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Algérie: le peuple et son armée …

Pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie, l’armée a, dans une crise politique opposant le peuple au pouvoir, tranché en faveur du peuple. Elle l’a écouté, entendu et a déféré à sa volonté : se débarrasser des Bouteflika.
Son Excellence Le Peuple Algérien (SELPA) et l’Armée Nationale Populaire (ANP) ont mis fin en ce 26 mars 2019 à une distorsion qui a trop longtemps duré, à une inversion perverse des valeurs et de l’ordre naturel des choses qui prévalait depuis l’indépendance, rétablissant du coup le lien logique et ontologique devant exister entre un peuple et son armée. C’est un premier pas vers leur réconciliation.
En ce jour, une nouvelle ère commence en Algérie qui pourrait voir le peuple, détenteur exclusif de la souveraineté, choisir librement et démocratiquement ses représentants de la base au sommet, conformément aux dispositions de la Constitution en vigueur. C’est le but final de la révolution citoyenne.
L’Armée ne doit plus jamais être un écran ou un arbitre entre le peuple et son pouvoir, mais toujours derrière le peuple, aux côtés du peuple, en toutes circonstances.
La Constitution consacre dans son Titre 1 une logique et une hiérarchie qui situent le peuple au sommet, et l’Etat en deuxième position. A l’origine, au point de départ, il y a et il n’y aura jamais que le peuple citoyen.
La souveraineté populaire est incarnée par le peuple, et la souveraineté nationale par l’Etat.  
La souveraineté populaire est exclusive au peuple, alors que la souveraineté nationale inclut le peuple (à travers les représentants qu’il se donne par les élections), l’Etat et son bras armé, l’ANP.
L’Etat et ses institutions politiques sont désignés périodiquement par le peuple. Le choix du président de la République et de tous les élus relève de la souveraineté exclusive du peuple. La conscience citoyenne devra rester vigilante à cet égard et y veiller.
L’armée est une des institutions de l’Etat dont la spécificité est d’être la dépositaire des armes.  Nulle part la Constitution ne fait état de la « souveraineté militaire », ou n’autorise l’armée à choisir ou à imposer par la force ou la fraude le président de la République. Ces pratiques, cette époque, sont désormais révolues.
La révolution citoyenne qui a commencé le 22 février 2019 devra aller au terme de l’ensemble de ses objectifs démocratiques. Elle n’est pas un mouvement de revendications matérielles ou socio-professionnelles, c’est un mouvement historique de réappropriation de l’Algérie, de la direction de l’Algérie, du gouvernement de l’Algérie, selon les critères universels de l’Etat de droit, moderne et civil.
Le peuple n’est pas, comme son armée, une entité, mais une multiplicité. Il n’est pas un corps régi par un règlement, la discipline et la voie hiérarchique, mais un grand nombre de personnes ne se connaissant pas, éparpillées à travers le territoire national et à l’étranger, n’ayant pas la même information ni la même pensée. Mais le peuple est tenu de développer une idée claire de ce qu’il veut et de ce qu’il peut.
Il n’a rien à craindre de l’étranger dont le prémunit son armée, mais il doit se protéger de l’anarchie, de la surenchère, de la démagogie, du populisme, des rumeurs, du réveil des « açabiyate », des soutiens insincères au « hirak »…
La page des Bouteflika est tournée. Celle du « système » devra suivre. Dans le respect de l’ordre et de la légalité, sans soubresauts, violence, ou règlements de comptes.
Si l’armée n’avait pas demandé la mise en œuvre de l’article 102 comme revendiqué par la société depuis des années, qui l’aurait fait ?  Le Conseil constitutionnel est la seule institution qualifiée en la matière, mais les Bouteflika ont pris le soin de le verrouiller en nommant à sa tête il y a deux mois quelqu’un qui n’avait pas le droit d’y être. Le Conseil constitutionnel ne l’aurait jamais fait, ni le parlement voté l’état d’empêchement.
A eux deux, peuple et armée, ils seront imbattables et réussiront à installer la nouvelle Algérie, la IIe République algérienne, démocratique et sociale, vœu de toute la nation. On l’appellera tout simplement « République algérienne ».
 

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14 Comments

  1. @toz
    Je vous cite :
    “quand nous serons “démocratiques (sous entendu à l’occidental) ”
    Ce sous-entendu dont vous êtes vous même l’auteur appelle selon moi une question :
    En matière de Démocratie, existe-il une version ” à l’oriental ” qui vous semblerait plus adaptée aux intérêts du peuple algérien ?
    Si c’est le cas, merci de nous en préciser les grandes lignes. Celles qui se démarquent le plus des règles occidentales.
    Concernant” le grand remplacement” des affairistes locaux par des capitalistes juifs, comme par hasard (les Rothschild) j’ai bien peur que votre fantasme soit depuis longtemps une réalité.
    Le capitalisme mondial ne changera pas de nature, ni d’acteurs, quelque soit les changements politiques en Algérie, et la mondialisation de l’économie ne s’arrêtera non plus pas aux portes de l’Algérie.
    Il faut faire preuve d’une grande sagacité, selon moi, pour désigner “ad hominem” ainsi que vous l’écrivez, les différents acteurs de ce gigantesque puzzle économique.
    Le plus grand risque que court actuellement l’économie Algérienne, est me semble-t-il que les “affairistes locaux” soient tout simplement remplacés par d’autres “affairistes locaux, plus modernes, news look en quelques sorte, qui tout en modernisant cette économie, en la rendant plus performante, formeront à nouveau, une nouvelle caste, brillante et technocratique, toute aussi désireuse de participer à son propre enrichissement que les précédents, mais avec beaucoup plus de finesse, oserai-je dire.
    C’est un scénario que je ne souhaite absolument pas pour l’ Algérie.
    Mais se débarrasser des militaires, et des fossiles qui dirigent actuellement ce pays, me parait être pour l’heure le plus urgent.
    Tout ne se fera pas en un jour, surtout quand il s’agit d’intérêts majeurs, et il me semble que certaines étapes seront nécessaires.
    L’objectif majeur restant en tout état de cause, le retour vers la souveraineté totale du peuple Algérien.
    Les formes que prendront ce combat, seront originales, même si certaines similitudes historiques peuvent offrir des pistes de réflexion, la mise en oeuvre du projet ne pourra être qu’Algérienne dans toute son expression et dans toute sa créativité.
    Bon courage à tous
    cordialement

  2. dans la continuation du propos de @patrice “l’armée n’est pas la solution, mais le problème”, on peut poursuivre par cette citation:
    “la Démocratie n’est pas une maladie, mais une guérison”
    Il est extrêmement difficile de cerner aujourd’hui qui dirige réellement l’Algérie.
    Les Algériens ont beaucoup de mal à décrypter les rouages du pouvoir Algérien, les observateurs étrangers encore plus, cela parait évident.
    En lisant la presse Algérienne, totalement sous contrôle, c’est totalement impossible.
    Les commentaires des Algériens vivant en France, ont plus de pertinence, ainsi que ceux de la presse indépendante, genre média-part, le canard, le monde diplomatique, voire le courrier international (quoi que).
    Les oumanautes plus au fait de la question me corrigeront s’ils estiment que je suis dans l’erreur, mais j’ai tendance à penser que Media-Part a bien vu les choses quand il ecrit :
    “la maffia politico financière qui a incrusté tous les rouages de l’Etat, depuis les années 90, a permis le détournement de milliards de dollars issus de la manne pétrolière et gazière, par les généraux décideurs”
    Il en résulte que la collusion entre les généraux “décideurs” et les oligarchies financières est aujourd’hui clairement établie.
    La Démocratie, qui implique entre autre la transparence, va devenir très rapidement le problème, pour ceux dont les privilèges vont se trouver étalés au grand jour.
    Les réactions prévisibles de ces décideurs de l’ombre, risquent de démontrer très vite que leur appel à un retour de la Démocratie en Algérie, n’étaient en réalité qu’un enfumage de plus.
    Dans ces conditions,le combat qu’engage le peuple Algérien, pour retrouver sa souveraineté, est tout aussi nécessaire que légitime.
    Il faudra beaucoup de courage, de lucidité, et surtout de ténacité, car il est clair que ceux qui ont crée cet Etat corrompu et qui en vivent ne renonceront pas facilement à leurs privilèges.
    Viennent s’ajouter à ces difficultés, les tentatives de récupération que les religieux ne vont pas manquer d’exploiter.
    A commencer par leur volonté d’occuper le fossé qui s’est creusé, entre les élites, la classe moyenne, et les classes populaires.
    Sur tous ces sujets, le peuple Algérien montre à ce jour, une attitude qui soulève beaucoup de respect et d’espoirs.
    Pour ma part, je lui adresse tous mes vœux de réussite, car je partage avec lui, l’espoir que la justice et la liberté triomphent enfin, dans un pays dont l’histoire montre qu’il le mérite plus que tout autre.
    Amitiés et Espoir
    cordialement

  3. Je lis depuis longtemps et avec un grand plaisir ce que vous écrivez et j’ai été souvent tenté de vous écrire pour vous dire combien j’apprécie votre manière d’écrire et votre lucidité.
    Dans votre dernier vous semblez tellement enthousiaste à l’annonce de Gaïd Salah qu’il me semble que vous ne mesurez pas l’ampleur de la dernière ruse que le système (et Gaïd Salah en est un des symboles) a concocté contre notre révolution citoyenne. Il me semble que vous n’avez pas mesuré les conséquences de l’application de l’article 102. Je suis étonné que vous n’ayez pas examiné ces conséquences d’autant que vous avez étudié de manière très serrée et avec une rare maestria la constitution dans un de vos précédents textes.
    Une étude de votre part des conséquences d’un tel “légalisme” vous aurait amené – comme d’ailleurs plusieurs personnalités : Bouchachi, Tabbou et Ghani Mahdi, pour ne citer que ceux là – à conseiller à vos lecteurs et ils sont nombreux à refuser cette ruse. Il s’agit ni plus ni moins d’une révolution citoyenne et la constitution actuelle, compte tenu de toutes les infractions dont elle a été l’objet de la part de ses initiateurs est totalement dépassée. Cette constitution n’est valable qu’à travers l’article 7 qui dispose que le peuple est la source de tout pouvoir.
    Demain vendredi le mot d’ordre sera de refuser cette dernière ruse du système.

  4. Quand nous serons ” démocratiques”, sous entendu à l’occidentale, le pays connaitra une grande différence : jusque là ce sont les affairistes généraux et oligarques qui mangeaient le pays, des gars bien de chez nous. Demain, ce sera Rothschild et compagnie qui nous boufferons. Même qu’un jour nous aussi on sortira des gilets jaunes.
    On n’arrête pas le progrès.

  5. Encore et toujours le sabre et le goupillon.
    Côté GIA, sur que la situation est moins alarmante. Mais l’armée détient le pouvoir et ne le lâchera pas. Elle a quand même la finesse de feindre un attachement à la démocratie, purement verbal, mais on peut s’attendre à une succession d’enfumages, de reports, et à toutes manoeuvres visant à retarder le changement.
    L’armée n’est pas la solution, c’est le problème.

  6. Baraa, l’armée française n’est pas une armées de “mercenaires” mais de professionnels, comme dans la plupart des pays, dans un soucis d’efficacité, car le métier de soldat s’apprend et demande du temps.
    En France, l’armée obéit au pouvoir politique démocratique, lequel pouvoir repasse régulièrement devant les électeurs.
    Ce n’est pas le cas en Algérie…

  7. Cette armée reste une continuation de l’arme des frontières.
    L’armée de libération était stérile par la force, et n’a donc pas enfanté.
    Pour ma part, je ne suis pas pour une continuité de l’armée de libération, encore moins celle des frontières.
    Armée veut dire politiquement ministre de la guerre et non ministre de la défense.

  8. Non ce n’est pas le peuple et son armée, c’est le système est son armée, el gueyed salah c’est le protecteur du système jamais du peuple et sa révolution, c’est un des généraux les plus corrompus et pourris, comment peut il être du coté du peuple ? en plus la constitution ne lui permet de s’ingérer dans les affaires politiques, en plus il est trop tard d’évoquer l’article 102. Il y a une énorme contradiction dans la dernière lettre du clan présidentielle, le président déclare qu’il n’est pas apte à assumer un 5 eme mandat, maintenant le général major va demander au conseil constitutionnel de vérifier l’état de santé du président….c’est une blague ? le général elgueyed salah ne devrait même pas réfléchir, il brûle les neurones de son ventre, il devrait démissionner et suivre ce qui se passe derrière l’écran de sa TV. Je demande encore une fois aux officiers supérieurs de l’ANP d’exiger le départ du gueyed il n’est pas à la hauteur de sa mission surtout durant cette période historique que vit le pays.

  9. Que l’armée nous dise clairement BOUTEFLIKA n’est plus au pouvoir. Alors qui est au pouvoir maintenant en Algérie pour la deuxième République?
    dans beaucoup de pays démocratiques au monde, s’il ya l’incapacité du pouvoir de président de la république soit le premier ministre vient à sa place ou le président de l’assemblée nationale. où en est le cas de l’Algérie?

  10. je ne vois pas pourquoi l’Algérie ne pourrait pas se proclamer république démocratique et populaire réelle cette fois, puisque la plupart des républiques dans le monde ne sont ni républicaines (chose publique), ni non plus démocratiques (gouvernée par le peuple), ni populaires (aux mains des classes populaires), à commencer par celle qui écrase la vague jaune et celle qui prétend gouverner un monde unipolaire.

  11. Il ne faut jamais oublier qu’une armée de conscrits ne peut se comporter exactement comme une armée de mercenaires. Il y a trop de fils du peuple présents en son sein et témoins des choses. Son maniement reste donc toujours assez difficile pour n’importe quelle coterie. C’est un des atouts que possède encore le peuple algérien …à la différence du peuple de France.

  12. L’armée et son peuple plutôt.. Un article peut en cacher un autre … Le 102 cache le 104 … Monsieur Boukrouh est très au fait des choses … Le Peuple est conscient du problème et de la solution. Le problème ne peut offrir de solution … Il est et restera le problème. Le paternalisme obsolète, les vieux fonctionnaire de 65 ans et plus qui se croient indispensables, sont le problème … La retraite à 60 ans est la solution à 90% de nos problèmes .. Le reste, c’est la concertation, le travail l’inspiration, la transpiration …

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