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Pologne : l’interdiction de l’abattage rituel suscite la colère des musulmans et des juifs

L’abattage rituel n’est pas en odeur de sainteté en Pologne, et après le premier coup de grâce donné en janvier dernier par la Cour constitutionnelle qui l’a purement et simplement interdit au nom du respect du droit des animaux, le vote de la dernière chance qui a eu lieu, vendredi 12 juillet, au Parlement lui a été fatal.

Sous l'impulsion du gouvernement libéral dirigé par le Premier ministre Donald Trusk, le projet de loi aspirait à légaliser de nouveau sa pratique, mais aucun sursis législatif n’aura sauvé le halal et le casher d’un second rejet très prévisible, l’hostilité farouche de 222 parlementaires balayant d’un revers de main les principes fondamentaux déterminés par la Constitution polonaise, parmi lesquels la préservation des rites religieux de l’ensemble de ses concitoyens est foulée aux pieds aujourd’hui.

Si le centre névralgique du pouvoir a résonné des cris d’orfraie des députés qui se sont élevés contre «ce cautionnement de la barbarie» envers les animaux, les rangs conservateurs s’enflammant particulièrement contre les communautés musulmane et juive, une clameur de protestation monte à présent hors de l’hémicycle, musulmans et juifs laissant éclater leur colère au grand jour.

"Ce n'est pas seulement une gifle pour nous, mais surtout pour la constitution polonaise qui devrait garantir les rites religieux de tous ses citoyens sans exclusive", a déploré avec force le grand mufti de Pologne Tomasz Miskiewicz dans un communiqué, avant de condamner : "Ce n'est pas la démocratie ça, elle sape les principes de respect et de tolérance, elle souffle sur les braises du nationalisme et du racisme, elle attise les divisions et rouvre des blessures qui avaient guéri", pouvait-on lire sous sa plume.

De son côté, le grand Rabbin de Pologne Michal Schudrich menace de démissionner, et n’a pas été plus tendre envers les représentants de la nation : "Ce vote porte directement atteinte aux droits fondamentaux des populations juives et musulmanes du pays, qui seront désormais contraintes soit d'acheter la viande importée plus chère, ou d’opter pour un végétarisme sous la contrainte", avant d'appuyer là où ça fait mal : "Il est impossible de ne pas noter que la législation polonaise n'interdit pas les pratiques telles que la chasse dans lesquelles les animaux souffrent pour que certains hommes puissent assouvir le plaisir de tuer".

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C’est sous la forte pression de groupes de défense des animaux, qui ont jeté de l’huile sur le feu en diabolisant l’abattage rituel décrit comme un « massacre » d’animaux, que la Cour constitutionnelle a fléchi fin 2012, se rangeant du côté des scénographes d’un abattage d’épouvante.

Ce vote sanction s’est également attiré les foudres d’une autre catégorie de citoyens polonais pour qui hors de l’abattage rituel, il n’y a point de salut… économique : les agriculteurs et les exportateurs de viande. En effet, dans leur aveuglement nationaliste, les députés mettent en péril une activité vitale pour leur pays, grand exportateur de viande.

Avant cette interdiction tombée comme un couperet, environ 90 000 tonnes de bœuf halal étaient exportées annuellement vers les pays musulmans, surtout en Turquie, comme le souligne le site "fait religieux", et  4 000 tonnes de viande casher vers Israël. La valeur de ces exportations vaut son pesant d’or, soit entre 250 à 350 millions d’euros. Au total une vingtaine d’abattoirs labellisés halal et casher sont sur la sellette, et plus de 6 000 emplois sont en danger.

Face à l’ampleur de la polémique qui s'insurge contre la chronique d'une catastrophe économique annoncée, le gouvernement polonais, par la voix de son ministre de l'Agriculture, s’est engagé à rétablir et réhabiliter l’abattage rituel, incitant les minorités religieuses concernées à porter plainte pour non-respect de la Constitution.

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