À Lamu, île historique de l’archipel côtier du Kenya, le professeur Mohamed Shariff Mzee, connu sous le nom de Tantawy, incarne un islam ouvert et accueillant. À 60 ans, ce père de neuf enfants s’est forgé une réputation unique en conjuguant prédication religieuse et poésie, touchant ainsi musulmans et non-musulmans.
Cette passion pour la poésie lui vient de famille. Son oncle, Cheikh Ahmad Msallama, était un poète renommé de la région côtière qui l’a initié à cet art. Pour Tantawy, la poésie n’est pas qu’un simple ornement : elle s’inscrit dans la tradition coranique elle-même. “Un mot arabe, pour être correctement utilisé, doit trouver sa référence dans le Coran, les Hadiths ou la poésie arabe”, explique-t-il.
Sa réputation dépasse largement les frontières de son village natal de Kizingitini. Dans les mosquées où il prêche, les fidèles sont captivés par son style unique. “Impossible de somnoler pendant ses sermons”, confie Khamis Ali, un habitué. “Sa façon poétique de transmettre le message nous maintient éveillés et attentifs tout au long de ses enseignements.”
Ce qui frappe chez lui, c’est son ouverture d’esprit. “Il interagit avec tout le monde dans les rues, sans discrimination, toujours prêt à analyser les questions religieuses en y mêlant la poésie”, témoigne Simon Charo, un habitant non-musulman de Lamu. Cette tolérance religieuse et son approche inclusive lui valent l’estime de toute la communauté.
Son surnom, donné par un érudit égyptien impressionné par sa maîtrise précoce du Coran, est devenu plus connu que son nom d’origine. Une belle illustration de la façon dont la créativité poétique peut servir le dialogue interreligieux et le vivre-ensemble.
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