Alors que l’effervescence règne au sein de l’Université de Birmingham, au royaume de Sa Gracieuse Majesté, depuis l’annonce officielle, mercredi 22 juillet, de la découverte exceptionnelle, presque miraculeuse, de l’une des plus anciennes versions manuscrites du Saint Coran dans sa bibliothèque, c’est une agitation d’une toute autre nature qui s’est emparée d’éminents savant saoudiens, plus enclins à réfuter la datation du parchemin en question qu’à l’applaudir des deux mains.
Jouant les trouble-fête pleins d’érudition dans ce véritable « coup médiatique » de l’Université de Birmingham, tel qu’ils le décrient sans détour, ces grands spécialistes du Texte, au premier rang desquels figure Abdul Sattar Al Halouji, ont quelque peu refroidi l’enthousiasme général en affirmant qu’il est " impossible de vérifier que les parchemins ont été écrits à l'époque du Prophète (paix et bénédiction soient sur lui)", comme l’a rapporté Arabian Business.
Loin de l’exaltation académique et du tourbillon médiatique qui ont fait de Birmingham le centre éphémère du monde la semaine dernière, le démenti formel des experts saoudiens, et notamment de Al Halouji qui reproche aux scientifiques britanniques d’avoir privilégié "l’examen de la peau sur laquelle furent écrites les sourates 18 à 20 à celui de l’encre", braque aujourd’hui les projecteurs sur la Terre Sainte.
Il n’y a pas l’ombre d’un doute pour les archéologues saoudiens : l’encre rouge séparant les sourates n’a jamais été utilisée à l’époque du Prophète, et en toute logique, la formule "Bismillâh ar-Rahmân, ar-Rahîm" (Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux), n’était pas non plus écrite avec cette même encre de couleur.
"Le manuscrit pourrait éventuellement remonter au temps d'Othman ben Affan qui est devenu calife de nombreuses années après la mort du Prophète", a avancé prudemment l’archéologue Adnan Al Sharif, doyen des bibliothèques au sein de la prestigieuse université islamique d'Umm Al Qura, à La Mecque. "A l’époque du Prophète, le Coran n'était pas structuré tel qu'il l'est aujourd'hui. En outre, aucune couleur n’était utilisée", a-t-il insisté, en remettant en cause le recours au carbone 14 qui, selon un avis personnel largement partagé par ses pairs, peut uniquement indiquer le siècle, mais en aucun cas l’année.
"Il y a des exemplaires du Coran en Turquie, en Egypte et au Yémen datant du siècle de de la première Hijra. Cela signifie que le manuscrit de Birmingham, présenté comme unique, a de nombreux concurrents", a conclu Al Sharif sur un ton persifleur, en achevant de déprécier la valeur inestimable attribuée aux fragments du Coran dénichés par l’Université de Birmingham.
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