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Les refoulements des migrants s’intensifient dans les pays du Maghreb (www.libe.ma)

Les refoulements massifs des migrants vers leurs pays d’origine ou des pays tiers dévoilent-ils le nouveau visage des politiques migratoires des pays d’Afrique du Nord ? Selon Alarme Phone Sahara (APS), plus de 2.500 citoyens de différents pays d’Afrique subsaharienne ont été victimes des opérations de refoulements effectuées entre fin septembre et début octobre 2020 par le Maroc et l’Algérie. De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que 540.000 migrants ont été expulsés de la Libye et de l’Algérie vers le Niger entre janvier et octobre derniers; soit le double du chiffre enregistré en 2018 (267.000 personnes).

L’Algérie demeure le pays maghrébin le plus actif au niveau du nombre des personnes expulsées. Selon le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés (ECRE), près de 500 migrants ont été expulsés hebdomadairement de l’Algérie vers le Niger. MSF a évalué, de son côté, à près de 24.000 le nombre de ceux qui ont été expulsés, certains de force, vers le Niger, rien qu’entre janvier et octobre 2019. Selon le HCR, depuis le début de septembre, elle a expulsé plus de 3.400 migrants d’au moins 20 nationalités vers le Niger, dont 430 enfants et 240 femmes. Cela porte le nombre de personnes expulsées sommairement vers le Niger au cours de cette année à plus de 16.000, dont un peu plus de la moitié sont des Nigériens.

Ces refoulements sont souvent effectués par des convois de camions ou de bus remplis de Nigériens qui sont remis à l’armée de leur pays dans ce que l’on qualifie d’opérations de rapatriement «officielles» alors que d’autres migrants sont transportés dans des convois de nationalités mixtes et abandonnés dans le désert près de la frontière. Le HCR a observé que les rafles et les expulsions en Algérie ont fortement augmenté depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars et que même des enfants non accompagnés et des enfants séparés de leur famille lors des rafles – certains âgés de moins de 10 ans – ont été détenus et expulsés.

Pour Hassan Ammari, activiste auprès d’Alarmphone Watch the Med, les chiffres concernant le refoulement des migrants demeurent incomplets et inexacts puisqu’il s’agit seulement de données récupérées grâce à des témoignages, à des articles de presse ou à des organismes humanitaires ou autres. « Les expulsions des migrants se passent souvent en catimini, loin des caméras et des regards indiscrets. Cette situation est plus palpable dans le cas de l’Algérie et de la Libye où règne la culture du secret », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « La plupart des données sont récoltées au niveau des frontières entre l’Algérie et le Mali ou entre l’Algérie et le Niger, notamment au niveau de la ville d’Assamaka.

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Même le HCR et l’OIM sont très réservés concernant la publication de ces chiffres. Parfois, les deux organismes onusiens sont déconnectés de la réalité et ne savent rien sur ce qui se passe sur le terrain. Cette situation risque de perdurer en l’absence d’un observatoire indépendant qui fournirait des statistiques fiables pour toute la région ». Notre interlocuteur estime qu’il y a de nouveau un durcissement des politiques de refoulement depuis l’année 2017. Un durcissement qui atteste, selon lui, de la vigueur des pressions européennes sur les pays de transit des migrants.

De son côté, Mohammed Charef, directeur de l’Observatoire régional des migrations, espaces et sociétés (ORMES) (Faculté des lettres et des sciences humaines d’Agadir) considère que les refoulements ont servi de monnaie d’échange dans les politiques migratoires des pays du Maghreb. Et cela ne concerne pas que les migrants subsahariens. « Souvenez-vous des expulsions opérées par les Algériens contre des migrants marocains ou celles opérées par les Libyens contre les Tunisiens ou par les Mauritaniens contre les Sénégalais », a-t-il rappelé. Et de préciser : « Les expulsions ont toujours existé et elles n’ont jamais cessé.

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