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On a tous en nous quelque chose d’Ibn al-Banna’ al-Marrakushi

Mathématicien du 13ème siècle, Ibn al-Banna’ al-Marrkushi s’inscrit dans une longue lignée qui a commencé avec Al Khawarizmi. Il a brillé plus par son approche conceptuelle que par son érudition.

On lui attribue plus de 50 traités dont notamment un “livre des fondements et des préliminaires de l’art de l’algèbre”, un cours dicté à ses étudiants sous le titre d’une “brève exposition des opérations de calcul”, ainsi qu’un commentaire et démonstration de ses travaux précédents intitulé “le lever du voile sur les différents procédés de calcul”.

Auteur prolixe d’accès ardu, du fait de l’absence de tous symbolisme dans l’usage des mathématiques de l’époque, (la résolution d’une équation dans la forme étant identique à un texte littéraire), Ibn al-Banna’ al-Marrakushi a fait de l’algèbre un art du vrai sur le plan théorique et une science du juste sur le plan pratique.

Par une démarche plus inclusive qu’exploratoire, Ibn al-Banna’ al-Marrakushi a réuni, d’une part la pensée de Platon qui voit dans les mathématiques le sous-jacent de toutes les sciences, et Aristote qui cloisonne les sciences entres elles, ne voyant dans la géométrie et l’arithmétique qu’une vue de l’esprit.

On lui doit entre autres, une description holistique des nombres en lieu et place d’une définition, un détachement des représentations géométriques dans la démonstration algébrique, l’extension de ses opérations au zéro, ainsi que l’usage non utilitariste des mathématiques en dehors des champs d’application habituels (partage d’héritage, mesure d’un terrain, niveau d’un canal d’irrigation,…).

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Il a été par ailleurs, le premier à établir le principe de la fraction comme le rapport entre deux nombres, et surtout un algorithme d’extraction des racines carrés avec des critères de congruence pour déterminer ceux relatifs à un nombre entier ou carrés parfaits. 

Ibn al-Banna’ al-Marrakushi a entretenu également un rapport métaphysique au nombre, considérant qu’il s’agit d’un élément primaire lié à notre conscience humaine. L’unité en serait la source devenant alors un principe qui n’aurait aucun préalable.

Le parallèle entre le nombre et la fitra du musulman d’une part, et entre l’unité numérique et le tawhid d’autre part, semble apparaitre en filigrane. Ibn al-Banna’ al-Marrakushi est à ce titre profondément imprégné de son environnement culturel cherchant à y trouver, y compris dans la numérotation décimale, un fondement logique. Ibn al-Banna’ al-Marrakushi a ainsi tenté de bâtir en toute chose la concordance, sans concordisme, entre ses convictions et les mathématiques.

Passé à la postérité en toute discrétion, Ibn al-Banna’ al-Marrakushi, dont le nom a été attribué par l’Union Astronomique Internationale à un cratère lunaire en 1976, est à l’image de son “Talkhis Amal Al Hissab”, introduit en 1865 par A. Marre, par ce qui aurait pu être une épitaphe : “contrairement à ce qui se voit chaque jour dans le monde, mais conformément à se qui se rencontre parfois dans les manuscrits arabes conservés dans nos bibliothèques, l’étiquette annonce moins que la réalité et le précieux volume donne plus qu’il ne promet“.

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