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Le scandale de la police des polices, Oumma va plus loin

Le 12 janvier, « Le Monde » révélait que la police des polices avait truqué en 2007 une procédure pour mouiller des fonctionnaires peu favorables à Nicolas Sarkozy. Parmi eux, Yannick Blanc, directeur de la police générale. A la même époque, ce haut fonctionnaire était dans la ligne de mire des éditions Flammarion.

L’affaire, particulièrement grave, peut se résumer ainsi : l’inspection générale des services, la « police des polices », est suspectée d’avoir sciemment truqué une enquête judiciaire. Il s’agissait de mouiller dans un faux trafic de titres de séjour des fonctionnaires de police qui avaient pour principal défaut de ne pas soutenir Nicolas Sarkozy. Certains étaient jugés trop proche du Parti socialiste. Parmi eux, Yannick Blanc, directeur de la police générale à la préfecture de police de Paris. Ces cinq personnes mises en cause ont été innocentés par la cour d’appel de Paris.

A la même époque, je préparai un ouvrage sur Tariq Ramadan pour les éditions Flammarion. J’avais croisé Yannick Blanc lors d’une conférence à Paris. Nous avions échangé des e-mails, et il m’avait reçu au ministère de l’Intérieur, en compagnie de Didier Leschi, chef du Bureau central des cultes. Ce haut fonctionnaire français avait alors eu le courage d’affirmer clairement que Tariq Ramadan n’entretenait pas de liens avec le terrorisme.

Pas de lien avec une “organisation radicale“

Il faut se souvenir qu’à cette époque de multiples pseudo-spécialistes du terrorisme, comme Caroline Fourest, Jean-Charles Brisard, ou Mohamed Sifaoui, présentaient pratiquement Tariq Ramadan comme le bras droit d’Oussama Ben Laden ! Dans le documentaire « Qui est donc Tariq Ramadan ? », diffusé sur France 2, Mohamed Sifaoui évoquait (sans apporter de preuves) une rencontre à Genève entre Tariq Ramadan et  Ayman Al-Zawahiri, l’actuel chef d’Al-Qaida !

Yannick Blanc m’avait alors déclaré : « Je n’ai jamais eu connaissance d’information établissant un lien entre Ramadan et une “organisation radicale“. Je n’ai pas accès, loin de là, à toutes les informations policières sur les milieux islamiques radicaux, mais le simple bon sens permet de comprendre que, si un tel lien existait, il y a longtemps que Ramadan serait interdit de territoire français ».

Flammarion s’en prend à Yannick Blanc

Naïvement, j’imaginai que les propos de Yannick Blanc intéresserait mon éditeur. Ils ont eu l’effet inverse. Le 30 juin 2006, Thierry Billard, le directeur littéraire de Flammarion, refuse mon manuscrit sur Tariq Ramadan, considérant l’entretien avec Yannick Blanc, comme la goutte qui avait fait déborder le vase.

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Après avoir affirmé que des « jeunes gens enclins au terrorisme [qui] ont suivi les cours de Ramadan », et notamment « Djamel Beghal, condamné dans une procédure terroriste », Thierry Billard, hors de lui, écrit : « Apothéose, le chapitre “Le ministère de l’Intérieur blanchit l’islamologue“. Le lecteur y apprend que Yannick Blanc, un garçon très connu comme chacun sait, chef de service à la sous-direction des affaires politiques et associatives, dédouane Tariq Ramadan de toutes les accusations proférées contre lui (…) Cela occulte les rapports de la DST, des RG, les propos du ministre de l’Intérieur, sur votre personnage principal ». Thierry Billard fait référence au ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy.

Truquer des procès-verbaux

Avec le recul, les propos du directeur littéraire de Flammarion prêtent à sourire. Plus personne, pas même Caroline Fourest ou Antoine Sfeir, n’ose accuser Tariq Ramadan de liens avec le terrorisme. En revanche, on peut se demander pourquoi le directeur littéraire d’une grande maison d’édition parisienne s’est ainsi déchaîné contre Yannick Blanc.  Savait-il que celui-ci était déjà dans le collimateur de Nicolas Sarkozy ? Il faut rappeler que l’opération menée pour discréditer des fonctionnaires de police est allée jusqu’à truquer des procès-verbaux, des retranscriptions d’écoutes téléphoniques, à déformer des déclarations, et à faire pression sur des témoins…

C’est Nicolas Sarkozy lui-même, devenu président de la République, qui a mis fin aux « fonctions de directeur de la police générale à la préfecture de police » de Yannick Blanc. Depuis, ce dernier, âgé aujourd’hui de 56 ans, est devenu directeur-adjoint du cabinet (PS) du conseil régional d’ìle-de-France, Jean-Paul Huchon. Quant à mon livre, refusé chez Flammarion, il est paru aux éditions Favre, préfacé par le chercheur Vincent Geisser. Les propos de Yannick Blanc s’y retrouvent, en pages 325 et 326 (*)

Dans nos échanges de e-mails, Yannick Blanc, parlant des religions en général, déclarait : « Aucune règle de droit ou de police ne permet d’exiger d’une religion qu’elle soit “modérée“ ! Vous viendrait-il à l’idée de vous demander si Jean-Paul II fut un pape “modéré“ ? ».

(*) Ian Hamel, « La vérité sur Tariq Ramadan. Sa famille, ses réseaux, sa stratégie ». Editions Favre, 2007.

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