Plongés dans l’horreur et la boue d’une « guerre de tranchées » qui n’était pas la leur, pas plus que la nation pour laquelle ils combattaient au péril de leur vie, les milliers de « poilus » de confession musulmane, enrôlés volontaires ou plutôt de force dans l’armée française, purent observer le jeûne du Ramadan en 1915, pendant la boucherie de la Grande Guerre.
Il y a bientôt cent quatre ans de cela, la célébration du mois sacré eut lieu en plein été, du 13 juillet au 12 août 1915, alors que le Vieux Continent était à feu et à sang. Faire parler les armes, souvent en tant que chair à canon, et se conformer au grand rituel ramadanien fut conciliable pour les 300 000 soldats du Maghreb et les 180 000 tirailleurs d’Afrique noire, venus gonfler les rangs des bataillons français. Faut-il y déceler les signes de la tolérance de la France ou l’empreinte d’une stratégie toute politique ?
Pour l’historien américain Richard S.Fogarty, expert de la Première Guerre mondiale, il ne fait pas l’ombre d’un doute que cette autorisation accordée par le ministère de la Guerre, qui n’a pas été sans faire couler de l’encre, était motivée par des considérations bien plus pragmatiques que foncièrement accommodantes.
Selon cet éminent spécialiste de l’Université d’Albany, si, dès le 26 juin 1915, le ministère a pris des dispositions favorables aux jeûneurs qui composaient ses troupes en ces termes : “À partir du 12 juillet au soir, les militaires musulmans qui auront déclaré vouloir jeûner pourront prendre leurs repas aux heures suivantes : café du matin reporté au coucher du soleil. Déjeuner trente minutes environ après le café. Dîner vers 23 heures », ce fut essentiellement pour ne pas crėer des tensions au sein des familles des soldats musulmans, mais aussi pour répondre à la propagande allemande délétère. “Les autoriser à observer le jeûne du ramadan durant la journée, leur servir leur repas après le coucher du soleil et les informer des fêtes religieuses du mois sacré, cela peut être considéré comme de la ‘bonne politique’. De cette façon, les soldats pouvaient voir des preuves concrètes des précautions prises par l’armée pour respecter leur religion et leurs usages“, souligne Richard S. Fogarty.
Cela étant, s’abstenir de boire et de manger lorsque la guerre faisait rage et s’enlisait dans le bourbier des tranchées s’avéra un défi de taille, à la fois pour les troupes musulmanes et l’Etat-major français. En effet, celui-ci sollicitait d’autant plus ses forces disponibles à l’été 1915 que les pertes humaines étaient colossales.
Interrogées par courrier par des soldats musulmans particulièrement inquiets, deux importantes figures religieuses de Tunis et d’Alger émirent des fatwas leur permettant de rompre le jeûne : “Dans l’un de ces textes daté de juillet 1915*, le mokaddem (chef) de la confrérie musulmane de la zaouïa [petite mosquée, NDLR] de Boghari en Algérie écrit notamment : “O frères, il vous est permis de ne pas observer le jeûne pendant tout le mois de Ramadan et cela conformément aux paroles ci-après du Prophète. (…) La non-observation est une indulgence que Dieu vous a accordée. (…) Le marabout exhorte ses coreligionnaires à témoigner leur dévouement au noble gouvernement de la République française“,
Des fatwas considérées comme une aubaine par les autorités qui cherchèrent à les exploiter, pendant que le ministère de la Guerre maintenait les mesures permettant de respecter le Ramadan, indiquant alors que ces avis juridiques devaient être laissés à la libre interprétation des “militaires indigènes”.
Ce Ramadan pratiqué au sein de l’armée française, au beau milieu d’une sale guerre, aurait-il miraculeusement échappé à toute critique ? Non, bien entendu, les remarques acerbes émanant notamment de l’Eclair, un journal régional catholique du Midi, fustigèrent, le 25 juillet 1915, l’excessive compréhension des autorités françaises dans l’article “Heureux fils de Mahomet” : “Mais quelle chance d’être musulman ! Supposez que M. Millerand donne des ordres pour que les soldats catholiques puissent faire le Carême et accomplir rigoureusement à Pâques leurs devoirs religieux ! (…) N’interdit-on pas à nos soldats catholiques de porter l’emblême du Sacré-cœur ! Ah ! Si c’était une image d’Allah !“, raillait la plume incisve du journaliste.
Ménageant la chèvre et le chou, la République, aux yeux de Richard S. Fogarty, était alors “coincée entre son engagement pour la laïcité et la nécessité de continuer une bonne politique musulmane pour des raisons d’ordre colonial“. “Je ne pense pas que beaucoup de soldats nord-africains se considéraient comme étant chanceux d’être en France en 1915. Beaucoup d’entre eux combattaient involontairement, loin de chez eux, pour défendre une nation qui n’étaient pas la leur, et pour laquelle ils ne bénéficiaient pas des droits de la citoyenneté”, met-il en évidence en guise de conclusion, non sans une pointe de causticité.
” Marocain” ,faut il te rappeler que le colonisateur imposait son impérium et obligeait les colonisés à aller faire la guerre sinon ,il les tuait ,massacrait ou embastillait.Les enrôlés de force n’avaient pas le choix,
Non l’histoire n’est pas complexe,c’est la loi du plus fort,du plus puissant qui prévalait.De manière générale,il y a eu un consensus coupable de la part la majorité de notre population sur la colonisation et les ”résistants ” au sortir des 1ere et 2e guerres, ont pris les armes contre leurs frères d’arme pour mater de façon barbare les soulèvements,les révoltes des populations colonisés pour se libérer.IL n’y a pas de manifestations fortes et significatives en France pour soutenir ces révoltes .Alors ne diluons pas les responsabilités… en disant ”tout le monde est coupable,tout le monde est responsable…”
Tous ces tarés du parti fascho qui crachent sur les musulmans aujourd’hui alors que de nombreuses figurent de cette religion ont payé de leur vie pour que les citoyens de ce pays retrouvent leur dignité après avoir été trahis par les Pétain ,LAVAL et nombreux autres politiciens véreux et collabos traîtres qui ont vendu la France .L’ingratitude incommensurable et l’amnésie volontaire et de mauvaise foi de ces tarés racistes et xénophobes méritent d’être sanctionnées et punies
Vous avez raison sur le fond : la participation des Algériens et Marocains dans la campagne d’Italie, la reconquête de la France et l’invasion de l’Allemagne nazie a été considérable et déterminante, et il est injuste et anormal qu’elle ait tant de mal à prendre sa vraie place dans l’histoire.
Maintenant, ne soyez pas trop manichéen. Vous avez le verbe lourd et vous mêlez l’histoire d’hier aux événements d’aujourd’hui. Il y a certainement encore aujourd’hui des “fachos” nostalgiques du fascisme d’hier, mais ils sont peu nombreux. En outre, n’oubliez pas que l’histoire est parfois complexe, parce que les situations le sont et les hommes aussi. Ainsi, et ce n’est qu’un exemple pour illustrer que le “tout blanc – tout noir” est une vue de l’esprit. Oui, il y a eu, comme vous dites, des Français collabos racistes, traîtres à leur patrie, mais aussi des résistants héroïques, tout comme il y a eu ces magnifiques soldats de l’Armée d’Afrique (dont je parlais plus haut), mais aussi des divisions SS bosniaques encouragées et passées en revue par le grand Mufti de Jérusalem.
Que ces sinistres personnages recueillent l’opprobre générale qu’ils ont mérité, mais ne tombons pas dans le piège de la généralisation.
Il ne faut surtout pas oublier les sionistes complices des nazis. Je ne vois pas ce que mufti de Jérusalem a avoir là dedans ou les divisions bosniaques fantasmées.
Anticouillon : https://blogs.mediapart.fr/fxavier/blog/220610/islamisme-et-nazisme-la-verite-les-aventures-du-mufti-de-jerusalem
c’est de la faute à nos ancêtres les pauvres: ils auraient du se battre chez nous contre la colonisation et laisser les autres se dém …
ce que vous dénoncez prouve qu’on a pris ” ou on nous a contraint à prendre ” la mauvaise décision.
Le comble est que les deux boucheries n’avaient servi qu’au capital et en aucun cas une cause des messieurs tout le monde qui ont payé le prix fort.
Alors je maintiens que ça ne nous regardait pas
Les moldaves ça semble un guerre anti muslims, à la frontière Ukrainienne.
Ce que je regrette et n’arrive pas à m’expliquer est: comment avaient-ils “accepter” de faire une guerre qui n’était pas la leur? les vietnamiens ne nous avaient rien fait à nous marocains.
Franchement, cet effort fourni auprès de l’émir Abdelkrim Khattabi, et avec nos frères algériens nous aurait débarrassé de la pourriture de colonisation plutôt ça se trouve. Quel gâchis
Je reste tout de même ouvert et attentif à toute “explication”
Salut Marocain (un bien beau pays)
C’était des enrôlés volontaires de force, genre on prend une liste « à présent je vais désigner les volontaires » sinon c’était les représailles…
Les méthodes classiques de la pression ou des promesses… Chaque famille, chaque tribu, chaque village devaient y laisser quelqu’un… Et pour le service militaire de 3 ans c’est directement au front…
Les nombreuses révoltes des Algériens contre ces méthodes ont été sévèrement réprimés ainsi dans le Constantinois mais pas seulement …
Une fois au front, on les mettait en première ligne et là il fallait bien se défendre… C’était un peu « marche ou crève ». Les gens y ont aussi noué des amitiés formidables, uniques comme peuvent être celles qui se lient sur un champ de bataille… Souvent les Musulmans qui survivaient forçaient le respect de leur hiérarchie militaire par leur courage et leurs actes de bravoure portant secours à leurs camarades de combat dans la détresse…
Je pense que ce courage, cette bravoure, cette générosité, ces récits de ces amitiés relayées dans les familles françaises (et musulmanes) ont contribué à faire basculer l’opinion publique française en faveur de la décolonisation…
On parlait aussi alors beaucoup de « l’occupation » et de peuple libre… On sait aussi que pour certains politiques la résonnance des mêmes termes n’a pas toujours le même écho et aujourd’hui encore (massacre de civil innocents de Sétif et Guelma – Allah Y Rahmoum-
… Mais pas seulement…)…
Combien de combattants musulmans avant de mourir dans leurs délires ont offert à leurs famille le spectacle d’apercevoir combien ils étaient hantés par les « casques à pointe » et des récits de bagarres jusqu’à des batailles impensables au corps à corps avec des Allemands. Alors que d’ordinaire ils n’en parlaient jamais à leurs familles auxquelles ils vouaient pourtant un amour inépuisable…
En fait, les colonies de l’Empire ou du Commonwealth étaient considérées comme des réservoirs de la métropole. Ainsi, l’Algérie était, par exemple mais pas seulement, considérée comme un vivier, un grenier… Il n’était pas rare d’y pousser les prélèvements obligatoires jusqu’à provoquer sur place des vagues de famine…
Salam ‘alaykoum wa rahmatoullah wa barakatouh
Des Algériens se sont battus pour la liberté de la France.
Cette participation est aussi ancienne que la colonisation. En effet, la présence de soldats algériens dans l’armée française est antérieure à la guerre de 14-18. L’ordonnance du 7 décembre 1841 créait déjà en Algérie trois bataillons …
Pour la guerre de 14-18 on voyait surtout chez nos valeureux « ainés » (pour ceux qui n’ont pas péri) des séquelles indélébiles, des mutilés, des amputés, des pulmonaires…
L’émotion de les imaginer dans les tranchées ou ailleurs loin, à l’heure du ftour, à l’heure de l’Adhan ! L’émotion aussi au « même moment » autour du ftour pour leurs familles sans nouvelle qui d’un père, qui d’un frère, qui d’un mari… Tous Réunis un instant défiant l’absence et la place vide par la douleur de la pensée mais aussi l’espoir porté par les prières communes…
Ces faits constituent un pan de notre histoire…
Les Algériens ont grandement contribué à la victoire de la France sur l’Allemagne mais aussi nos frères Marocains, Tunisiens ainsi que nos frères d’Afrique noire…
Merci de leur donner une mémoire… Et de nous rendre notre histoire…
Hommage aux combattants musulmans !
Allah Y Rahmoum
Mon père, ancien goumier marocain, ayant servi en Indochine vers la fin des années 40, me racontait que tous les goumiers faisaient le ramadan qui avait eu lieu en été !!!!! et savez vous, que bien qu’il eut beaucoup de musulmans dans l’armée française, il n’existait pas d’aumônier pour eux !!!