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La vie de Malek Bennabi (6)

Que faut-il retenir de cette première partie de la vie de Malek Bennabi qui va de 1905 à 1930 ? Un jeune homme de bonne famille, quoique économiquement modeste, pour ne pas dire pauvre, naît dans une ville de province – car finalement Constantine n’est que cela au début du XX° siècle –, grandit entre celle-ci et Tébessa, et reçoit une instruction réservée aux « Indigènes » qui le destine à devenir un auxiliaire de la justice musulmane. 

Dans le récit qu’il donne de sa vie, son père, Saâd (plus connu sous le surnom de Omar), est presque absent, tandis que sa mère Zehira, née Haouès, une maîtresse-femme qui dirige et gère la cellule familiale malgré son handicap, est omniprésente. 

Sa curiosité naturelle, ses observations, les conclusions qu’il tire des comparaisons entre la société coloniale et la société colonisée, la ségrégation dont il est victime au même titre que ses compatriotes, l’orientent subrepticement vers la recherche d’une explication à cet état de choses. Il la cherche dans la vie de tous les jours, dans les discussions, mais aussi dans les livres. 

Il prend conscience du phénomène colonial qu’il perçoit sous les apparences d’un ordre social fortement organisé, en même temps que du phénomène « décadence » qu’il voit sous les aspects de l’ordre traditionnel passif et désarticulé qui l’environne. D’un côté l’efficacité, de l’autre la résignation. En comparant les trois communautés (arabe, française et juive), il est amené à réfléchir sur les déterminants des comportements sociaux qui donnent aux uns les allures stimulantes d’une société, et aux autres les allures déprimantes d’une communauté qui n’est plus unie que par des « idées mortes »

Sans ces questionnements et cette quête, Bennabi aurait peut-être fait partie de l’« élite » restreinte qui sortait des écoles françaises, lettrés voués à occuper les postes désignés et à suivre les carrières décidées par l’administration coloniale. Il a reçu, ou plutôt s’est donné une double culture qui lui aurait permis de trouver sa place dans les rangs de la « Fédération des élus indigènes d’Algérie » créée à Alger en 1927, ou dans le mouvement islahiste dirigé par Ben Badis, al-Okbi, Tébessi, al-Ibrahimi (1889-1965) et d’autres, qui deviendra en 1931 « l’Association des Oulamas Musulmans Algériens ». 

Pourtant, il ne sera jamais tenté de faire partie des premiers, car « assimilationnistes » et « occidentalisés », tout comme il n’arrivera pas à trouver avec les seconds assez de terrain d’entente pour s’agréger à eux. De toute façon il n’en avait pas le profil, ne pouvant passer pour un « alem ». Il sent vaguement que les premiers font de la « boulitique », alors que les seconds s’adonnent à un militantisme social qui lui semble sans véritable perspective. Il se garde néanmoins de mettre les deux tendances dans le même panier.

 Les Oulamas lui paraissent receler une authenticité qu’il ne sent pas chez les « Assimilationnistes ». Il écrit au sujet des premiers dans « Les conditions de la renaissance » : « Malgré certaines carences, malgré un certain empirisme dans la pensée, les oulamas ont été les infatigables pionniers de la véritable renaissance musulmane et sa force vive ». Mais cela ne l’empêchera pas d’être très critique à leur égard comme on le verra.

Ce tableau brossé, nous pouvons considérer que nous tenons le fil conducteur de sa pensée ou, à tout le moins, les sources d’inspiration de celle-ci. Nous avons un début de filiation intellectuelle qui permet déjà de le situer tant sur l’axe de la pensée musulmane que sur celui de la pensée occidentale. Mais c’est à l’intersection de ces deux courants qu’il va finalement se positionner, ce qui le condamnera à l’isolement et à l’incompréhension de part et d’autre. 

Ceux qui, dans la catégorie arabo-musulmane, peuvent être considérés jusqu’ici comme ses « éveilleurs » sont indubitablement Abdou, al-Kawakibi, Ahmed Riza, Ibn Khaldoun et Khalil Djibran. Parmi ces derniers, il y a ceux qui façonneront dans une certaine mesure sa pensée (Ibn Khaldoun et al-Kawakibi) et ceux qui formeront sa sensibilité ou influenceront son style (Khalil Djibran). 

Dans la seconde catégorie, il y a ceux qui ont réveillé sa sensibilité et ses émotions (Loti, Farrère, Hugo, Lamartine) et ceux à qui il devra une certaine influence quand il se penchera plus tard sur le problème des idées (Dewey, Condillac). 

A ces auteurs, il faut ajouter Tagore et la perspective qu’il lui a ouverte et que Bennabi approfondira ultérieurement en approchant Gandhi et en s’intéressant au message du « Satyagraha ». En tout cas, l’hindouisme est déjà pour lui un centre d’intérêt, et c’est ce qui l’amènera à chercher, quand il proposera sa théorie sur « l’afro-asiatisme », les points de jonction entre la plus ancienne religion du monde, l’hindouisme, et la plus récente, l’islam. 

Bennabi n’indique nulle part dans son autobiographie ou ses œuvres ce qu’il doit à tel ou tel, sans dire qu’il n’a certainement pas énuméré l’ensemble de ses lectures. Mais quand on connaît l’œuvre des auteurs qu’il cite, on peut faire la part des choses et arriver à reconstituer avec une certaine précision le cheminement de son édification intellectuelle. Par contre, ce qui lui sera propre et qu’on ne retrouvera chez aucun autre auteur musulman du XX° siècle, c’est la combinaison, la cohérence, la compatibilité qu’il va réussir à établir entre l’âme musulmane et la raison occidentale. 

A la fin de cette période, soit à l’âge de vingt-cinq ans, Bennabi a une idée assez nette de ce qu’il est et le dit dans ses Mémoires : « Je pouvais dès cette époque me définir politiquement comme un révolutionnaire et psychologiquement comme un conservateur… Un révolutionnaire-conservateur ne donne pas d’ailleurs toute l’explication de mon être. C’est plus complexe. Je suis très sensible à l’événement. J’en reçois le choc intégralement avec une émotivité qui peut m’arracher des larmes de tristesse même si l’événement doit, en principe, me faire jubiler ». 

Au plan social, ses idées sont celles d’un homme de gauche : toute sa vie il sera compatissant à la misère et à la pauvreté de ses compatriotes parce qu’il aura vécu totalement leur condition. Dans ses écrits, il y a toujours un passage pour l’Algérien sans travail qui s’est couché sans manger, la veuve abandonnée à la misère, l’orphelin grelottant dans le froid de la rue…

Au plan intellectuel, ses vues sont celles d’un « conservateur » ainsi qu’il le dit lui-même, mais conservateur de quoi ? Il croit en Dieu, cela est évident ; il est musulman pratiquant, cela va presque de soi ; il croit à la force des idées et pense qu’elles mènent le monde, cela est déjà patent. Mais toute sa pensée sera précisément une profonde remise en cause de ce qu’on appelle la « culture musulmane » envers laquelle il sera intraitable. 

L’envie d’écrire a effleuré son esprit puisqu’il a choisi le titre de l’œuvre qui l’a tenté un moment. On sait aussi qu’il a composé en français entre 1925 et 1930 quelques poèmes dont il n’existe aucune trace (1). Mais, dans son esprit, il n’y a encore aucune intention arrêtée. Il ne sait pas ce qu’il sera, ni ce qu’il fera. Quoiqu’il en soit, les substrats qui vont orienter sa pensée et marquer ses prises de position sont préformés en lui dès cette époque. Il prédit que le XX° siècle « sera celui de la femme, des Juifs et du dollar » (« MTS »).

Cinq ans après sa première tentative de s’installer en France qui a tourné court parce que décidée sur un coup de tête, il est de nouveau résolu à quitter le milieu colonial et à ne pas revenir sur sa décision. Sa détermination est aussi forte que celle d’un Julien Sorel (2), mais la motivation du premier n’a rien à voir avec celle du second : l’un court la fortune et les honneurs, tandis que l’autre a un problème avec l’Histoire. 

Si, pour le poète, « partir, c’est mourir un peu », pour le jeune Bennabi partir c’était chercher à vivre un peu mieux. En fait, il va partir à la rencontre de son destin, un destin qui sera terrible, celui que, dans une sorte de prescience, il avait deviné obscurément comme devant être celui d’un « proscrit ». Seulement, il ne se doutait pas à quel point il le serait. 

En septembre 1930, Malek Bennabi descend du train qui vient de le déposer à la gare de Lyon. Il a quitté depuis une semaine sa famille à Tébessa et n’a pas de destination précise. En s’engageant dans les rues de Paris où il a fait une brève incursion en 1925, il se rappelle de cet ami mederséen de Souk-Ahras (Est algérien) qui tenta quelques années avant lui l’aventure parisienne et qui en était revenu avec la tuberculose et beaucoup de désillusions. Il a le cœur serré car il a déjà eu un avant-goût de ce qui attend en général un « Indigène » sans moyens financiers ni appuis. Ses pas le dirigent vers le quartier mal famé où a vécu son ami, Saint- Denis, et là il jette son dévolu sur un petit hôtel. 

Il sort tous les jours à la découverte de la « ville-lumière », visite le musée des Arts et Métiers, s’arrête au pied des édifices et des monuments de cette capitale prestigieuse. Ce n’est pas un étranger fourvoyé dans les dédales d’une grande capitale où il erre sans but, mais un jeune homme sérieux aux idées bien arrêtées qui cherche sa voie en comptant en son for intérieur sur la solide culture acquise à Constantine. Il est venu pour poursuivre ses études avec l’idée de devenir, sur le conseil de son père, avocat. 

C’est ainsi que ses yeux repèrent un jour une enseigne : « Ecole des langues orientales ». Il entre dans l’immeuble et s’inscrit à l’examen d’admission qui doit avoir lieu en octobre. Son inscription acquise, il est rassuré car c’est à cette fin qu’il était venu en France. Il poursuit les jours suivants ses pérégrinations à travers les quartiers parisiens, tout heureux de contempler la civilisation française dans sa plénitude. Il est organisé et économe de ses sous. 

En croyant un jour entrer dans un restaurant bon marché, il se retrouve dans les locaux de « l’Union chrétienne des jeunes gens de Paris » (3) où, effectivement, il y a une cantine pas chère. La personne qui vient à sa rencontre lui explique que le panneau qu’il a vu à l’extérieur et qui indique le prix des repas est effectivement celui de la cantine de l’UCJG et qu’il y serait le bienvenu. On lui fait visiter les lieux qui comportent une salle de conférence, une bibliothèque, une salle de sport, etc. L’institution est dirigée par M. Henri Nazelle et est fréquentée par des étudiants. Pour ses habitués, c’est la « République de Trévise », du nom de la rue où elle est située au numéro 14 dans le neuvième arrondissement. 

Bennabi prend vite l’habitude de venir y prendre ses repas en raison de la modicité des prix et de l’impeccable hygiène qui y règne. Il lie connaissance avec des étudiants européens et profite surtout de la bibliothèque. Le bon accueil qu’on lui a réservé, le respect dont il est entouré, l’ouverture d’esprit qu’il a remarquée, sont autant de motifs qui vont l’attacher pendant une dizaine d’années à cette association tolérante et libérale. Il dira plus tard : « C’est là que s’opéra ma prise de conscience à l’égard de tous les problèmes qui ont occupé ma vie. » 

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Il s’intègre bien dans cette communauté de jeunes de toutes origines et forme bientôt un groupe d’amis avec Marcellin, Raymond, Sanchez et Hannouz, un Algérien converti au christianisme. Ces relations se prolongent à l’extérieur grâce à un ami peintre, René, et lui permettent de découvrir de l’intérieur la vie de familles françaises cultivées et bourgeoises. 

L’« autre » France, la vraie France, celle des valeurs morales et spirituelle, va révéler à sa curiosité en alerte un aspect intime dont il ne soupçonnait pas l’existence. Cette découverte pèsera fortement sur l’orientation que va prendre son esprit et influencera considérablement sa vocation. Mais, pour l’instant, il n’a conscience que d’une impression bienfaisante : il n’est plus dans le cadre colonial raciste où quels que soient les mérites et la valeur d’un Algérien il n’est jamais qu’un « Indigène ». Ses attaches avec l’Union l’ont providentiellement mis sur la voie qu’il cherchait confusément. 

Il ne se sent pas tel un voyageur perdu dans une grande capitale au mode de vie implacable, il n’est pas plongé dans la solitude des grandes villes qui a conduit tant d’hommes à la déchéance ou à la marginalisation. Son identité, qu’il assume et affiche, est respectée et acceptée comme un enrichissement au sein de l’UCJG où il est le premier musulman à être admis, grâce à sa culture. Rappelons-nous qu’il a lu les Evangiles à Constantine, et qu’il est très renseigné sur les différentes spiritualités. C’est d’ailleurs à une discussion sur les Védas qu’il doit d’avoir assez vite impressionné ses nouveaux amis et gagné sa place parmi eux. 

Arrive le jour de l’examen d’entrée à l’Ecole des langues orientales. Il passe les épreuves qui lui paraissent faciles mais quand il vient quelques jours plus tard aux nouvelles, il apprend qu’il n’est pas admis. De plus, le directeur du fameux établissement où ont étudié la plupart des orientalistes français le convoque et lui signifie qu’il ne doit pas renouveler sa candidature. 

Bennabi ne comprend pas. Son espoir est ruiné, il est désemparé, il se sent de nouveau immergé dans l’ambiance qu’il a laissée à Tébessa où l’administration lui fermait la porte au nez chaque fois qu’il voulait tenter quelque chose. Le sentiment d’être une nouvelle fois dans l’impasse l’envahit. Faute de mieux, il s’inscrit comme auditeur libre, notamment pour un cours de turc qu’il va suivre pendant quelques semaines avant de l’abandonner pour des études plus utiles à son avenir (4).

 Les jours suivants il reprend ses promenades à travers Paris qui le conduisent sur les quais de la Seine où il découvre le Quartier latin et ses bouquinistes. A pied, ce n’est pas loin de l’endroit où il habite, ni du siège de l’Union. L’atmosphère et le charme culturel de ce quartier célèbre l’envoûtent. Il ne va pas tarder à trouver le chemin du milieu estudiantin musulman et à y nouer des amitiés. C’est là que va se dérouler sa vie parisienne. 

Il aime « les murs noirs de ses monuments, le Panthéon où dorment les grands génies d’hier, la Sorbonne et le Collège de France où s’éveillent les génies de demain » (« MTS » -II). Il sent dans son âme la lumière qui émane de ces pierres noires, il s’absorbe dans la lecture des programmes universitaires qui le plonge dans une profonde réflexion sur ce qui sépare le monde musulman du monde occidental. 

Ce n’est pas un touriste qui s’émerveille devant la majesté de lieux chargés d’histoire, mais une âme tourmentée qui s’interroge et cherche une réponse au mystère de la civilisation qui le fascine depuis l’enfance. Ce n’est pas un émigré qui passe, inconscient et indifférent à ce qui l’entoure, mais une pensée ouverte au sens des choses qui se questionne et vibre devant le « spectacle inouï de la civilisation ». 

Les étudiants syriens, égyptiens ou maghrébins dont il vient de faire la connaissance lui donnent pour leur part l’impression d’être chez eux, brûlant la vie par les deux bouts et coulant des jours heureux dans la plus parfaite quiétude. Lui, par contre, ne peut s’empêcher de dresser le « bilan comparatif des deux civilisations », comme a dû le faire avant lui Khalil Djibran en s’établissant à Paris et confie à ses Mémoires inédits (5) : « Cette impression de notre immense retard m’humiliait beaucoup. Mais je ne voyais aucun étudiant musulman s’arrêter à ces considérations, et cela me navrait encore davantage… » (6).

Son ami peintre lui suggère de déposer sa candidature à l’Ecole centrale de T.S.F où il s’inscrit effectivement. Il change d’hôtel pour se rapprocher de l’Ecole, rue de la Lune, et entame son cursus. Il est conquis par l’ambiance scientifique des ateliers de travail et des laboratoires, et se trouve à son aise dans la précision, la règle et la rigueur qui sont le propre des sciences exactes. 

Il devient un grand bûcheur et se consacre à sa mise à niveau scientifique. Il s’entiche des mathématiques, de la physique, de la chimie, de la mécanique…C’est là que va se former la base de son « esprit de système » : sens de la logique, raisonnement discursif, obsession de la précision, terminologie appropriée, … Il découvre « un monde nouveau où tout est soumis à la mesure, où les qualités essentielles sont l’exactitude, l’observation, le travail. » 

Tout cela bouleverse ses plans ainsi que les idées reçues avec lesquelles il était venu en France : « Je ne rêvais plus du lointain ou d’un titre et d’une situation. Je ne rêvais que de science. La medersa m’avait marqué sans pourtant me définir une vocation. Je me sentais donc engagé à savoir, à apprendre dans la mesure de l’ignorance, des déchéances que je voyais dans mon pays et dans tout le monde musulman » (« MTS » II). 

Son esprit saisit peu à peu les liens entre les matières qu’il étudie à l’Ecole et les valeurs sociales qui sous-tendent le comportement des gens dans la vie de tous les jours. Le samedi, il va retrouver ses amis de l’Union où se tiennent régulièrement des conférences et des débats d’idées. Il reprend courage, voit l’avenir avec optimisme et tire des plans sur la comète.  

                                     

                                                                                                                                          (A SUIVRE)

NOTES :

 Dans ses Mémoires Bennabi se rappelle avoir rencontré à Annaba au moment de prendre pour la deuxième fois le bateau pour la France en 1930 un cousin, Ali Ben Ahmed, à qui il a lu un poème qu’il venait de composer, intitulé « L’Adieu ».

2 Personnage principal du roman de Stendhal, « Le rouge et le noir ».  

3 Cette ONG existe à ce jour dans de nombreux pays sous forme de sections regroupées au sein d’une « Alliance universelle des UCJG ». Elle intervient dans des programmes de développement « dans un respect pour les croyances religieuses de tous ses membres et sa capacité de donner à des personnes de différente foi un moyen de travailler dans les zones d’intérêt commun ».  

4 Un intellectuel libanais, Ibrahim Assi, a publié le texte d’un entretien avec Malek Bennabi en 1973 où celui-ci, en réponse à une question, dit : « J’ai essayé en 1930 d’étudier le droit à l’Institut des Etudes Orientales de Paris pour devenir avocat, mais j’en ai été écarté pour des considérations politiques colonialistes. Le fait que je sois un Algérien musulman était une raison suffisante pour m’exclure. » (cf. « Dernier entretien avec Malek Bennabi : témoignage et prospective », Ed. Al-Fourquane, Alger, 2003).    

5 Jusqu’ici nous avons puisé les éléments de notre récit dans le tome 1 des « Mémoires d’un témoin du siècle : l’Enfant » qui couvre la période 1905-1930. A partir de maintenant, nous allons puiser indifféremment dans le tome 2 des Mémoires paru en arabe en 1970 (« L’Etudiant ») et dans un manuscrit inédit portant le titre de « Pourritures » qui couvre la période 1930-1954 de la vie de Bennabi et que nous désignerons par l’expression « Mémoires inédits ».   

6 Comme Bennabi, le philosophe, poète et peintre libanais a résidé en 1908 au Quartier latin où il vivait très pauvrement, aimant arpenter les quais de la Seine et visiter les étals des bouquinistes. Comme lui, il appréciait les œuvres de Nietzsche et de Tolstoï. Après deux années de cette vie parisienne Khalil Djibran décide de partir aux Etats-Unis, le cœur brisé. Il écrira plus tard : « Heureux ceux qui possèdent un gîte à Paris ! Heureux ceux qui longent les rives de la Seine et se penchent sur les vieux bouquins et les dessins anciens… Paris, théâtre des arts et des idées, source d’imagination et de rêves. A Paris, je naquis une deuxième fois et c’est là que je voudrais passer le reste de ma vie… Si le destin me réserve encore secrète fortune, je reviendrais à Paris et nourrirais mon cœur affamé, et désaltérerais mon âme assoiffée… ». Khalil Djibran décède à New York  en 1931, quelques mois après l’arrivée à Paris de Malek Bennabi.

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