Les églises désaffectées de la ruralité française, sans curé ni paroissiens, et vouées à une dégradation certaine, pourraient-elles connaître un second souffle spirituel et résonner d’autres invocations, en l’occurrence musulmanes, sans que l’Hexagone n’en soit tout tourneboulé ?
Non, bien évidemment ! La question éminemment délicate de ces doubles conversions architecturales et cultuelles évoquée par Dalil Boubakeur au micro d’Europe 1, lundi 15 juin, à la veille du Ramadan, n’a pas manqué de produire son petit effet explosif sur le Net, Twitter s’embrasant, tandis que s’enflammaient entre autres, les Christine Boutin, Gilbert Collard, et Stéphane Ravier, sénateur-maire FN du 7e secteur de Marseille.
Christine Boutin ou l’appel fracassant à la mobilisation générale : "Comment oser proposer de transformer chez nous les #Eglisesen #Mosquées! #Boubacker! Voilà où ns en sommes ! Catho réveillons nous !", pendant que Gilbert Collard nous gratifiait d’un coup de gueule tonitruant et surtout… pas très catholique : "Boubakeur se voit bien récupérer des églises pour le culte musulman! On n'est pas près d'abandonner nos églises, Nom de Dieu !".
Dans ce tonnerre d’indignations, un autre son de cloche, et pas des moindres, a fait entendre distinctement sa différence, et de manière un peu trop perceptible pour ceux qui la jugent inaudible… Mgr Michel Dubost, l’évêque d’Evry, traité de « dhimmi » par ses détracteurs à la dent dure, n’a pas craint de s’attirer les foudres de la bien-pensance hexagonale en estimant préférable, face aux portes closes et à l’état de délabrement de certaines églises de la France profonde, que ces édifices, sans ouailles et sans financements, "deviennent des mosquées plutôt que des restaurants".
Dans un entretien accordé au Figaro, et au risque de bousculer les mentalités dans les chaumières, ce haut dignitaire religieux considère que se recueillir dans des mosquées est un droit fondamental pour tout citoyen français de confession musulmane, abondant dans le sens de Dalil Boubakeur lorsque celui-ci cite en exemple le prêt, à la communauté musulmane, de la chapelle de Clermont-Ferrand de 1977 à 2010, le temps de se doter d'un lieu de culte digne de ce nom.
Favorable à des transformations qui, pour avoir vocation à faire revivre des enceintes sacrées dans l’intérêt général, n’en cristallisent pas moins de vives tensions et fantasmes, Mgr Dubost concède, cependant, humblement qu’elles marquent une "évolution de la société que les Français décident d'accepter ou pas".
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