La dissolution, longtemps espérée et aujourd’hui actée, de la Demographics Units, cette unité secrète mise en place par le NYPD, le tout-puissant département de police des Etats-Unis, afin d’espionner les musulmans New Yorkais au nom d’une lutte contre le terrorisme qui a frayé dans les eaux troubles de l’anti-constitutionnalité, représente-t-elle un petit pas en faveur des droits civiques d’une communauté outragée, et un grand pas en faveur du renforcement de la cohésion sociale ?
Pour le nouveau maire démocrate de la mégapole américaine, Bill de Blasio, qui se démarque en tout point de son prédécesseur, Michael Bloomerg, et notamment de son extrême bienveillance envers une espionnite aiguë qui violait allègrement les règles fédérales, le coup d’arrêt donné à cette surveillance policière est de bon augure : « C’est une étape cruciale dans l'apaisement des tensions entre la police et les collectivités qu'elle sert, afin que nos policiers et nos citoyens puissent s'entraider dans la lutte contre les mauvaises personnes", a-t-il déclaré en conférence de presse.
Unanimement saluée par les citoyens musulmans et les défenseurs des libertés civiles, cette décision de mettre un terme aux agissements d’une unité de plus en plus ouvertement controversée, d’abord par l’agence Associated Press qui, la première, a osé pointer un doigt accusateur vers l’intouchable NYPD, puis par 34 membres du Congrès qui ont exigé une enquête fédérale sur les actions de la police de New York, dénonçant l’implication de la CIA, et enfin par des plaintes déposées par des justiciables musulmans désireux de laver leur honneur, a été accueillie de manière plus circonspecte par d’autres, même s’ils estiment qu’elle vient à point nommé.
Linda Sarsour, directrice de l’association arabo-américaine de New York, partage la satisfaction générale mais avec toute la prudence qui s’impose, restant perplexe quant à l’infiltration des mosquées par la police qui, selon elle, perdurera à n’en pas douter. "Il fallait en finir avec la Demographic Units, personne ne remet cela en cause, mais rien ne prouve qu’avec la disparition de cette unité, la surveillance policière, ses taupes et ses téléobjectifs très intrusifs vont cesser d’opérer", s’interroge-t-elle, en cherchant à alerter les esprits sur une décision qui pourrait s’avérer en trompe-l’œil. Ce qui n’aurait rien de très surprenant quand « l’œil de Moscou » a rôdé pendant tant d'années aux abords et dans les mosquées, dans les universités, près des domiciles, voire sur les lieux de travail, et rôde certainement encore…
New York, la cité qui ne dort jamais et fait bien plus que veiller sur ses administrés musulmans, elle les garde carrément à l’œil, changera-t-elle radicalement d’approche à leur égard, en faisant prévaloir la présomption d’innocence sur la suspicion généralisée de terrorisme ? Donna Lieberman, la responsable des Libertés civiles de la ville sur la sellette, l’espère vivement, en exhortant au changement de méthodes répressives mais aussi de mentalités au sein du NYPD.
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