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Dix jours déjà…

Dix jours du mois de Ramadan viennent déjà de passer. Dix jours pendant lesquels il fallait absolument être proche de quelque chose. On parle de miséricorde, de protection, de sérénité, pourvu que l’on soit bien et que la foi apaise, pourvu que le cœur s’apaise. Que s’est-il passé pendant ces dix premiers jours ? Premiers jours de la résistance où le corps s’habitue à la privation. L’esprit et le cœur se cherchent. Ils se sont sans doute trouvés. Ils cherchent leur place dans ce corps qui tient finalement à très peu de choses.

Foi qui apaise, prières sur prières, moments où la fatigue n’a plus sa place. Le cœur écoute, s’écoute et se plaît à naviguer dans le flot d’une vie qui défile. Le recueillement est propice à cela. Tu arrêtes tout et sans que tu contrôles, le film d’une vie se joue et ne retient que les scènes les plus fondamentales.

C’est comme si tu naviguais dans les chapitres d’un DVD pour ne visionner que les scènes les plus drôles, les plus touchantes et les plus intéressantes. Les chapitres de ta vie se jouent et il y a certains chapitres que tu n’es plus prêt à rejouer. Dix jours viennent de passer et que s’est-il vraiment joué ? Tu cherches un signe. Il n’y en a pas. Il n’y a que le signe qui t’accompagne depuis toujours, celui qui te met face au miroir de ta vie, le signe pour lequel tu pries quarante-six fois par soir.

Dix premiers jours de Ramadan et qu’as-tu vu ? S’il y avait un métro à La Mecque, ce serait la ligne D, après les prières de la nuit, à la sortie de la Grande Mosquée de Lyon. Je m’assieds dans le wagon de queue et les fidèles s’y engouffrent aussi. Je me plonge dans mon livre. A la station suivante monte une jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds. On aurait dit « boucle d’or ».

Il ne lui faut que quelques secondes pour se rendre compte que le wagon est plein de… « musulmans ». Elle se sent presque gênée mais sa gêne fait place à un large sourire et un air ébahi. Elle jette son regard partout avec une telle curiosité. Elle voit des africains parler joyeusement, à sa droite les deux rangées sont remplies par des jeunes femmes voilées qui rient aux éclats. Il y en avait au moins une dizaine. Devant elle un couple de…français. Oui mademoiselle, ils sont musulmans. Lui la tenant par la main et elle reposant sa tête sur l’épaule de son bien-aimé.

Au fond il y avait deux couples d’asiatiques, des indonésiens sans doute. « Boucle d’or » se sentait presque à l’aise. Elle était au milieu de tout ce monde et j’étais sans doute le seul à la voir. Il faut peu de choses pour être déconcentré, même quand tu sors de la mosquée.

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Dix jours et qu’en as-tu retiré ? Qu’as-tu appris de plus sur le monde et sur toi-même ? La réalité paraît peu de choses. La souffrance est-elle utile ? Le désir a-t-il vraiment un sens ? Il n’y a finalement que la paix du cœur qui importe. Mais pourtant, tu rentres chez toi et ton cœur s’apaise par ces nuits de prière et le signe ne te quitte jamais. Ce signe ne supporte pas que tu sois triste.

Ton âme se réveille soudain et se souvient. Elle revoit les plus belles qualités qu’une âme peut renfermer. Un signe. C’est tout ce qu’il fallait. Lorsque l’on sent sa vie, on se reproche tout : de ne pas avoir assez aimé, de ne pas avoir assez écouté, accompagné, on découvre ses manques. Bonne idée pour avancer et être meilleur. Il faut s’interdire d’être une âme malheureuse entraînée à la dérive et trop faible pour lutter. Inutile de gémir sur sa vie.

Cinq milliards d’êtres t’entourent. On ne souffre pas plus qu’un autre. Chacun porte son « tas de briques » et avance avec. Combien de fois l’âme a-t-elle essayé de céder aux tentations pour échapper de manière lâche à sa propre peine ? Cette vie n’est qu’une bataille sans trève. Pour qui veut être un homme digne du nom d’homme doit lutter constamment contre les désirs troubles ou troublants, contre tout ce qui peut te pousser à t’anéantir. Il n’y a pas de bonheur absolu dans cette vie, il n’y a que des moments de bonheur.

Le reste n’est que lutte pour te rendre homme et femme. Je ne sais pas si l’on vit pour être heureux. Je n’en sais vraiment rien. Je sais seulement qu’il faut être ce que l’on doit être : un homme, une femme. L’enfant qui est en toi doit lui laisser la place. Le signe accompagne. Chacun en a besoin, mais il te quittera si tu n’en vaux pas la peine.

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