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Boualem Sansal et l’arbre qui cache la forêt

Depuis une dizaine de jours, l’Algérie est la cible d’une campagne politico-médiatique haineuse, dans laquelle on trouve pêle-mêle les voix les plus répugnantes de l’extrême-droite islamophobe et les défenseurs inconditionnels de l’Etat génocidaire d’Israël.

En cause, l’arrestation de leur ami Boualem Sansal, un écrivain porté aux nues dans les cercles parisiens, non pas tant pour ses qualités littéraires que pour ses services rendus dans la guerre idéologique contre l’islam et l’Algérie.

Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es. Il suffit de jeter un coup d’oeil à la liste des pétitionnaires qui ont lancé un appel en faveur de la libération de Boualem Sansal pour savoir de quoi il en retourne.

Tous sans exception sont des défenseurs acharnés de la guerre génocidaire que mène l’Etat colonialiste et raciste d’Israël à Gaza. Tous sans exception sont mobilisés dans la guerre idéologique et sociale contre l’islam et les musulmans en France et en Europe, au nom de la lutte contre le « grand remplacement ».

Boualem Sansal a été arrêté à l’aéroport d’Alger, le 16 novembre dernier, et a été déféré devant le procureur de la république endéans les six jours qui ont suivi son interpellation, comme le stipule la loi algérienne. Placé sous mandat de dépôt, il a été interné dans une unité pénitentiaire d’un hôpital d’Alger.

Boualem Sansal a fait appel de sa mise en détention, a fait savoir un des avocats locaux qui travaillent en collaboration avec son avocat parisien. La chambre d’accusation a un délai de 21 jours pour se prononcer sur cet appel.

L’avocat de Boualem Sansal, Me François Zimeray, qui est aussi, faut-il le rappeler, l’avocat de Benjamin Netanyahou à La Haye, a reconnu que son client « a pu s’entretenir librement aujourd’hui avec les avocats algériens travaillant en équipe avec son défenseur français. Son état de santé général est surveillé et il ne s’est pas plaint de mauvais traitements durant sa garde à vue » (Le Monde 27 novembre 2024)

Une liberté d’expression à géométrie variable

En qualifiant d’ « inacceptable » « la détention sans fondement «  de Boualem Sansal, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’a pas hésité à s’ériger en juge dans un pays indépendant et souverain.

En déclarant que « nous nous attacherons à préparer une défense en veillant à écarter autant que possible la dimension politique de l’affaire », l’avocat de Boualem Sansal, Me François Zimeray, sait au fond de lui-même que seule l’invocation d’un droit formel et abstrait à la liberté d’expression peut sauver son client.

En effet, l’argument choc auquel recourent ceux qui défendent Boualem Sansal est évidemment le sacro-saint principe de la liberté d’expression, principe juridique formel qui écarte d’emblée la question de l’accord ou du désaccord avec le contenu qui est exprimé. Ce principe est illustré par la fameuse citation attribuée à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »

Mais ce beau principe formel a-t-il ou non des limites ? Que dit par exemple la Convention européenne des droits de l’Homme qui est d’application dans tous les pays européens à ce sujet ?  Dans son article 10, alinéa 2, il est stipulé que “L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui…“.

Donc en Europe, la liberté d’expression connaît des restrictions légales et personne ne trouve rien à y redire, mais en Algérie la liberté d’expression devrait être SANS LIMITES ?

Que s’est-il passé dans le pays de Descartes ? Le bon sens a disparu ? En France, on ne peut pas exprimer sa solidarité avec la résistance des Palestiniens sans être accusé d’ «incitation au terrorisme ». En France, le négationnisme et le révisionnisme ne sont pas des points de vue mais des délits punissables par la loi. En ce qui concerne l’Algérie, en revanche, tout peut être dit et écrit au nom de la liberté d’expression !

L’Algérie n’est pas une jungle

Certes, l’Algérie n’est pas une démocratie suisse. L’Etat algérien souffre de nombreuses carences bureaucratiques de l’aveu de ses propres dirigeants. Les libertés fondamentales méritent une meilleure protection. Mais l’Algérie n’est pas une jungle. Elle a ses lois et ses institutions imparfaites, certes, et qui demandent à être améliorées, mais ce n’est pas une raison pour qu’elle accepte de juger Boualem Sansal avec d’autres lois que les siennes.

Me François Zimeray a le droit et le devoir de défendre son client de la meilleure des façons qu’il jugera opportune, mais il sera obligé de le faire dans le cadre du droit algérien lequel, en l’occurrence, ne déroge guère au droit international.

Les restrictions imposées par le législateur algérien à la liberté d’expression ne sont pas fondamentalement différentes de celles que nous retrouvons dans la Convention européenne des droits de l’Homme.mais

En reprenant à son compte la propagande mensongère des réseaux makhzéniens sur la soi-disant appartenance de l’ouest algérien au Royaume du Maroc (appartenance qui n’existe que dans leurs têtes de malades), dans un contexte géopolitique régional et international marqué par la volonté de certaines puissances de redessiner la carte de la région par le recours aux nouvelles guerres hybrides, Boualem Sansal n’a pas volé l’accusation d’atteinte à l’intégrité territoriale et à la sécurité nationale.

Non content d’avoir trahi le pays qui a adopté son père marocain et qui lui a accordé les mêmes droits qu’à tous les Algériens jusqu’à en faire un directeur central au ministère de l’Industrie, Boualem Sansal n’a pas hésité à s’engager de toute son âme au service de l’Etat colonialiste et raciste d’Israël, sans le moindre respect pour les sentiments de la grande majorité de ses compatriotes réduits au rang de barbares à l’occasion.

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Combien de Sansal sont encore en service clandestin ?

Refermons vite le couvercle de la poubelle pour éviter d’avoir à respirer plus longtemps ses odeurs nauséabondes. La seule question qui devrait intéresser et inquiéter les Algériens est celle-ci : pour un Boualem Sansal arrêté et démasqué, combien d’autres Sansal sont encore en activité underground au sein des institutions de l’Etat algérien ?

A force d’offenser l’Algérie et les Algériens, la France est en train de leur rendre le plus grand des services. La tendance à la déconnexion par rapport à l’ancienne puissance coloniale, qui passe par la décolonisation des esprits, telle que l’ont imaginée Frantz Fanon et Malek Bennabi, est en train de gagner du terrain.

Sous les pressions en sens contraire d’une nomenklatura que trop de liens rattachent encore à la France, l’Etat algérien hésite encore à couper définitivement le cordon ombilical qui le lie à l’ancienne puissance coloniale, comme l’illustre la présence du français, à côté de l’anglais, danser le cycle d’enseignement primaire et comme l’illustre le fait regrettable qu’on continue d’enseigner la médecine et l’ingénierie en français, et non en anglais comme cela devrait l’être tout naturellement.

Mais des facteurs structurels plus lourds, comme l’aspiration irrépressible des Algériens à une prospérité partagée que contrarie la dépendance néocoloniale et l’apparition de nouvelles opportunités sur la scène internationale, sont en train de dénouer ce qui a empêché jusqu’ici que l’Algérie vole enfin de ses propres ailes vers un développement indépendant.

Cette tendance est désormais irréversible surtout avec l’arrivée progressive aux commandes d’une jeune génération de managers qui voit le monde dans sa véritable dimension, un monde dans lequel la France n’est qu’une puissance moyenne parmi d’autres.

Et c’est ce qui explique le paradoxe suivant lequel plus la France assistera impuissance au recul de son statut en Algérie, et en Afrique plus généralement, plus les voix nostalgiques d’un passé à jamais révolu vont redoubler de volume pour tenter d’arrêter la marche inexorable de l’histoire.

Les marchands de la haine

Dans leur propagande mensongère, les médias mainstream n’hésitent pas à présenter l’aspiration algérienne à se libérer de l’influence néfaste des cercles néocolonialistes français comme une forme de haine à l’égard de la France.

Le mensonge est grossier. Non seulement, les Algériens n’éprouvent aucune haine à l’égard de la France mais ils savent qu’au fond la haine anti-algérienne véhiculée par les médias mainstream est essentiellement le fait des cercles qui ont longtemps fait allégeance à une puissance étrangère.

Cette allégeance va jusqu’à contredire les intérêts de la France, qui ⁹comme on a pu le voir récemment lors de la levée de boucliers contre le président Emmanuel Macron quand il s’est aventuré à réclamer une restriction à la livraison d’armes à Israël.

C’est pourquoi dans leur quête légitime d’une relation respectueuse et équilibrée, les Algériens retrouveront sur leur chemin les nombreux Français qui ont compris que leur beau pays a été pris en otage par des lobbies idéologiques, qui se gargarisent de slogans pseudo-laïcs et pseudo-universalistes pour mieux cacher leur tribalisme et leur inféodation à des intérêts étrangers sonnants et trébuchants.

 

 

 

 

 

 

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One Comment

  1. On se trompe tous un jour ou l’autre. Étant un français d’origine maghrébine, j’ai longtemps occulté et ignoré une certaine phrase qui raisonnait dans mon environnement d’origine : on ne veut pas de nous, la France déteste notre religion ! Ou … Il y aura toujours quelque chose de dérangeant chez nous..

    J’ai longtemps balayé cette idée, tenté de discréditer cette remarque, et débattu longuement avec mon interlocuteur pour le faire changer d’avis . Mais il faut l’avouer, je me suis trompé.

    Je n’ai pas vu ou peut-être pas voulu voir ce rejet en France de la part d’un certain monde littéraire, médiatique et politique, notamment de la droite. Ce refus d’accepter l’image du français d’origine maghrébine qui s’ épanouit dans sa religion. Oui, c’est bien de cela que l’on parle ici.

    Cette image en France ne passe pas pour un certain nombre. J’en suis convaincu aujourd’hui. Et la preuve, nous l’avons.

    Comment expliquer que de nombreux français musulmans pratiquants, pour la majorité très discrète et qui aiment leur pays, sont complément occultés dans les médias, voir souvent dénigrés, et que , en dépit du sort et mondialisation oblige : nous en avons finalement importés d’autres qui soit plus conformes aux normes CE. Car la vérité se cache ici. Le grand remplacement se trouve peut-être là.

    Voilà pourquoi Abnousse Salmani , l’imam chalghoumi, Mohamed Sifaoui, Kamel Daoud , et Boualem Sansal, qui ne sont pourtant pas natifs de France comme nous, et qui, à mon sens, ne connaissent pas grand-chose de ce pays hormis la langue , mais qui ont l’immense avantage pour les médias d’être des antireligieux ou hostile au monde musulman, contrairement à tant d’autres, soit autant adulés et courtisés par la presse et par la Droite. Ces pantins ont appris la leçon patriotique ( surtout de droite) par cœur et jouent le jeu à merveille.

    C’est quand même étonnant : Plus on critique son propre pays d’origine sans aucune nuance, ainsi que son peuple et sa religion, plus on est applaudi en France et considéré comme une lumière . Cette équation est tout sauf un hasard. Le message derrière tout cela n’est ni liberté, ni progrès, mais surtout rejet et haine de l’autre.

    On a le droit de ne pas aimer une religion ou même une culture mais pourquoi une telle cabale ?

    Et que penserait l’hexagone si un écrivain français s’exilait dans un pays étranger et écrirait pour le flatter un roman sur la collaboration de la France avec les nazis ? Ou bien un livre sur le massacre des protestants ? Ou sur l’intolérance religieuse de Louis XIV ? Ou encore dénoncer dans un roman les nombreux actes féminicides, agressions sexuelles et affaires de viols qui rythment l’actualité française ? Comme les viols de Mazan ? Et pourquoi ne pas en faire des films , tiens , pour le faire savoir au monde entier ? Je ne suis pas sûr que cela fasse l’unanimité.

    D’autres le feraient par ambition personnelle et avec d’immenses erreurs historiques en plus.: Kamel Daoud par exemple, ou Boualem Sansal. Voilà pourquoi ces individus ne m’inspirent aucune confiance.

    Quant à moi, français musulman comme tant d’autres, je ne le ferais pas, car en dépit des périodes sombres, des contradictions de son histoire et de ses faits divers, j’aime malgré tout ce pays-là France, car je sais qu’il ne se résume pas à cela. Je sais aussi qu’il a su changer durant son histoire, et que d’autres pays aussi sont sur la voie du changement. Cela s’appelle la tolérance, l’espoir et la bienveillance.

    Que les pantins de la droite en tirent des leçons.

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