La valeur littéraire du Livre de Dieu et sa dimension philosophique se justifient par la manière d’exposer les problèmes et de les résoudre. C’est ainsi qu’il excelle dans les formes comparatives. Son but consiste à expliquer les idées abstraites par des paraboles pour les rendre plus accessibles à la compréhension, de sorte à agir avec plus d’efficacité sur les esprits plus sensibles aux choses concrètes.
En voici quelques exemples :
Les mécréants se persuadaient que les efforts effectués en direction de leurs divinités leur procuraient une satisfaction morale et attendaient, de leur intercession, la réalisation de leurs désirs. Le Livre sacré démontre l’inanité de ce déploiement d’énergie qui débouche sur des résultats dérisoires, tels que l’activité de l’araignée qui peine à tisser sa toile et qui n’aboutit en fin de compte qu’à construire un abri fragile :
« Ceux qui prennent des maîtres en dehors de Dieu sont semblables à l’araignée ; celle-ci s’est donnée une demeure mais la demeure de l’araignée est la plus fragiles des demeures. – Ah ! S’ils savaient ! » (S.29, 41)
Le Coran met l’accent sur les actes infructueux de l’infidèle et les compare à de la cendre que le souffle du vent éparpille, n’en laissant aucune trace susceptible de témoigner de son état :
« Les actions de ceux qui ne croient pas en leur Seigneur sont semblables à de la cendre sur laquelle le vent s’acharne un jour d’ouragan. Ils ne peuvent donc attendre aucune rétribution pour les œuvres qu’ils ont accomplies : c’est le profond égarement. » (S.14, 181)
Les comparaisons coraniques puisent leurs éléments dans l’environnement de l’homme qui, observant de visu et vivant les réalités décrites, saisit pleinement les enseignements contenus et subit les effets produits. Qu’y a-t-il de plus opérant pour un homme du désert, pour lui faire assimiler les conséquences de son incrédulité, que de lui rappeler les mirages dont il est victime lors de ses déplacements à travers l’immensité et la nudité du désert ?
« Les actions des incrédules sont semblables à un mirage dans une plaine. Celui qui est altéré croit voir l’eau ; mais quand il arrive, il ne trouve rien ; il y trouve Dieu qui lui paiera son compte. Dieu est prompt dans Ses comptes. » (S.24, 39)
A l’homme qui se laisse abuser par sa puissance et se berce d’illusions sur cette terre, se persuadant que son pouvoir s’étend sur tout ce qu’il croit maîtriser et que rien ne résiste à ses capacités physiques et intellectuelles, le Coran met en exergue la faiblesse du genre humaine confronté à la puissance incommensurable de Dieu dont la Volonté peut réduire à néant les efforts de Ses créatures, en suscitant des inondations, des tremblements de terre ou toute autre calamité naturelle.
« La vie de ce monde est seulement comparable à une eau : Nous la faisons descendre du Ciel pour qu’elle se mélange à la végétation terrestre dont se nourrissent les hommes et les bêtes. Quand la terre revêt sa parure et s’embellit, ses habitants s’imaginent posséder quelque pouvoir sur elle. Notre Ordre vient alors, de nuit ou de jour. Nous en faisons un champ moissonné, comme si la veille, elle n’avait pas été florissante. Nous expliquons Nos Signes, de cette façon, à des hommes qui réfléchissent. » (S.10, 24)
Le Coran se caractérise également par la concision de l’expression. Cela consiste à disséquer le sens d’une idée en peu de mots ou à rendre plusieurs idées en une phrase d’autant plus percutante et persuasive qu’elle est courte.
Ce verset, au rythme mesuré et réglé « Pratique le pardon, ordonne le bien ; écarte-toi des ignorants ». (S.7, 199), résume toutes les vertus de la morale.
Le pardon élimine la haine suscitée par les conflits qui opposent les antagonistes. Il les réunit, au lieu de creuser un abîme de rancœur et de soulever des désirs sans fin de vengeance. Ordonner le bien est une activité qui renforce la foi du croyant et l’élève chaque fois au-dessus du mauvais, du laid, de l’ignoble, de l’infâme et de tout ce qui est inesthétique. Quant à fuire l’ignorant, cela suppose le recourt à la patience, l’indulgence, la mansuétude, le contrôle de soi pour éviter de tomber dans le piège du méchant et du provocateur.
En deux phrases, renfermant six ou sept mots, le Coran décrit le bonheur du Paradis, tout en mettant en évidence les appétits de l’âme et les plaisirs dont jouit la vue : « … tout ce que l’on peut désirer et ce dont les yeux se délectent. » (S.43, 71)
L’activité de la vie humaine, liée à la création de l’univers, est exposée dans un raccourci sans égal :
« N’avons-nous pas disposé la terre comme un lit de repos, et les montagnes comme des piliers de tente ? Nous vous avons créés par couples. Nous avons fait de votre sommeil un repos. Nous avons fait de la nuit un voile. Nous avons fait du jour le moment de la vie. Nous avons construit au-dessus de vous sept solides cieux. Nous y avons placé un luminaire éblouissant. Nous avons fait descendre des nuées une eau abondante pour faire pousser, grâce à elle, des céréales, des plantes et des jardins luxuriants. » (S.78, 6 à 16)
Ces quelques exemples nous indiquent comment le Coran, en des expressions concises et éloquentes, couvre une multitude de notions qui exigent des commentaires approfondis.
Une des particularités coraniques a trait à l’usage des exemples. Cette méthode se veut parfois le rappel de faits anciens ou récents, similaires aux événements en cours. En d’autres cas, elle présente à la raison, d‘une façon imagée, perceptible ou tangible, ce qui est enfoui dans la mémoire et dont l’émergence satisfait la conscience :
« Nous avons proposé aux hommes, dans ce Coran, toutes sortes d’exemples. Peut-être réfléchiront-ils ? » (S.39, 27)
Les exemples coraniques sont de deux sortes : une partie d’entre eux est citée d’une manière franche et directe, tel est le verset qui définit l’état des hypocrites :
« Ils ressemblent à ceux qui ont allumé un feu. Lorsque le feu éclaire ce qui est alentour, Dieu leur retire la lumière ; Il les laisse dans les ténèbres – eux ne voient rien ».
Une autre partie opère par allusion. Le sens n’est pas tout à fait apparent. L’idée se trouve néanmoins à travers la formulation du verset.
« … Ils n’ont trouvé à la place que la faveur que Dieu et Son Prophète ont bien voulu leur accorder. » (S.9, 17) – « Ceux qui, par leurs dépenses, n sont ni prodigues ni avares – car la juste mesure se trouve entre les deux. » (.25, 67
En conclusion, disons que le Coran a fait l’objet de nombreuses traductions et de nombreux commentaires aussi fouillés les uns que les autres. Chacun d’eux a mis en relief la richesse de ses enseignements dans les différentes disciplines étudiées. Chaque ère pénètre ses profondeurs insondées et retire des éléments d’appréciation en fonction des réalités qui s’y manifestent.
Le Coran continuera à lever le voile sur des données inconnues à ce jour et à envelopper l’humanité de sa sagesse, en consolidant davantage la foi des générations futures. Cependant, quels que soient les efforts enregistrés par la raison humaine, il n’est probablement pas possible d’en saisir tous les secrets et d’élever l’exégèse à une compréhension parfaite.
Merci croissant de lune. Ils ont du le supprimer sans faire exprès. Erreur de manip je pense.
Il faut multiplier la publication d’articles qui encouragent à la lecture et à la méditation du Coran. Des articles paisibles. Pas comme ceux qui traversent une crise d’adolescence tardive…
Salam, pourquoi le commentaire du frère Mouhib que j’ai lu sous cet article a disparu? Qu’il en dépose un équivalent, c’était très sympathique et de bon aloi.
Je retiens avec intérêt le début de l’article qui montre l’usage de métaphores dans le Coran.
Il y a quelques années, sur un autre site, un correspondant qui se donnait pour salafi prétendait que les anciens Arabes et les compagnons ignoraient la métaphore, que ce serait une innovation Grecque. En fait il confondait la désignation de l’objet “métaphore” et son emploi, Jourdin faisait de la prose avant qu’on le lui aprenne. J’ignore ce que seraient les parlers d’une langue dépourvue de métaphores. La poésie Arabe de la jahiliya contenait de la métaphore, car, comment en irait-il autrement? Il avait le même problème avec l’objet “dialectique”, il confondait l’objet et sa désignation et tenait la dialectique pour innovation empruntée à la culture Grecque, il a sans doute lu ou écouté trop de salafis et épousé leur déraison. Ah oui, mais la Révélation n’est pas raison, puisque lorsque le prophète était en voyage et occupé sans moyen de faire les ablutions, il essuyait ses chaussures du haut vers le bas, tandis que la raison je ne sais laquelle voudrait qu’il fasse le mash dans l’autre sens. On raisonnait beaucoup je trouve contre la raison. J’appris plus tard qu’effectivement le prophète en usait ainsi dans ces circonstances, mais c’était un mash symbolique, la chaussure n’en restant pas moins dans la poussière du sol. Ce dire d’Ali, le compagnon rathia Allahu hanh est probablement déformé ou inventé, du reste il n’a pas le statut d’un ahadith fut-il authentique. Et oui, la Révélation n’est pas raison, mais la Révélation est exceptionelle, on ne saurait vivre chacun, la Révélation au quotidien, nos vies se règlent naturellement par la raison, dont Allah nous a doué. Sans cela, nous nous autoriserions à commencer à bâtir une maison par le toit auquel on ajouterait les murs, … et ça s’écroulerait.
Excellent article.
Croissant de lune.