Elle n’en peut plus. Depuis cinq jours, Véronique Genest, comédienne de télévision et adepte frénétique de Twitter, est assaillie sur les réseaux sociaux. De nombreux citoyens, visiblement indignés, lui demandent d’expliquer sa présence, le 13 février, aux côtés de la Ligue de défense juive -un groupuscule ultra-sioniste et violent.
A l’occasion d’un rassemblement de commémoration de la mort d’Ilan Halimi, la LDJ faisait flotter ses drapeaux jaunes tandis que ses membres lançaient des appels à la haine. Comme Oumma l’a déjà rapporté, ce trouble manifeste à l’ordre public n’a pas suscité de couverture médiatique ou d’interpellation policière.
Aujourd’hui, s’exprimant à l’attention de ses abonnés sur Twitter, Véronique Genest a préféré réfuter la dangerosité de la LDJ et brocarder notre site à l’origine de la révélation de sa présence :
« Je ne m'étendrai pas plus sur ces élucubrations propagées par un site sectaire et communautarisme [sic] tel que Oumma ».
Il est vrai que la comédienne, qui transforme des vérités factuelles en « élucubrations », a quelques motifs de nous en vouloir. En septembre dernier, nous avions éclairé les origines de son obsession singulière à l’encontre de l’islam en exposant les opinions extrémistes de son époux, Meyer Bokobza.
Désormais, c’est la LDJ qui se félicite de la venue de la comédienne en mettant en ligne une photo capturée lors du rassemblement du 13 février. 785 « like » et 80 commentaires : l’image a suscité l’engouement des sympathisants ultra-sionistes.
Véronique Genest n’a pas condamné cette instrumentalisation patente de sa notoriété par une milice identitaire. Interrogée par ses abonnés, elle se contente de répondre qu’elle était venue rendre hommage à la mémoire d’Ilan Halimi.
Pourtant, comme le suggèrent ces images capturées par un manifestant, la comédienne semble savourer, face à la tribune, les envolées radicales de certains intervenants montés sur l’estrade. De 5’15 à 7’10, on découvre un passage éloquent : juste après les menaces d’assassinat proférées par la LDJ à l’encontre de Youssouf Fofana, la comédienne fait mine d’entonner, avec la foule, l’hymne israélien. A 8’21, on l’aperçoit s’exclamer « Am Israel Haï !», cri de ralliement du « peuple d’Israël ».
Pour oublier la bronca, la comédienne sarkozyste peut désormais compter sur le soutien tacite des autorités françaises. Révélée également par Oumma, l’invitation officieuse (par le proche BNVCA) des membres de la LDJ à l’Assemblée nationale n’a pas suscité d’émoi public de la part de Claude Bartolone, président de la chambre parlementaire. En dépit d’une vive indignation relayée sur les réseaux sociaux, le socialiste a fait fi des critiques et enfoncé le clou. Lundi soir, l’élu de Seine-Saint-Denis a publié, sur son blog, son discours tenu lors de ce « colloque » consacré aux « sources contemporaines de l’antisémitisme ». A l’instar de Manuel Valls et de la LDJ, le président de l’Assemblée nationale a assimilé la critique d’Israël à l’expression d’un racisme anti-juif :
« A côté de cet antisémitisme nourri de fondamentalisme religieux, il existe aussi un autre antisémitisme. Un antisémitisme qui au lieu de marcher au grand jour, avance tapi dans l’ombre. Un antisémitisme qui n’assume pas son nom et préfère se cacher derrière un apparent antisionisme. Un discours, plein de fureur et d’amalgames, qui ouvre la porte à tant de haine et de violences ».
La rhétorique fleurte avec une vision paranoïaque digne des années 30 : qui, précisément, avancerait« caché » et « tapi dans l’ombre » ? Mystère.
Si le propos semble démesuré ou grotesque, il n’en est pas moins troublant : le président d’une chambre parlementaire semble ici favorable à l’éventualité d’une pénalisation de la liberté d’expression dès lors qu’il s’agit de pointer du doigt les agissements d’un Etat colonialiste et hors-la-loi vis-à-vis du droit international.
Véronique Genest peut, dès lors, continuer de parader sereinement aux côtés de la LDJ : portées au pouvoir par le « vote musulman », les autorités actuelles, indifférentes aux protestations citoyennes, n’en prendront pas ombrage.
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