dit, un être réalisé spirituellement est plus avancé dans le chemin de la proximité divine, qu’un être sain et équilibré sur le plan « humain », qui est lui-même en voie d’accomplissement par rapport à un être qui aurait de grandes capacités mentales mais qui serait incapable d’intelligence relationnelle ou émotionnelle.
Je n’ai pas de conclusions hâtives, car je n’ai pas de conclusion puisque que je ne comprends pas et c’est pour cela que je vous pose des questions.
Donc, dans votre système, la gradation est celle-ci:
– Spirituel
– Émotionnel “mature”
– Raison
– Émotionnel “immature”
C’est à dire que la raison est supérieure à l’émotionnel immature et ensuite lorsque l’émotionnel devient mature, il y a renversement et la raison lui devient inférieur. Ai-je bien compris ?
Vos remarques me font croire que vous n’avez pas compris mes questions. Je vais essayer d’aller à l’essentiel.
Est-ce que le développement spirituel dépend du développement émotionnel ? Oui ou non ?
Dans votre paradigme, ce n’est pas le développement spirituel qui entraîne le développement émotionnel, mais bien le développement émotionnel qui entraîne le développement spirituel ? C’est bien ça ? J’ai bien compris ?
J’ai essayé de simplifier mes questions le plus possible pour pas qu’on se perd dans des mots.
Assalam ‘aleykoum Sidi, je pense que nous ne pouvons pas découper le cheminement spirituel de façon aussi artificielle. Dieu enlève les voiles de façon différente pour chaque individu et qu’il n’y a pas un cheminement qui ressemble tout à fait à un autre. En observant les mourids autour de moi, j’ai constaté que chez certains, la partie de travail “spirituel” précède la partie terrestre; tandis que chez d’autres personnes, c’est l’inverse, le travail émotionnel est prédominant, au moins au début de leur cheminement. Sur cela s’ajoute les différentes méthodes selon les turuq. Par exemple, dans le tariqa Shadhiliya, on donne la priorité au Himma (aspiration spirituelle); tandis que selon la méthode al-Ghazali, la priorité est donnée à la purification de l’âme.
Je pense que Shaykh Hamdi tente à corriger certaines opinons fausses selon lesquelles nous n’avons pas besoin de travailler notre condition humaine (émotionnelle et rationnelle), tandis qu’une réalisation spirituelle saine ne peut se faire qu’à partir du point central du plan humain, c’est-à-dire, un homme accompli. Cela ne veut pas dire qu’il y a un découpage net entre le développement spirituel et développement émotionnel, ils sont s’entre mêlé dans la pratique.
On ne peut pas prendre des phrases isolément pour en tirer des conclusions partielles.
Que Dieu vous bénisse.
On pourrait certes classifier la chose comme vous venez de le faire, mais cela me semblerait un peu trop artificiel. Je dirais pour ma part qu’il s’agit plutôt de dire que lorsque les trois formes d’intelligences sont parvenues à maturité, leur classification suit cet ordre : intelligence rationnelle, intelligence émotionnelle, intelligence spirituelle.
C’est d’ailleurs un constat qui me paraît assez « inné » : entre un être d’une grande intelligence rationnelle et inapte sur le plan relationnel et émotionnel, et un être d’une grande finesse émotionnelle, d’un certain raffinement dans le caractère, mais qui n’a pas des aptitudes très poussées sur le plan mental, il est facile de voir que le second est plus proche de nombre d’enseignements prophétiques. Notre Prophète, que Dieu nous connecte à lui, a souvent conseillé ses compagnons et ses élèves sur des notions de comportement, de savoir maîtriser sa colère, son envie, sa jalousie, de savoir aimer, pardonner, donner sans attendre en retour, etc. On l’a moins vu mettre l’accent sur l’importance des qualités mentales, sans que cette dernière phrase revienne à dire qu’elles n’ont pas leur importance… Lorsqu’il avait conseillé à ses disciples de suivre l’exemple d’un des compagnons, qui était comme un des gens du paradis, et que ces derniers s’étaient mis à observer ce dit compagnon, il s’était avérer que la seule chose de “remarquable” que ce compagnon faisait était d’aller “se coucher chaque soir sans aucun ressentiment contre quiconque”, et non pas de répéter tels exercices mentaux ou prouesses théoriques.
Dans le cheminement, c’est à peu près la même chose. C’est une bonne chose d’avoir compris rationnellement les différentes étapes de la Voie, mais si dans le même temps nous n’arrivons déjà pas à bien nous comporter dans notre foyer, avec nos voisins, dans notre société, cette compréhension mentale risque de ne pas pouvoir s’incarner.
Pour bien comprendre la relation entre l’intelligence émotionnelle et l’intelligence rationnelle, l’exemple du roi héritier me semble le meilleur. Lorsque celui-ci hérite du Royaume mais se trouve encore trop jeune pour régner, c’est son tuteur qui règne à sa place, et qui, en même temps, éduque le jeune roi à devenir un jour capable de régner avec justice et sagesse. Lorsque cette éducation est terminée, le roi peut prendre possession de son Royaume, et le tuteur lui sera subordonné, quand bien même il aura été l’instrument par lequel le roi aura été amené à maturité.
Il en va de même pour la raison qui peut tout à fait jouer un rôle de régulateur des émotions lorsque nous ne sommes pas encore « travaillés » intérieurement et que nous pouvons être sujet à de mauvaises passions. Il n’en demeure pas moins vrai que celui qui serait doté d’une grande habileté mentale mais qui connaîtrait de nombreuses difficultés sur le plan relationnel devrait d’abord viser à travailler cette dimension avant de vouloir s’élever aux « états supra-humain ». Il s’agit juste de dire, en réalité, que les états humains doivent être déjà maitrisés avant d’espérer vouloir s’élever au niveau proprement spirituel.
“Est-ce que le développement spirituel dépend du développement émotionnel ? Oui ou non ?
Dans votre paradigme, ce n’est pas le développement spirituel qui entraîne le développement émotionnel, mais bien le développement émotionnel qui entraîne le développement spirituel ? C’est bien ça ? J’ai bien compris ?
C’est ce genre de formulations que je trouve trop « mécaniques » et « rigides ». Le dire de votre manière reviendrait à dire que l’inférieur provoque le supérieur, ce qui n’est pas tenable en tant que tel. Il est une différence entre d’une part une considération d’ordre théorique, ou « dans l’absolu », qui peut aboutir à une hiérarchisation, et un « état de fait » dans l’expérience humaine qui demande à travailler d’abord sur une dimension, sans que cela fasse de cette dimension une « réalité supérieure ».
De la même manière qu’il est possible de devoir faire appel à l’intelligence rationnelle pour éduquer l’intelligence émotionnelle, bien qu’une fois arrivée à maturité, c’est l’intelligence émotionnelle qui est plus « haute » ; il est également possible de dire qu’avant de s’ouvrir aux états spirituels il s’agit déjà de s’équilibrer sur le plan émotionnel.
Mais cela n’est pas équivalent à votre formulation « le développement spirituel dépend du développement émotionnel ». Lorsqu’on dit que l’émotionnel est la porte du spirituel cela ne veut pas dire que le spirituel est conditionné à l’émotionnel. Le spirituel est absolument transcendant par rapport aux deux intelligences rationnelles et émotionnelles, les enseignements de Shaykh Hamdi ben Aissa sont sans équivoques là-dessus. Mais à notre niveau, il peut être préférable de travailler principalement (ce qui ne veut pas dire « exclusivement ») sur le plan émotionnel avant d’espérer une véritable ouverture du cœur, plutôt que de souhaiter accéder au spirituel en étant encore en proie à des passions égotiques non maîtrisées.
En espérant que ce message puisse répondre à votre question.
Nouvelle classification selon vos termes (on va y arriver!), du supérieur à l’inférieur:
– Intelligence spirituelle
– Intelligence émotionnelle
– Intelligence rationnelle
– Émotionnel immature
Restons concentré et allons à l’essentiel. Vous semblez jouer avec les mots donc j’ajuste mes questions. On dirait que vous essayez trop de défendre votre position en anticipant des choses qui n’ont pas lieu plutôt que de répondre à mes questions. Une chose à la fois.
QUESTION 1)
Je répète une question dont vous n’avez pas donné de réponse; si c’est l’intelligence rationnelle qui dirige l’émotionnel immature, qu’est-ce qui dirige l’intelligence rationnelle ? S.v.p., utiliser les formulations que vous voulez, mais répondez à cette question très précise.
QUESTION 2)
Au niveau humain, l’intelligence rationnelle est supérieure à l’émotionnel immature et ensuite lorsque l’émotionnel devient mature, il y a renversement et le rationnel lui devient inférieur. Ai-je bien compris ?
QUESTION 3)
Je vais aussi répéter une question avec vos ajustements; Au niveau humain, est-ce que le développement spirituel dépend du développement émotionnel ?
Répondez simplement. Nul besoin d’entrer dans des considérations secondaires ou d’essayer d’anticiper.
De plus, quand je vous ai demandé si pour vous le développement spirituel dépendait du développement émotionnel, vous m’avez dit que ce genre de formulation était trop « mécaniques » et « rigides » et que “le dire de votre manière reviendrait à dire que l’inférieur provoque le supérieur, ce qui n’est pas tenable en tant que tel.”
Je voudrais juste vous aviser que votre enseignant a dit la même chose vers la minute 3:10 dans sa conférence “Les dimensions du soufisme” à laquelle vous m’avez invité de visionner. Il a dit explicitement “le cheminement spirituel dépend du cheminement émotionnel”
Je vous comprend de moins en moins malheureusement.
Que la paix soit sur vous
QUESTION 4)
Je vous cite:
“Il ne s’agit pas pour nous de chercher à réduire le chemin spirituel à la quête d’un épanouissement émotionnel. En réalité, cette façon-là de vouloir opposer le plan spirituel et le plan émotionnel (sous prétexte d’éviter leur confusion) est caractéristique du soufisme initiatique.”
De quel soufisme initiatique parlez-vous ? Pourquoi ne pas mentionner de qui il s’agit puisqu’il s’agit simplement de discuter des idées? Qui prétend opposer le plan spirituel et émotionnel ? De ce que j’ai troujours compris du soufisme traditionnel, il n’oppose pas, mais hiérarchise et place chaque élément à la place qu’il lui convient.
RÉPONSE 4)
Je pense que la réponse N°1 doit également éclairer cette question, car encore une fois il ne s’agissait jamais de mettre en cause qui que ce soit parmi les gens du tassawuf, mais bien de mettre en lumière une certaine sous-culture “latente” qui est apparue ces dernières années.
La « mise en garde » de la confusion du psychique et du spirituel chez René Guénon a créé une sorte d’aversion « aveugle » de la part de ceux qui le lisent aujourd’hui pour toute manifestation émotionnelle ou pour toute notion d’intelligence émotionnelle, craignant par là de tomber dans la « confusion » que Guénon dénonce. A cause de cela, on se retrouve avec une vision du tassawuf qui nie totalement les notions d’intelligence émotionnelle et de soucis pour l’humanité, et qui se gargarise de ses bonnes lectures des écrits pérénalistes sans parvenir à faire bénéficier de la baraka qui que ce soit d’autre que les membres de ces clubs-là. Encore une fois, cette situation dans le monde du tassawuf est très contextuelle, elle ne se retrouve plus ou moins que dans l’époque moderne en occident. De nombreux exemples passés montrent la dimension intégrale de l’impact des shouyoukhs en terre islamique, de Moulay al-Hadi ben Aissa, l’ancêtre de Shaykh Hamdi ben Aissa, jusqu’à Cheikh Ahmadou Bamba plus récemment, ou Mawlana Shaykh Nazim si vous voulez.
“La « mise en garde » de la confusion du psychique et du spirituel chez René Guénon a créé une sorte d’aversion « aveugle » de la part de ceux qui le lisent aujourd’hui pour toute manifestation émotionnelle ou pour toute notion d’intelligence émotionnelle, craignant par là de tomber dans la « confusion » que Guénon dénonce”
S.v.p. soyons sérieux par pitié, vous faîtes des accusations et des analyses très précises, mais on ne comprend pas de qui vous parlez! Qui sont ces mystérieux “ceux qui le lisent aujourd’hui” ? Pourquoi vous ne répondez pas ? Est-ce que c’est juste dans votre imagination ? Pouvez-vous nous donnez des preuves, des traces, n’importe quoi de concret de ces gens qui ont une aversion pour “toute manifestation émotionnelle”. Personnellement, je n’ai jamais vu ou entendu de telles choses donc je me pose vraiment la question. Faîtes-vous simplement répétez ce qu’on vous dit ? Est-ce simplement votre “Shaykh” qui vous insuffle ces analyses, lui qui ne connaît très certainement pas l’oeuvre de René Guénon selon ce que je lis de ces enseignements. Vraiment, désolé, je ne veux pas être insultant, mais je me pose de sérieuses questions.
Je demande car, en ce qui concerne la confusion entre le psychique et le spirituel, cela n’a rien n’a voir avec l’émotion. Je comprends pas d’où vous tirez cela.
Voilà ce que René Guénon a précisément dit sur la question qui nous intéresse ici:
“Nous ne protestons pas, bien entendu, contre l’existence même de la sentimentalité, qui est un fait naturel, mais seulement contre son extension anormale et illégitime : il faut savoir mettre chaque chose à sa place et l’y laisser, mais, pour cela il faut une compréhension de l’ordre universel qui échappe au monde occidental, où le désordre fait loi ; dénoncer le sentimentalisme, ce n’est point nier la sentimentalité, pas plus que dénoncer le rationalisme ne revient à nier la raison ; sentimentalisme et rationalisme ne représentent pareillement que des abus, encore qu’ils apparaissent à l’Occident moderne comme les deux termes d’une alternative dont il est incapable de sortir. Nous avons déjà dit que le sentiment est extrêmement proche du monde matériel : ce n’est pas pour rien que le langage unit étroitement le sensible et le sentimental, et, s’il ne faut pas aller jusqu’à les confondre, ce ne sont que deux modalités d’un seul et même ordre de choses. (Orient et Occident – La superstition de la vie)
La seule question qui se pose maintenant c’est de savoir si vous attribuez une place “anormale et illégitime” à la sentimentalité, ce qui ferait de votre paradigme un sentimentalisme. Je recentre donc la discussion et laisse la question en suspens, m’interrogeant moi-même sur ces questions.
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Autres passages de René Guénon sur le sentimentalisme qui n’est pas directement en rapport avec notre discussion. mais qui reste pertinent sur la raison pourquoi le véritable sentimentalisme est un danger.
“D’autre part, il est incontestable que le sentimentalisme, sous toutes ses formes, dispose toujours à une certaine « passivité » ; c’est par là que nous rejoignons la question que nous avons déjà traitée précédemment, et c’est là aussi que se trouve, très probablement, la raison d’être principale de la « suggestion » que nous avons maintenant en vue, et en tout cas ce qui la rend particulièrement dangereuse. En effet, à force de répéter à quelqu’un qu’il doit « servir » n’importe quoi, fût-ce de vagues entités « idéales », on finit par le mettre dans de telles dispositions qu’il sera prêt à « servir » effectivement, quand l’occasion s’en offrira à lui, tout ce qui prétendra incarner ces entités ou les représenter de façon plus positive ; et les ordres qu’il pourra en recevoir, quel qu’en soit le caractère, et même s’ils vont jusqu’aux pires extravagances, trouveront alors en lui l’obéissance d’un véritable « serviteur ». On comprendra sans peine que ce moyen soit un des meilleurs qu’il est possible de mettre en œuvre pour préparer des instruments que la contre-initiation pourra utiliser à son gré ; et il a encore, par surcroît, l’avantage d’être un des moins compromettants, puisque la « suggestion », dans des cas de ce genre, peut fort bien être exercée par de vulgaires dupes, c’est-à-dire par d’autres instruments inconscients, sans que ceux qui les mènent à leur insu aient jamais besoin d’y intervenir directement.”
QUESTION 5)
Je vous cite:
“Nous l’avons vu, le tassawuf a été introduit dans le monde occidental à travers essentiellement le point de vue de l’initiation ésotérique ou comme “initiation à l’ésotérisme”. Ceci est un malentendu et quelque chose de très limitant en comparaison à la définition que nous lui donnons. Le soufisme, selon nous, c’est l’art du développement du cœur, c’est l’art de se préparer à recevoir la lumière du Divin.”
Donc il y a un malentendu avec ceux qui ont introduit le tassawuf en Occident ? Qui sont-ils ? À qui vous attribuez un malentendu exactement ? Et quel est ce malentendu exactement ? Vous rejetez l’ésotérisme islamique ? Qu’il faut y être initié par quelqu’un d’initié (remontant jusqu’au Prophète) ? Pouvez-vous nous préciser la nature de ce malentendu s.v.p. ? En général, vous ne semblez pas beaucoup accorder de l’importance à définir les termes avant de les rejeter ou les accepter, mais cela serait grandement utile pour vos lecteurs.
RÉPONSE 5)
Là aussi, vos questions étant proches les unes des autres, les réponses le sont aussi nécessairement. Sur le « rejet » de l’initiation et de la silsilah nécessaire, nous avons déjà répondu, dans le texte, et dans mes réponses ici présentes, de manière suffisamment claire pour qu’il ne soit plus nécessaire d’y revenir.
Le malentendu tient non pas aux travaux de ceux qui ont apporté ces notions-là, si on vise par exemple des maîtres comme René Guénon, Michel Valsan, etc.
Le malentendu tient plutôt, encore une fois, à toute la « sous-culture » qui s’est mise progressivement à envelopper ces termes et à devenir une des influences majeures dans les voies soufies actuelles. On devient rapidement « obsédés » par les « étapes » et rites initiatiques (bay’a, wird, khalwa, recherche du fana, et toutes ces notions que le disciple maîtrise mentalement avant de commencer son cheminement), et on en oublie l’art de développement intégral que les shouyoukhs ont toujours fait valoir dans un contexte purement islamique, et qui était pourtant moins nécessaire par le passé, car déjà assuré en partie par le contexte extérieur, exotérique ou culturel, qui était encore traditionnel. Dans le contexte actuel, face à l’impact que la modernité a eu sur l’être même de nombreux « disciples », avec tous les dysfonctionnements qui vont avec, vouloir accéder directement à « l’ésotérisme » et aux « rites initiatiques » ne risque, dans la majorité des cas, que d’accentuer les déséquilibres, et d’ailleurs la véritable confusion du psychique et du spirituel pourrait être à rechercher par ici.
“Sur le « rejet » de l’initiation et de la silsilah nécessaire, nous avons déjà répondu, dans le texte, et dans mes réponses ici présentes…”
Mais quel poli mépris… si je vous ai posé la question (avant vos réponses dans les commentaires) c’est bien parce que vous n’en faîtes pas mention dans le texte.
Encore une fois, sans que vous donnez des traces et des exemples concrets de cette fameuse “sous-culture” et de cette “obsession”, inutile de continuer la conversation plus loin.
Très cher frère, je pense avoir plus que largement répondu à vos questions sans que cela ne semble vous avoir permis d’avancé en quoi que ce soit.
Entre l’ensemble de l’article qui va être publié ces prochains jours, les conférences accessibles sur youtube, et les réponses que j’ai apporté ici, je pense que vous trouverez suffisamment d’éléments pour que vos questions trouvent leur réponse.
Si ce n’est pas le cas, et si vous souhaitez vraiment discuter avec de bonnes intentions, sans y ramener quoi que ce soit d’esprit de “querelles” et de débat, pratique que je n’affectionne pas, je vous laisse mes coordonnées afin que nous puissions nous retrouver pour échanger dans un cadre plus adapté. Sinon, je vous souhaite le meilleur, que Dieu illumine votre chemin et vous guide vers Son Unique Réalité, Amin
Vous n’avez pas répondu à mes questions, mais j’apprécie énormément le temps et l’effort et que Dieu vous récompense. Je suis désolé si vous avez pu voir dans notre échange un esprit de querelles et de débat. Cela n’est pas mon intention et que Dieu m’en éloigne. J’ai simplement voulu éclaircir votre théorie, chose à laquelle je n’ai pas eu droit.
Quant à moi, je vous soupçonne d’aucune mauvaise intention, l’intention étant le terrain de Dieu que je n’oserais jamais prétendre connaître ou juger. Je préfère croire que vous n’avez que de bonnes intentions.
J’ai visionné la conférence “Les dimensions du soufisme” et cela ne m’a pas amené plus d’éclaircissements et cela pourrait peut-être s’expliquer par le fait que l’article a possiblement été tiré de la conférence.
D’ailleurs, à aucun moment dans votre texte ou dans la conférence se trouve la mention d’une sous-culture. Il est très clair que vous faîtes référence à ceux qui ont introduit le tassawuf en Occident et pas à une sorte de malentendu qui serait venu après. Je trouve ça dommage que vous n’avez pas assumez votre position. Après tout le monde peut faire des erreurs, mais on s’attend à ceux que des personnes qui parlent d’intelligence émotionnelle puisse au moins en faire preuve en admettant leur erreur et se corriger plutôt que de nier.
Je vous remercie pour votre invitation pour se retrouver et échanger mais j’espère que vous comprendrez que cela ne peut pas vraiment m’intéresser si je n’ai pas d’abord senti une intelligence rationnelle et émotionnelle dans notre échange. J’espère que vous comprenez ma position.
Que Dieu vous illumine continuellement
QUESTION 6)
Je vous cite:
Comprenons bien que travailler ses émotions, ce n’est pas ici chercher à les supprimer ou à les étouffer au nom d’une lutte contre ce que ce certain soufisme initiatique va trop vite qualifiée de sentimentalisme. ”
De quel soufisme initiatique parlez-vous exactement ? On a du mal à vous cerner.
La “lutte” contre le sentimentalisme ne vise pas la suppression de la sentimentalité, mais vise seulement à ne pas lui donner une place illégitime et anormale.
RÉPONSE 6)
La première partie de votre question est une nouvelle répétition de votre propos qui était contenu au moins dans la question n°1 et la question n°5. S’il faut y répondre à nouveau, et pour les considérations sur la sous-culture « initiatique » (et non pas la réalité de l’initiation elle-même), il suffit de se référer à l’article dans son entièreté et aux réponses précédentes.
Concernant la seconde partie de la réponse, si vous définissez la « lutte contre le sentimentalisme » ainsi, dans ce cas là notre propos est le même. Je vous renvoie une fois de plus à l’article, et notamment aux passages suivants :
« Le rationnel est là pour nous aider à développer notre émotionnel et pour nous aider à distinguer les émotions saines des émotions malsaines, les émotions pures des émotions impures, les émotions matures des émotions immatures. Il nous permet aussi de faire la différence entre la sensibilité qui est une composante noble de l’humain et ce que nous pourrions définir comme la susceptibilité.
La susceptibilité, c’est cette sensibilité exacerbée, sans retenue, non habitée. C’est elle que la raison des modernes prétend combattre, éclairer. L’erreur, c’est de croire que la sensibilité humaine n’est que cela, n’est que cette susceptibilité qui doit être contrôlée, domestiquée par la raison. »
En d’autres termes, ce dont vous parlez dans votre question est exactement ce qui est écrit ici, soit le recentrage nécessaire, par l’activité de la raison principalement, d’un sentimentalisme et d’une vie émotionnelle immature, afin de ne pas tomber dans les dérives que l’on connaît et qui « sacralisent » une libre expression de la vie émotionnelle, même dans toute son immaturité. L’intelligence émotionnelle définie par Shaykh Hamdi ben Aissa est l’aboutissement de ce processus d’éducation de la vie émotionnelle et du caractère, et donc l’opposé radical de ce qui est appelé « sentimentalisme ».
Il est possible de penser en revanche qu’en pratique, votre définition n’épuise pas les réalités que nous pouvons constater. J’ai déjà lu personnellement, sans qu’il soit nécessaire de citer les personnes auteurs de ces propos, qu’une véritable spiritualité « supprimait » toute dimension émotionnelle au profit d’une pure « intellectualité ».
Concrètement, ce que le Shaykh souhaite mettre en valeur ici, c’est que sous prétexte de lutte contre le sentimentalisme, toute l’éducation des sentiments humains, le fait de les travailler, de les anoblir, est progressivement reléguée au second plan, lorsqu’elle n’est pas totalement absente. On peut voir ici et là des groupes « soufis » dans lesquelles une telle éducation, une telle tarbiya n’existe même plus, et l’accent est uniquement mis sur la recherche du dévoilement « spirituel », sur les hadra et cercles de dhikr ; peu importe tous les problèmes de comportement qu’on peut trouver une fois les assises terminées.
Voilà le danger que nous souhaitons mettre en lumière. Cela ne revient pas à disqualifier le dhikr, la hadra, les majliss. Doit-on rappeler que c’est un Shaykh qui est derrière cet article ? Cela revient juste à rappeler que ces méthodes et ces rites ne sont que des moyens en vue d’une fin et qu’une certaine cohérence dans le comportement du disciple est la première des étapes à franchir en vue d’espérer une ouverture spirituelle authentique.
Pardon, mais vous n’avez pas compris.
Le sentimentalisme ce n’est pas l’émotionnelle immature. Le sentimentalisme c’est accorder dans un paradigme une place anormale et illégitime à l’émotion, qu’il soit “mature” ou “immature”.
La question est maintenant de savoir si votre paradigme est sentimentaliste.
“Il est possible de penser en revanche qu’en pratique, votre définition n’épuise pas les réalités que nous pouvons constater. J’ai déjà lu personnellement, sans qu’il soit nécessaire de citer les personnes auteurs de ces propos, qu’une véritable spiritualité « supprimait » toute dimension émotionnelle au profit d’une pure « intellectualité ».”
Je comprends pas votre première phrase. La suppression du sentiment n’est simplement pas du sentimentalisme, mais simplement la suppression du sentiment. La définition du sentimentalisme ne pose donc pas de problème, mais bon passons…
Je vous mets au défi de me donner des citations des auteurs qui supprimerait la dimension émotionnelle au profit d’une pure intellectualité. Si vous avez pris la peine d’écrire un article à ce sujet, c’est que ce problème doit bien se manifester quelque part, et pas juste une fois. Quand même!
Si vous prétextez ne pas vouloir les “diffamer”, seriez-vous prêt à me les envoyer par courriel ?
QUESTION 7)
Vous dites aussi que dans la civilisaition moderne, on dénigre l’émotionnel. Mais Au contraire, la civilisation moderne a fait de l’émotion un véritable culte. La libre expression des émotions domine dans tous les domaines de la vie moderne. La civilisation moderne est complètement dans le règne de l’émotionnel.
RÉPONSE 7)
Ici, il faudrait définir les termes car pour certains, la modernité dénigre l’émotionnel et la post-modernité en fait l’éloge. Pour vous, visiblement, c’est l’inverse. Dans tous les cas, ce qui est mis en lumière ici, c’est l’absence de notion telle que « l’intelligence émotionnelle » dans le contexte moderne. Ou bien celle-ci est reléguée au second plan par rapport à la raison (toute l’histoire du cartésianisme, du positivisme, et d’ailleurs même chez René Guénon on retrouve cette idée). Ou bien elle est mise sur un piédestal et glorifiée en tant que telle, peu importe son immaturité, et voilà le véritable sentimentalisme.
Dans les deux cas, l’intelligence émotionnelle est dénigrée, perdue de vue. Elle est, dans les deux cas, en réalité, reléguée à un vulgaire « sentimentalisme ». Ou bien en en faisant l’éloge, ou bien en la dénigrant, mais jamais l’éducation de la vie émotionnelle jusqu’à la maturité émotionnelle décrite ici n’est réellement mise en valeur dans la civilisation moderne.
Le propos de cet article, dont vous n’avez ici qu’une partie (rappelons-le), est de dire que le juste équilibre des choses est une intelligence rationnelle saine, qui a su permettre à l’intelligence émotionnelle d’être mature, et de développer des qualités sur le plan humain, noble (la mansuétude, le courage, la générosité, l’altruisme, etc.) ; et cet équilibre là qui permet enfin à l’intelligence spirituelle d’occuper sa véritable place, au centre. Car si l’être humain est instable émotionnellement, ou désordonné rationnellement, il est peu probable qu’il puisse être véritablement « spirituel », au sens où il aura « accouché » de son esprit qui gouvernera « effectivement » son être.
“…ce qui est mis en lumière ici, c’est l’absence de notion telle que « l’intelligence émotionnelle » dans le contexte moderne. Ou bien celle-ci est reléguée au second plan par rapport à la raison (toute l’histoire du cartésianisme, du positivisme, et d’ailleurs même chez René Guénon on retrouve cette idée)”
Maintenant, de ce que je comprends c’est que ce que vous qualifiez d’intelligence émotionnelle ce sont ce que d’autres appelleraient des vertus spirituelles, des qualités morales, le comportement ou le caractère. Est-ce bien ça ? Mais vous vous dîtes que cela fait partie de la dimension émotionnelle qui doit être en quelque sorte purifiée par la raison (ou l’intelligence rationnelle) ? J’ai bien compris ?
Pouvez-vous me dire exactement avec des citations où vous avez trouvé cette idée chez René Guénon de reléguer au second plan “l’intelligence émotionnelle” par rapport à la raison ?
QUESTION 8)
Je vous cite:
“Lorsque l’on devient des êtres humains qui savent aimer, pardonner, donner, qui savent sourire, vivre avec les autres, partager la tristesse et la joie, nous devenons ce qu’on appelle “Insan Kamil” : Homme accompli.”
Définition très originale de “Insan Kamil”. Je ne l’ai jamais lu comme ça. Où est Dieu dans votre définition ? Si j’apprends à aimer, pardonner, donner, sourire, vivre avec les autres, partager la tristesse et la joie…je deviens “Insan Kamil”. Un athé qui pratique ces choses-là (car il y en a indéniablement) devient “Insan Kamil” ? Merci de nous éclairer.
RÉPONSE 8)
Je dirais ici que pour comprendre un texte il faut le comprendre dans son ensemble, et ne pas isoler une partie qui pourrait être éclairée par la phrase qui suit.
Vous semblez dire ici que la définition d’Insan Kamil ne correspond pas avec la définition traditionnelle, celle où al Insan Kamil est celui qui a réalisé tous les degrés de l’être, et d’une certaine manière, qui a accédé à son Esprit véritable. Il aurait fallu inclure le paragraphe juste au dessus, et la phrase juste en dessous, pour vous apercevoir que votre définition était respectée.
La phrase juste avant, je cite : « Si l’humain est humain, c’est comme esprit, c’est comme cet esprit au plus profond de toutes ses dimensions intérieures. La raison et ses représentations comme le coeur et ses émotions doivent au fil du temps céder à l’esprit les pleins pouvoirs, se laissent guider par lui, s’aligner avec l’esprit mohammadien. »
Et enfin celle juste après, qui raconte qu’une fois que l’être humain est « accompli » sur le plan humain, c’est-à-dire qu’il « sait aimer, pardonner, donner, sourire, vivre avec les autres (…) », celui-ci peut passer au plan proprement spirituel, et c’est pour cela qu’il est écrit :
« Et là, il devient possible de recevoir puis de refléter la lumière. ».
C’est-à-dire une fois que l’être humain est accompli sur le plan « humain », il est désormais possible de s’ouvrir à la Lumière Divine et à la dimension proprement spirituelle.
Donc si je comprends bien ce que vous dîtes, l’Insan Kamil ne concerne pas la dimension spirituelle. Une fois qu’on devient Insan Kamil , l’humain “peut passer au plan proprement spirituel”. J’ai bien compris ?
QUESTION 9)
Je pose toutes ces questions, car ce sont là des choses véritablement nouvelles pour moi que je n’ai jamais entendu et/ou lu de la part des maîtres spirituels soufis. D’ailleurs, pouvez-vous nous dire quelle est la source de vos enseignements ?
RÉPONSE 9)
Ici, je vous invite à visionner les vidéos de la chaîne Youtube qui répondront assez facilement à votre question. Vous trouverez notamment les commentaires des œuvres de l’Imam al-Haddad (le livre de l’Aide) ou de l’Imam al-Ghazali, toutes commentées à partir du Sanad dont vous parliez plus haut. Des récentes interventions de l’enseignant de Shaykh Hamdi ben Aissa, al-Habib ‘Umar ibn Hafidh, reprennent d’ailleurs des notions fort similaires à ce propos : (https://muwasala.org/2019/11/10/allow-your-emotions-to-be-elevated/?fbclid=IwAR0Y5gMkfyFpJ0sV3xevFS7lZ9qOHphqtADDqtuEx-Vvv-BXmaTD6XSdoDU)
Enfin, en visionnant l’ensemble des conférences et interventions sur le sujet, vous vous apercevrez que les sources principales des enseignements se trouvent dans les versets coraniques et paroles prophétiques et leurs sens et significations multiples.
Je demandais la source de cet enseignement précis dans votre article concernant votre théorie sur l’émotion. Si il se trouve chez l’Imam al-Haddad ou l’Imam al-Ghazali, pouvez me guider davantage et me dire précisément à quel endroit s.v.p.
Je vous remercie pour l’article de al-Habib ‘Umar ibn Hafidh.
Outre le fait que l’article n’est pas signé et que nous n’avons pas la version originale en arabe, il est difficile de dire s’il exprime la même théorie que vous. Il y a une différence fondamentale entre dire “élever vos émotions vers le spirituel” et “c’est par vos émotions que vous vous élèverez spirituellement”. D’ailleurs, il mentionne que les anges aussi ont ce genre d’émotion à laquelle il se réfère, ce qui fait des émotions autres choses que des éléments purement humain. C’est un peu ambiguë, et si vous avez autre chose qui pourrait aussi démontrer la source de votre théorie, cela serait apprécié.
Aussi, tout le monde prétend que leur source de connaissance et le Coran et la Sunnah, mais la question est de savoir quelle est la source de la compréhension du Coran et de la Sunnah.
QUESTION 10)
En général, j’ai trouvé le texte incompréhensible et je me demande si vos élèves l’ont véritablement compris et s’ils seraient capable de le défendre. Je pense que vous gagneriez bien à faire vérifier vos textes par quelqu’un d’autre que vos élèves pour qu’ils soit “critiqués” avant d’être publiés, parce que là ça va loin quand même. J’ai juste voulu souligner l’essentiel dans mon texte.
RÉPONSE 10)
Il est probable que le fait d’avoir eu accès à une partie de l’article, découpée du reste, ait rendu plus compliqué la compréhension du propos. En espérant que les réponses ci-dessus vous aient apporté les éclairages nécessaires.
Concernant la capacité des élèves à « comprendre » les enseignements, je dirai qu’il faudrait voir ici ce que vous avez pu assimiler comme « enseignements » de Shaykh Hamdi ben Aissa, car peut-être cette impression est due au seul fait que vous n’avez pas visionné l’ensemble des interventions mentionnées plus haut et que vous vous basez sur un article qui a été rédigé en intégralité mais dont vous n’avez de disponible à présent que les toutes premières parties.
Quant à la capacité des élèves à « défendre » le texte, je vous laisse le soin d’en juger, ne désirant pas m’aventurer sur ce terrain-là.
J’espère en revanche avoir pu répondre à vos questions du mieux possible, et je suis à votre service si vous souhaitez continuer à approfondir cette réflexion pour éclaircir autant que Dieu nous le permettra certaines notions.
Je vous remercie enfin pour finir, une nouvelle fois, pour l’échange que vous avez ouvert.
Votre commentaire va dans le sens de notre démarche, et nous aimerions en avoir davantage, en disposant du temps nécessaire et de l’espace pour pouvoir dialoguer autant qu’il le faudrait. La meilleure des réponses possibles, en tout les cas, à laquelle je vous invite, est de pouvoir rencontrer le Shaykh lors d’une de ses visites en France (ou lors d’un de vos voyages au Canada), que ce soit lors d’une conférence ou d’un quelconque rassemblement, et de pouvoir lui poser vos questions directement. L’expérience sera assurément toute autre qu’à travers un article séquencé sur un site internet !
Amin à vos prières, que Dieu nous guide jusqu’à Sa Vérité et ceux qui la servent.
Vous n’avez malheureusement pas répondu à mes questions, je reste donc sur ma position que les élèves de cette personne ne sont pas capable de défendre ce texte et semble avoir simplement retransmis ce qu’ils ont entendu, sans vraiment s’être engagé avec la théorie. Ce n’est pas une accusation, mais une forte impression que je suis prêt à laisser tomber si le contraire est demontré.
Vous prétendez être à mon service pour m’éclaircir, mais c’est clairement faux puisque vous me délaissez sans éclaircissement et vous vous retournez en trouvant des excuses pour ne pas me répondre. Cela ne me semble pas juste et cohérent.
Vous n’êtes clairement pas ouvert à la discussion, et la moindre chose que je puisse dire, c’est que c’est assez inquiétant.
Dieu nous guide jusqu’à Sa Vérité et ceux qui la servent.
Joli texte !
Bravo pour votre positivité émotionnelle qui transparait dans le texte qui dégage des bonnes ondes. À peu de choses près, j’y souscris.
Merci