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L’armée canadienne accueillera bientôt son premier aumônier musulman francophone

Si Jalal Khaldoune, un Canadien attaché à ses racines marocaines, sait ce qu’il aspire à être d’ici à deux ans, il sait d’ores et déjà tout aussi parfaitement ce qu’il ne veut pas : qu’on le désigne sous l’appellation d’imam, préférant nettement les termes d’aumônier, voire même de padre, lorsqu’il fera ses premières armes dans les Forces armées du pays de l’érable.
Pour avoir l’insigne honneur d’écrire une nouvelle page de l’histoire militaire de sa terre d’adoption en tant que premier aumônier francophone de confession musulmane, ce scientifique de formation, titulaire d’un doctorat en science de l’eau décroché à Québec où il posa ses bagages en 2001, devra poursuivre sa trajectoire atypique sans brûler les étapes.
A 43 ans, Jalal Khaldoune creuse son sillon dans la Belle Province en empruntant une autre voie professionnelle à des années-lumière de son domaine de prédilection, la recherche, et de son projet phare, la cartographie des îlots de chaleur, assurant que son étonnante reconversion n’a rien d’une lubie soudaine.
Le futur aumônier musulman de la Grande muette canadienne qu’il ne faudra surtout pas appeler « imam » au risque de le contrarier, ainsi que son ambition de « servir tout le monde » et pas seulement ses coreligionnaires engagés sous les drapeaux, a confié à la presse locale avoir toujours rêvé de porter l’uniforme.
Après avoir mis son corps à rude épreuve en suivant, en 2014, un entraînement militaire long de trois mois, aux airs de parcours du combattant, Jalal Khaldoune, qui en est ressorti « grandi » et conforté dans sa volonté d’y faire carrière, a fini par trouver sa vocation par hasard, au détour d’une conversation nouée dans l’enceinte du Collège royal militaire de Saint-Jean.
Lui qui ignorait tout du poste d’aumônier des armées, jusqu’à son existence même, avant que quelqu’un ne l’incite à revêtir les habits de la foi, l’imaginant bien dans ce rôle, s’est empressé de rencontrer l’aumônier en chef du Collège militaire, persuadé que ce nouveau costume lui irait comme un gant.
Le chemin est encore long pour marquer de son empreinte l’armée canadienne où, depuis 2003, seuls trois aumôniers musulmans anglophones officient. Il passera par un nécessaire retour sur les bancs d’école en vue d’approfondir ses connaissances en théologie, que viendra compléter un engagement pastoral durant deux ans.
« La religion est complètement innocente lorsqu’il y a des actes terroristes », répète Jalal Khaldoune à l’envi, et avec d’autant plus de force qu’il est en train de peaufiner une maîtrise portant sur l’islam et la radicalisation au sein de l’Université de Laval.
« Il n’y a aucun passage dans l’islam qui dit : “Allez tuer les gens!”. Je trouve que les gens mélangent, mais finalement, ça me pousse encore plus à aller dans ce domaine », s’emballe-t-il avec l’enthousiasme de celui qui est convaincu d’avoir trouvé sa voie, tout en écoutant l’âme du scientifique qui sommeille toujours en lui : « Je peux utiliser toutes mes connaissances, ça va m’aider dans mon nouveau travail, j’en suis certain ».
Alors que la Grande Mosquée de Québec porte encore le deuil des six fidèles qui ont disparu tragiquement fin janvier, fauchés par les balles du monstre de sang froid, le terroriste d’extrême droite Alexandre Bissonnette, Jalal Khaldoune est allé récemment se recueillir dans l’enceinte sacrée à jamais marquée par ce drame absolu et témoigner sa solidarité aux membres de la communauté musulmane, en compagnie de 16 autres aumôniers de l’armée, emmenés par le brigadier-général Guy Chapdeleine. Tous deux ont été conviés au grand dîner organisé en mémoire des victimes, en présence de leurs familles accablées de chagrin.
 
 

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Un commentaire

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  1. et bien ma foi, s’il est aumônier, il n’est nullement imam ! Padre ? j’ai toujours appelé l’imam de mon quartier par Monsieur tel (par son nom !)
    Par contre, il a plus que raison, notre religion ne nous incite pas à tuer, y compris, notre propre personne.

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