Alors que l’Algérie se prépare, ce samedi 12 juin, à ouvrir ses bureaux de vote pour élire les 407 députés qui, pendant cinq ans, siègeront au sein de l’Assemblée Populaire Nationale, un parti politique, parfaitement structuré idéologiquement et dont le leader, Soufiane Djilali, aspire depuis longtemps à l’avènement d’une ère nouvelle, part à la conquête des suffrages : c’est le bien nommé Jil Jadid (Nouvelle Génération).
A quelques encablures d’un scrutin législatif d’autant plus fébrilement attendu qu’il représente un premier test électoral crucial de l’après-Hirak (l’abstention pouvant battre des records), le parti Jil Jadid se distingue des autres formations politiques en lice par le sérieux de ses propositions, mais aussi par sa volonté de mettre l’Algérie sur les rails de la démocratie.
Aux antipodes des partis islamistes contrôlés par le système, des partis traditionnels qui, sous leurs nouvelles étiquettes spécieuses, demeurent inféodés au pouvoir, et des partis plus insolites, voire fantaisistes, qui jusqu’ici se sont surtout illustrés par leurs dérapages et l’indigence de leur programme, Jil Jadid entend incarner « Une chance pour le changement ».
Un changement que Zoheir Rouis, le vice-président de Jil Jadid chargé de la représentation à l’étranger, appelle de ses voeux devant la diaspora algérienne vivant sous d’autres latitudes. Dans cet entretien sur Oumma, il exhorte ses concitoyens à ne pas bouder les urnes et à voter pour la Nouvelle Génération de femmes et d’hommes politiques que son parti a investie.
A l’approche d’un samedi 12 juin marqué par la tenue d’élections législatives voulues par le président Tebboune, et dans lesquelles votre parti politique Jil Jadid s’engage pleinement, êtes-vous plus que jamais convaincu que les revendications du Hirak et son aspiration ardente à la démocratie seront exaucées par les urnes ?
En effet, Jil Jadid est engagé dans ces élections législatives avec 50 listes. Nos listes sont composées de femmes et d’hommes, militants de Jil Jadid, engagés dans le mouvement citoyen bien avant le Hirak, mais aussi pendant le Hirak. Par ailleurs, Jil Jadid a également fait place sur ces listes à des citoyens engagés dans le Hirak, qui se retrouvent dans notre programme politique et partagent avec nous un certain nombre de valeurs.
De fait, l’esprit du Hirak est présent dans nos listes, à travers nos candidates et nos candidats. Notre ambition est de faire en sorte que ces femmes et ces hommes, qui portent et incarnent l’esprit du Hirak, entrent dans les institutions justement pour concrétiser le changement voulu par ces millions d’Algériennes et d’Algériens qui sont sortis dans les rues d’Algérie et de la diaspora, un certain 22 février 2019, et les semaines suivantes.
Il est vrai que parmi les partis qui concourent à ces élections, Jil Jadid est certainement le seul parti à avoir boycotté les élections législatives de 2017, compte tenu de l’absence totale de volonté du régime précédent de réformer le pays pour plus de démocratie et de citoyenneté. Par ailleurs, nul ne peut nier le fait que Jil Jadid est certainement le seul parti d’opposition, dans ces élections, à avoir mené le combat pour la citoyenneté et l’Etat de droit bien avant le Hirak et a été pleinement partie prenante du Hirak, à travers ses militants. De ce fait, Jil Jadid sera le seul à porter avec sérieux et résolution les revendications du Hirak dans la prochaine législature.
Mais pour rendre tout cela possible, il faut que les citoyens s’impliquent. Notre slogan de campagne, “Une chance pour le changement”, est justement là pour bien signifier que le changement souhaité est devant nous et qu’il appartient aux citoyens de saisir l’opportunité de ces élections pour concrétiser le changement désiré. La responsabilité incombe au citoyen, qui doit participer à la consécration de la démocratie par le vote et le choix de ceux qui méritent de le représenter pour prendre en charge ses préoccupations.
Etes-vous assuré que ce scrutin, qui aura valeur de test électoral, ne sera pas entaché d’irrégularités ou ne ravivera pas la contestation populaire ? Votre parti prendra-t-il des mesures pour veiller à son bon déroulement ?
Le Hirak a exprimé un besoin d’Etat de droit, de justice indépendante et de légitimité des institutions. Cela passe par un renouvellement important de la classe dirigeante et la mise en avant de femmes et d’hommes intègres et compétents, dont notre pays ne manque pas. Pour rendre cela possible et irréversible, il est de la responsabilité des citoyens de faire en sorte que les élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles, en termes de transparence et de régularité.
Naturellement, les partis, en tout cas Jil Jadid, ont fait en sorte qu’un maximum d’évolutions constitutionnelles et législatives positives soient bien embarquées en amont de ces élections, afin de se donner un cadre juridique plus en phase avec la nécessité de transparence et de régularité des élections. C’est d’ailleurs à ces conditions que Jil Jadid a annoncé sa participation et ces mesures étaient des demandes portées de manière consensuelle par l’ensemble des partis de l’opposition.
Nous sommes conscients que cela ne sera pas suffisant si, en tant que citoyens, on ne s’engage pas. Les choses étant encore ce qu’elles sont encore, les vieux réflexes du régime précédent peuvent surgir, ici et là, pour contrarier ce processus. Il appartient donc à tous de veiller à ce que le scrutin ne soit pas entaché d’irrégularités.
On ne peut pas sortir par millions dans la rue pour réclamer des institutions légitimes et délaisser le mécanisme, les urnes, par lequel peut s’exprimer la démocratie et s’octroyer la légitimité. Il y a donc une responsabilité collective, qui est la suite naturelle de la mobilisation historique des Algériens dans le cadre du Hirak.
En ce qui nous concerne, nous mobilisons nos militants pour superviser les opérations de vote, après les avoir formés sur les droits et devoirs des observateurs. Et encore une fois, et s’agissant d’une responsabilité collective, nous en appelons aux citoyens pour veiller aussi à la régularité du scrutin.
Comment comptez-vous mobiliser un électorat algérien, en l’occurrence la diaspora algérienne à l’étranger, dont la défiance envers le pouvoir en place et la représentation nationale est toujours aussi forte ? Sous votre impulsion, l’ère des députés inféodés au système sera-t-elle révolue ?
Vous posez deux questions qui, évidemment, sont intimement liées.
La question de la confiance est bien le nœud sur lequel butte la résolution de la crise politique qui frappe notre pays depuis des décennies. Autant dire que nos concitoyens sont à raison désabusés, pour ne pas dire très méfiants. Donc, cela va prendre du temps.
La confiance se gagne par des preuves. Les conditions de déroulement des opérations de vote à venir seront une 1ère étape.
La 2ème étape sera de rétablir la confiance entre le citoyen et l’élu, et de lutter contre la corruption sous toutes ses formes pour atteindre une gestion plus démocratique.
Nous faisons donc face à un défi immense. Pour le relever, il faut travailler sur plusieurs axes et le 1er d’entre eux est de faire en sorte que les citoyens prennent part aux affaires publiques. Cela commence par une participation importante au prochain scrutin. L’opportunité de changer les choses est présente par le biais de ces élections. Les citoyens doivent exercer leur droit de vote et choisir leurs élus.
En tant que parti politique, nous avons pris notre responsabilité en élaborant un projet et un programme ambitieux, et en présentant des candidats capables d’assumer leurs responsabilités dans les diverses institutions de l’Etat, avec le soutien du citoyen. Si nous réussissons cette 1ère étape, nous ouvrirons alors une nouvelle page de notre histoire et il n’y aura plus de place, dans cette nouvelle configuration, pour ceux qui ont profité de la fraude et de la corruption
Vous verrez surgir de nouveaux visages, de nouvelles compétences, de nouvelles idées qui, fatalement, redessineront le paysage politique et offriront au pays une nouvelle classe politique qui aura à renouer la confiance avec une population désabusée et échaudée par les pratiques du passé, comme vous le soulignez à juste titre. C’est le préalable pour faire face aux véritables défis que nous devons relever, au nombre desquels il y a l’instauration d’une justice digne d’un pays de droit, la lutte contre la corruption et, enfin, le lancement sans attendre de la machine économique, pour offrir à nos concitoyens la dignité, la justice et l’espoir qu’ils méritent.
Vous présentez des candidats dans 4 circonscriptions électorales à l’étranger : en France, dans la Zone Nord et Sud, en Europe et Amérique, au Maghreb & Machrek et Asie & Océanie. Quels sont les profils de ces nouveaux visages de la politique algérienne ? La parité hommes-femmes était-elle au cœur de vos priorités ?
En effet, Jil Jadid présente des candidats dans les 4 circonscriptions électorales à l’étranger que vous citez. Il était important pour nous de marquer notre attachement et l’intérêt que nous portons à la diaspora, à ses besoins, contraintes et ambition pour l’Algérie, mais aussi de saisir les opportunités que cette richesse humaine peut apporter à l’Algérie dans tous les domaines.
C’est la raison pour laquelle nous présentons des femmes et des hommes compétents, jeunes et ancrés dans la diaspora, capables d’assumer la responsabilité et opérer le changement attendu.
90% de nos candidats ont un niveau universitaire et la moyenne d’âge est de 39 ans. La parité a été respectée autant que possible, avec plus de 40% de femmes sur nos listes. Mais ce sont surtout des militantes et des militants de Jil Jadid, ayant été formés dans le cadre de la formation interne du parti et, pour la plupart d’entre eux, des cadres et responsables au sein de nos différentes structures et instances nationales. Ils sont donc porteurs des valeurs et principes fondateurs de Jil Jadid.
Ce sont des patriotes, forts d’un parcours de militants pour l’Etat de droit, qui étaient dans la rue contre l’ancien régime et évidemment durant le Hirak. Je tiens à rappeler que Jil Jadid Europe a joué un rôle déterminant dans le lancement et l’organisation du Hirak au sein de la diaspora, en particulier à Paris. Ce sont donc ces figures que Jil Jadid présente à ces élections.
Sur quels axes forts de leur programme vos candidats espèrent-ils convaincre les Algériens de l’étranger du renouveau politique qu’ils incarnent ?
Nos candidats défendent le programme politique de Jil Jadid. Pour la diaspora, ils portent 27 propositions concrètes et opérationnelles, toutes destinées à apporter plus d’égalité entre citoyens, plus de digital dans les relations avec les consulats, plus d’intégration avec des mesures de solidarité nationale, des propositions d’ordre culturel et économique, mais aussi un certain nombre d’idées nouvelles pour permettre à nos scientifiques, résidant à l’étranger, de contribuer à la formation de nos étudiants et de partager avec eux les fruits de leurs travaux.
Ces propositions sont issues de tables rondes que nous avons menées, en début d’année, avec un certain nombre de scientifiques, cadres, chefs d’entreprises et responsables d’associations qui s’occupent des étudiants algériens, des chibanis, des harraga…, afin que nos propositions soient pertinentes et surtout en phase avec les attentes de nos concitoyens, le tout étant bien évidement en ligne avec notre programme politique national. Il s’agit de mobiliser et d’offrir un cadre à nos talents qui se trouvent à l’étranger, pour qu’ils puissent apporter leurs expertises et contribuer aux projets politiques, économiques et scientifiques de notre pays, tout en faisant prendre à l’Etat algérien ses responsabilités vis-à-vis de nos compatriotes à l’étranger, en matière d’égalité entre citoyens, de simplifications administratives et consulaires, et de solidarité nationale.
La Nouvelle Génération de femmes et d’hommes politiques que votre parti propulse sur la scène publique aura-t-elle véritablement les coudées franches pour réaliser le rêve d’un avenir meilleur que nourrissent tous les Algériens, d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée ?
Je peux vous dire que les visages et les compétences que nous présentons à ces élections seront, à n’en pas douter, les femmes et les hommes qui constitueront la nouvelle classe politique de demain. Notre ambition à l’origine de la création de Jil Jadid, il y a de cela 10 ans, a été de former la future classe politique, porteuse de valeurs et de principes démocratiques, et capable d’assumer des responsabilités.
Chaque parti politique doit avoir pour ambition de former ses cadres et de les préparer à cela. A Jil Jadid, et dès sa création, nous avons mis en place la formation interne et un conseil scientifique. Ces deux outils modernes permettent de mettre en main des compétences, des postures et de l’expertise, avec pour objectif de répondre aux aspirations de nos concitoyens pour une Algérie meilleure, forte et prospère à la fois, le tout dans un cadre démocratique, avec une justice digne d’un Etat de droit.
Les militants et les cadres de Jil Jadid, parmi lesquels figurent les candidats à ces élections législatives, ont une ambition pour leur pays et, en cela, je suis confiant dans leur capacité à défendre le projet de société que nous portons. Un projet qui exprime une vision du possible à construire, à partir du réel actuel.
Propos recueillis par la rédaction Oumma
Les différents candidats qui défendent les couleurs de Jil Jadid en France, en Europe et en Amérique
GIPHY App Key not set. Please check settings