Il n’en finit pas de lui couper l’herbe sous le pied, tout en étant sa plus grosse épine… toujours dans ce même pied, Alain Juppé fait tout pour contrarier son ennemi juré, Nicolas Sarkozy, et se démarquer des prises de position populistes de l’ex-oligarque qui, entre deux conférences insipides payées à prix d’or dans les émirats de l’or noir, braconne à nouveau sur les terres du FN à la tête de l’UMP, ou du moins ce qu’il en reste…
Depuis sa mairie de Bordeaux, le « meilleur d’entre nous », selon son père spirituel Jacques Chirac, qui ne cache plus son ambition suprême, la présidence de la République en 2017, prend l’exact contrepied des solutions sécuritaires et répressives préconisées par la garde rapprochée de Sarkozy, s’imposant ainsi comme le plus sérieux rival de l’ancien président du bouclier fiscal, du diviser pour mieux régner, et du tristement mémorable « mouton dans la baignoire ».
Ainsi, lors de son récent déplacement à Branges, en Saône-et-Loire, Alain Juppé n’a-t-il pas tourné autour du pot pour alerter son auditoire, composé de plus de 800 sympathisants tout ouïe, sur le danger que revêtent les mesures arbitraires du type « Patriot Act » à la française, refusant de céder à l’affolement du moment suite aux attentats de Paris.
En quête de « l’identité heureuse », comme il l’a répété dans un entretien à Libération, et se faisant le chantre d’une vision « respectueuse de la diversité, l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui se « méfie des excès des défenseurs zélés de la laïcité », n’est pas de ceux qui hurlent avec les loups pour mieux appeler à ostraciser les mères d’élèves voilées lors des sorties scolaires.
Bien au contraire, sa voix fait entendre une dissonance particulièrement agréable à l’oreille dans le concert strident de la diabolisation, répondant par cette phrase éloquente au sujet de la peu glorieuse circulaire Chatel, l’un des ténors de son clan, qui a fait des mamans voilées les nouvelles pestiférées de la République : "Quand ma maman allait à la messe, elle portait un foulard", a-t-il déclaré en faisant ressurgir du passé une réalité de la France d’autrefois, dont rares sont ceux qui s’en souviennent encore à force de la gommer des mémoires.
Alain Juppé, l’empêcheur de régner en rond de Sarkozy, a ainsi exprimé de manière subtile son désaccord, tout en affichant sa singularité républicaine au sein d’un parti enlisé dans ses querelles intestines et sa folle dérive droitière.
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