« Nashville souffre, et notre communauté a été dévastée. N’oubliez pas de prêter main-forte à un voisin dans le besoin, et rassemblons-nous à nouveau en tant que communauté. Ensemble, nous allons nous en sortir et en sortir plus forts ». Cet appel poignant à serrer les rangs et à s’épauler mutuellement émane du maire de Nashville, John Cooper, dont la ville n’était plus qu’un paysage de désolation mardi 3 mars, au petit matin, après le passage de tornades ravageuses et meurtrières durant la nuit.
Alors qu’une bien triste aurore se levait sur la capitale du Tennessee entièrement sinistrée, révélant un lourd bilan macabre (25 morts, sans compter les nombreux disparus) et le sombre tableau de dégâts incommensurables, le cri du cœur poussé par le premier magistrat affligé de la cité a eu une forte résonance chez ses concitoyens musulmans.
Imprégné des valeurs essentielles de l’islam que sont l’entraide, la fraternité et la compassion, Yassin Terou, le chaleureux propriétaire de Yassin’s Falafel House, un restaurant très prisé de Knoxville qui a eu l’honneur d’être désigné « Nicest Place in America » en 2018 par l’émission Good Morning America sur ABC, n’a pas eu besoin de battre le rappel des troupes.
Bouleversés, comme lui, par cette terrible tragédie et les accents déchirants de l’appel de John Cooper, ses coreligionnaires, la solidarité en bandoulière, se sont immédiatement portés volontaires pour se rendre sur place, et prodiguer réconfort et soutien aux victimes.
En moins de temps qu’il n’en a fallu pour organiser les aller-retours entre Knoxville et Nashville, Yassin Terou et son équipe de bénévoles très dévoués avaient préparé des dizaines de savoureux paniers repas, sélectionné différents ingrédients et ustensiles afin de cuisiner sur place, et s’engouffrèrent dans plusieurs véhicules pour les acheminer à bon port.
« C’était pour nous une évidence d’être ici, aux côtés de nos concitoyens très éprouvés, qui ont tout perdu en une seule nuit. L’islam nous enjoint d’aider les êtres fragilisés par les épreuves de la vie, sans ressources et sans toit. C’est aussi une manière pour nous de montrer que nous faisons partie intégrante de cette communauté. Nous sommes fiers d’être ici avec eux, en ces heures si difficiles », a déclaré Yassin Terou, visiblement ému.
Restaurateur et père de famille comblé, ayant réalisé son rêve américain au-delà de ses espérances, celui-ci n’a jamais oublié d’où il vient, la Syrie, et combien fut tortueuse la route de l’exil et douloureux l’éloignement de sa terre natale. Devenu aujourd’hui une figure de la communauté musulmane américaine, Yassin Terou n’est jamais plus heureux que lorsqu’il tend la main à son prochain et fait le bien autour de lui, dans son établissement ouvert à tous, mais pas aux préjugés dévastateurs, ou en dehors.
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