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Chine : un Ouïghour condamné à six ans de prison pour port de la barbe et sa femme à deux ans pour port du voile

Les années s’écoulent, les mois se succèdent, et les semaines défilent sans que le rouleau compresseur chinois qui broie l’éthique, la morale et la résistance des Ouïghours, cette minorité turcophone de la province autonome du Xinjiang persécutée dans l’indifférence générale, n’assouplisse sa répression de tous les instants et tous azimuts.

Cette chasse aux sorcières menée tambour battant depuis ces cinq dernières années contre une communauté musulmane, composée de 9 millions de fidèles, à qui la Chine totalitaire reproche de ne pas se fondre dans le moule de l’athéisme, est à l’aune de son arsenal de mesures de rétorsion qui va de la criminalisation du jeûne du Ramadan (nombre de Ouïghours jugés récalcitrants ayant été jetés en prison comme de vulgaires malfrats), aux descentes de police fracassantes dans des magasins vendant des hijabs, en passant par le refoulement des barbus et des femmes voilées hors des bus, et la récente interdiction de l’étude du Coran dans les écoles, sans oublier les émeutes sanglantes de 2009 qui endeuillèrent la capitale Urumqi.

Cette oppression politique éminemment cruelle et injuste, dont on pensait qu’elle avait peut-être atteint son paroxysme, vient de sombrer dans la tyrannie de l’absurde en sortant du chapeau deux nouvelles sanctions pénales qui ont perdu tout sens de la mesure. A la consternation générale, et notamment du Congrès mondial Ouïghour en exil en Allemagne, un malheureux Ouïghour barbu de 38 ans vient d’être condamné à six ans de prison ferme par un tribunal de Kashgar pour une pilosité considérée comme le pire des crimes…  Sa femme n’a pas été épargnée non plus par une mascarade de procès qui, arguant du prétexte fallacieux que « le couple attisait des querelles et provoquait des troubles », l’a envoyée croupir derrière les barreaux pour deux longues années pour son voile honni et hors-la-loi.   

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"C’est une affaire qui ne se produirait pas ailleurs dans le monde", s’est aussitôt insurgé Dilxat Raxit, le porte-parole du Congrès mondial ouïghour, dans un communiqué en date du 30 mars, cité par l'Agence France Presse (AFP). "C’est inacceptable et totalement absurde. Ces verdicts démontrent l’hostilité farouche de la Chine et sa crise de gouvernance qui s’enferre dans la persécution politique des Ouïghours", pouvait-on lire sous sa plume affligée, ajoutant: "L'objectif de la Chine est d'utiliser tous les moyens judiciaires pour forcer les Ouïghours à accepter les traditions du peuple chinois et à renoncer à leur mode de vie."

Ces deux sentences ahurissantes ont soulevé une houle d’indignation sur les réseaux sociaux, les internautes scandalisés profitant de cet espace de liberté qui échappe à la main de fer chinoise pour dénoncer les dérives de ses restrictions religieuses, dont la récente rémunération d’indics ou de délateurs pour signaler aux autorités leurs voisins à la barbe naissante ou fleurie a franchi un nouveau palier intolérable.

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