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L’art d’inspiration soufie : Beauté et Symboles

Dans la tradition Mohamadienne, la noblesse des comportements (adab) est un art au même titre que la poésie, la musique ou l’artisanat. C’est donc en toute chose que se manifeste la Beauté Divine, Source et Muse inspiratrice sans fin.

L’être conscient est comme l’artiste : il célèbre un imaginaire spirituel, dont les « traces » sont présentes dans la beauté de ce monde physique. Elles ne demandent qu’à être connues. C’est donc par une acuité fine et une grande sensibilité aux manifestations de Dieu sur terre, que le Mourid (ou élève) cherche de manière initiatique, les symboles, les signes de cette présence de Beauté absolue, la seule capable d’engendrer un sentiment de profonde gratitude (rida) pour l’être humain. La seule capable d’insuffler la force sereine ou la quiétude profonde, comme source d’épanouissement et de transcendance.

Car la beauté est un des attributs divins ! Al Jamîl, est un des noms de Dieu, donc une porte de compréhension et de lecture de ce monde.

Que comprend-on par là ? Que Dieu a déposé en toute chose un éblouissement sans fin ! L’humanité peut, généreusement, s’abandonner et s’adonner à la contemplation de la création de Dieu, offerte par Dieu pour l’humain. Tout n’est que manifestation de Sa grandeur et de Sa splendeur : le chant de l’oiseau comme le cri de vie du nourrisson. Le clapotis de l’eau des rivières comme celui des pluies nourricières venues des cieux. L’essence d’une goutte de larme, comme celle d’une goutte de lait du sein maternel…

Il y a un ADN divin de cet attribut de Beauté à célébrer, en toute chose!

L’art d’harmoniser les voix

La musique et le chant (samaa) sont des arts majeurs au cœur de la voie soufie. Ces arts s’expriment lorsque les fidèles se retrouvent afin de chanter les louanges de Dieu et de Son Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). Alors, par l’unisson des voix, les cœurs se réchauffent, le niveau (maqam) des personnes présentes se lève et s’élève vers Dieu, dans une ascension vertigineuse et infinie.

Le samaa c’est le souffle symbolisé par le chant, c’est la recherche de l’harmonie par les voix et les instruments, c’est le souci perpétuel de justesse. L’unisson espéré dans un chant, incarne en quelque sorte, l’Unité du croyant avec Son Créateur.

Paradoxalement, samaa ne se traduit pas par le mot « chant », mais par « l’écoute » (sami’a).

Dans les veillées soufies (ou Mawlid), il est aussi important de chanter que d’être à l’écoute de ce chant. Comme un acte d’adoration en tant que tel. Cet art permet à l’artiste comme à son auditoire, de se faire satellite et réceptacle de la parole de Dieu, d’en réfléchir la lumière et la beauté (dans tous les sens du terme), et de la transmettre et diffuser vers le monde. Cette réception ou captation de lumière est une forme de méditation active.

La dynamique « réflexion-émission », est fondamentale. Le Maître spirituel délivre des enseignements hérités de ses Maîtres eux-mêmes. L’élève s’expose à ces enseignements, à la manière des Compagnons, qui autour du Prophète (que Dieu continue de nourrir son âme, sa lumière, et notre connexion à lui) s’exposaient aux mêmes enseignements.

« S’exposer à » serait la meilleure définition du samaa. Par l’art, le public s’expose à la beauté, et à la lumière Mohammadienne, conservée en toute particule de ce monde.

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Le samaa peut se produire a cappella, comme il peut être accompagné de divers instruments de musique.

Le symbolisme des instruments

Dans la musique spirituelle soufie, les instruments du musicien ont une valeur symbolique. Outils de travail des initiés, leur maîtrise demande beaucoup de patience et d’humilité pour aboutir à une symphonie cadencée. L’âme humaine empreinte ces mêmes voies de patience et d’humilité pour se réaliser en Dieu.

Le Ney, ou flûte de roseau est l’instrument de la nostalgie de Dieu par excellence. Sa musique est une sorte de complainte amoureuse de la séparation et du manque de la Compagnie Suprême. Un souvenir nostalgique (chawq) de l’âme qui se rappelle sa proximité de Dieu. La poésie du grand Djallaleddine Rumi est connue pour personnifier ce roseau esseulé, si triste loin de sa roselière.

Le Oud, dans le monde arabe, est considéré comme le « sultan des instruments de musique ». Il se distingue du luth, qui est en peau animale. Son nom provient du bois dans lequel il est sculpté, le oud étant le terme qui désigne le bois d’acajou ou de noyer. Ses 4 cordes ont un sens cosmologique : elles correspondent aux 4 humeurs, aux 4 éléments, aux 4 saisons, et aux 4 points cardinaux.

Déjà au Xème siècle, Al-Farabi et Avicenne établissaient une liste de douze modes primaires (ou maqamàts) selon leur conception de l’Être et des émois dans lesquels l’âme humaine peut verser. Ainsi on savait quelle gamme jouer, pour convoquer la tristesse, la joie ou la passion dans le cœur des êtres perméables. Les modes actuels ne sont que éternel développement et actualisation de ces découvertes premières.

Le douff, (ou douffouf au pluriel) correspond au tambour (appelé aussi bandir) et autres instruments percussifs. Grand favori des cercles de développement de conscience, le tambour vient rythmer les assemblées des croyants, en simulant par la percussion la pulsation perpétuelle du cœur de ce monde. La tradition du chant et de la litanie spirituelle replace l’esprit et la lumière Mohamadienne, comme poumon et cœur de l’univers tout entier. Les percussions n’en sont alors que le symbole.

Le qanoun, est le descendant de la cithare égyptienne. Qanoun est le mot arabe qui veut dire « loi », ce qui a donné aussi le mot « canon ». Cet instrument aux nombreuses cordes, établit effectivement, la loi des fréquences pour les autres instruments. Cet instrument se caractérise par son potentiel et sa qualité dramatiques, qui nourrissent tout un imaginaire spirituel.

Shaykh Hamdi ben Aïssa

Venez découvrir toute la grandeur et la splendeur d’un tel art, de tels instruments, lors de la tournée française du groupe international de musique soufie, Al Firdaus Ensemble, accompagné par Shaykh Hamdi ben Aïssa.

Le 9 novembre à Paris, le 10 novembre à Lyon et le 11 novembre à Mulhouse.

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2 commentaires

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  1. Rejoignez nous pour la tournée d’AL FIRDAUS ENSEMBLE en FRANCE
    ➡ A PARIS LE 9 NOVEMBRE A LA CITE INTERNATIONALE DES ARTS, 20h
    Pour réserver votre place : https://www.billetweb.fr/floraison-firdaus-paris
    ➡ LYON LE 10 NOVEMBRE AU CCVA, 15h
    Pour réserver votre place : https://www.billetweb.fr/floraison-firdaus-lyon
    ➡ MULHOUSE, AU GRAND PALAIS GLUCK, 17h30
    Pour réserver votre place : https://www.billetweb.fr/floraison-firdaus-mulhouse

  2. “Alors, par l’unisson des voix, les cœurs se réchauffent, le niveau (maqam) des personnes présentes se lève et s’élève vers Dieu, dans une ascension vertigineuse et infinie.” C’est surtout avec la complicité des djinns (pas n’importe lesquels, mais les chayatines parmis les djinns) que cette transe à lieu.
    Sourate 72 “Les Djinns” :
    “6. Or, il y avait parmi les humains, des mâles qui cherchaient protection auprès des mâles parmi les djinns mais cela ne fit qu’accroître leur détresse.
    7. Et ils avaient pensé comme vous avez pensé qu’Allah ne ressusciterait jamais personne.”

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