in

Réponse à la chroniqueuse du Figaro

Madame Christine Clerc,

Votre lettre intitulé « lettre à Fatiha » dans votre hebdomadaire le Figaro Madame ne m’a pas laissé indifférent. J’ai tout particulièrement apprécié votre enthousiasme à reconnaître le courage et le panache dont a fait preuve cette jeune femme de confession musulmane.

Néanmoins que de contre vérités et que de simplisme dans votre analyse. Ne pouvant rester passif devant tant de caricatures, de préjugés voir de violences symboliques, j’ai décidé de vous répondre sur quelques points.

« Je refuse que mon voile soit taché de sang », ces paroles de Fatiha attestent, selon vous, de son appartenance à la Nation. Et qu’ainsi avant d’être musulmane elle était française. J’avoue ici ne pas comprendre cette obstination, récurrente chez nos intellectuels, à vouloir que la nationalité devance la conscience. En réalité il s’agit d’idées et de concepts qui ne sont nullement du même ordre. Etre musulmane ou musulman est un choix et une conviction fruit d’une recherche spirituelle, la nationalité quant à elle, nous permet de nous situer dans l’espace et d’intégrer une population géographiquement situé. La religion nous propose une explication du monde et celle-ci demeure quelque soit la nationalité et le lieu où l’on se trouve. D’ailleurs je ne pense nullement que José Bové privilégierait sa nationalité française à son combat économique et écologique.

Vous affirmez ensuite que des milliers de filles ôtèrent leur foulard, en pénétrant dans les écoles républicaines, suite à la déclaration de Mme Ajbli. En réalité c’est surtout parce qu’elles n’ont pas eu le choix. D’ailleurs la réalité est plus triste encore puisque des centaines de jeunes filles ne vont plus au lycée, certaines ont même abandonné leur scolarité. Quelle belle loi humaniste au service des femmes.

Lorsque vous évoquez les crimes dans les pays musulmans, selon vous, seuls les personnes « aux cheveux courts » en seraient victimes. Non Madame, les femmes voilées ont été les premières à subir la folie des criminels, qui du reste n’étaient pas toujours des « barbus » mais des agents, bien civilisés, du renseignement algérien par exemple.

Enfin, cerise sur le gâteau, vous tombez dans un relent post-colonialiste lorsque vous vous attaquez violemment au foulard de nos chères concitoyennes musulmans. Je vous cite : « Hélas votre voile, fût-il rose, continue d’être le signe d’une oppression sanglante ».

Publicité
Publicité
Publicité

En réalité cette fixation sur le foulard est le signe de la non acceptation de l’autre dans son altérité. Effectivement, Madame, le problème ne se situe pas dans ce bout de chiffon mais bel et bien dans votre esprit. Il faut que vous admettiez que la France a changé, qu’elle est devenue multiculturelle. Il faut que vous acceptiez ces musulmans avec ce qu’ils ont de spécifiques.

Ce n’est certes pas une thérapie indolore mais c’est la seule qui puisse mettre fin à vos préjugés. C’est en tout cas ainsi que vous parlerait un psychanalyste.

La morale de cette histoire, me semble t-il, est que cette jeune femme a donné la leçon à de nombreuses pseudo féministes émancipées

En effet, comme vous le dîtes si bien, quel panache ! si ce n’est pas ça l’émancipation, je demande à voir !!! Car oui, Madame Ajbli voulait se livrer en otage en échange de nos concitoyens.

Cela démontre que ce foulard n’a rien d’oppressant pour celle qui le porte de leur plein grès.

Pour celles et ceux qui ne partagent pas cet avis, on leur demande de faire preuve de tolérance. On leur demande surtout de ne pas exclure ces jeunes filles des écoles sous prétexte d’une laïcité qui cache en réalité la non acceptation des différences. « Cachez ce foulard que je ne saurais voir. ». Quelle hypocrisie.

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Juifs et Arabes, condamnés à faire la paix

De la cérémonie du dévoilement à Alger (1958) à Ni Putes Ni Soumises : l’instrumentalisation coloniale et néo-coloniale de la cause des femmes