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L’obésité et le diabète font des ravages dans le monde arabe

Véritable épidémie non infectieuse mais très contagieuse, l’obésité, ce mal du siècle, se propage partout dans le monde, affectant les pays grassement nantis et, désormais, les contrées moins généreusement pourvues, alors que, paradoxalement, la malnutrition est loin d’avoir été jugulée.

Depuis son siège social californien, la RAND Corporation – un laboratoire d’idées américain à but non lucratif, fondé en 1945, qui a pour objectif d’améliorer la politique et le processus décisionnel par la recherche et l’analyse – s’est penchée récemment sur l’une des conséquences les plus graves et les plus répandues de l’obésité : le diabète, aux lourdes complications, qui peut s’avérer fatal dans bien des cas (près de 5,1 millions de victimes par an).

Les liaisons dangereuses entre surpoids et diabète ne sont plus marquées du sceau du secret mais plutôt du sceau du malheur, comme le mettent en lumière nombre de rapports étayés. A cet égard, les conclusions de l’étude menée par la Rand Corporation ont fait ressortir l’inquiétant record détenu par les six pétromonarchies siégeant au sein du Conseil de coopération du Golfe Arabique (CCG), à savoir l’Arabie saoudite, le Koweït, Bahreïn, le Qatar, les Emirats arabes unis et le sultanat d’Oman : elles ont en effet le redoutable privilège d’enregistrer les taux de diabète les plus élevés à l’échelle planétaire.

Tout aussi alarmants parce qu’allant dans le même sens, les rapports circonstanciés de l’Organisation mondiale de la Santé ont mis en évidence que plus de 30% du monde arabe est atteint d’obésité et souffre du mal qui en découle : la diabésité. L’Egypte, confrontée en son sein à l’un des taux de surpoids les plus importants d’Afrique, n’échappe pas à ce fléau qui ne cesse de gagner du terrain par-delà les frontières du Moyen-Orient, jusqu’à toucher de plein fouet les Arabes américains.

Cette épidémie d’obésité, qui pâtit d’une sous-estimation dangereuse en Occident comme en Orient, quand le sens de l’intérêt général commanderait de l’ériger en « urgence de santé publique », ainsi que l’exhortait en 2014 le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, n’épargne pas la grande Amérique considérée comme le porte-étendard de la malbouffe et des obèses.

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En 2003 déjà, l’étude réalisée par Linda Jaber mettait en garde contre la « prévalence du diabète et l'intolérance au glucose très élevé chez les adultes Américains arabes installés dans le Michigan ». Treize ans plus tard, ces résultats sont corroborés par de nouvelles statistiques guère rassurantes, faisant état de la prévalence globale du diabète chez 15,5% des femmes et 20,1% des hommes arabes américains, contre seulement 5 à 6% d’Américains blancs non-hispaniques. 

En 2006, une analyse des données nationales confiée aux deux chercheuses, Florence Dallo de l’université d’Oakland et Luisa N. Borrel de Lehman College, révélait que 51% des Américains d’origine arabe, disséminés aux quatre coins du pays, étaient en surpoids, distancés en cela par 58% des Américains non-arabes.

« L'obésité est le facteur prédictif du diabète», explique le Dr Abdul El-Sayed, directeur exécutif de la santé pour la ville de Detroit, avant d’insister : « L’obésité est plus fréquente chez des foyers à faible revenu, issus notamment de la classe ouvrière, ou moins éduqués, et résulte principalement d'une mauvaise alimentation, riche en graisses et en sucre, et d'un manque d'activité physique. Cette condition entraîne un risque accru de développer certaines maladies qui peuvent être handicapantes et irréversibles ».

« Avant de venir aux États-Unis, nous étions tous en grande forme, et aujourd’hui nous sommes tous en surpoids », déplore le propriétaire arabe d’une station d’essence à Detroit dans une interview accordée à la presse locale, en précisant que quatre de ses sept frères et sœurs, ainsi que sa mère, sont diabétiques. Pire encore, son propre père, décédé en 2006, a laissé un vide cruel derrière lui en succombant aux graves complications liées à la diabésité. Pour ce fils inconsolable, qui lutte aujourd’hui contre sa propre obésité, le responsable de son malheur a été identifié : la malbouffe made in USA.

Sédentarité oblige, à laquelle s'ajoute la consommation d’aliments à haute teneur en calories et en graisse, dont la restauration rapide et les boissons gazeuses sont de grandes pourvoyeuses, il y a de fortes chances que l’épidémie d’obésité, et son corollaire, la diabésité deviennent un problème de santé publique majeur, massif et sans frontières dans les décennies à venir, si des mesures drastiques ne sont pas prises à temps pour stopper net leur folle progression.

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