L’armée russe qui depuis 2015 soutient le régime de Bachar el-Assad a aujourd’hui la mainmise sur le ciel syrien et possède une base navale stratégique dans le port de Tartous. Mais la brutalité de Vladimir Poutine en Ukraine met à mal les efforts de Damas pour lisser son image auprès de ses voisins arabes.
L’invasion russe de l’Ukraine aura-t-elle des répercussions sur le terrain syrien ? Le régime de Bachar el-Assad est l’un des rares pays à avoir soutenu Moscou dans son aventure belliqueuse chez son voisin ukrainien, lors d’un vote aux Nations Unies (en dehors de la Corée du Nord, de l’Érythrée, de la Biélorussie et, bien sûr, de la Russie elle-même).
Il ne pouvait — en réalité — en être autrement. Le régime Assad doit en grande partie sa survie à l’intervention russe de 2015. Aujourd’hui, sept ans plus tard, la Russie est vue comme un paria sur la scène internationale et s’est condamnée à l’isolement économique. Le régime syrien pourrait par ailleurs être une victime collatérale de l’attitude de son parrain russe.
La normalisation syrienne interrompue
Le journal libanais L’Orient-Le Jour explique que la guerre entreprise par Vladimir Poutine est « une épine dans le pied du président syrien qui avait, avec l’aide de Moscou, entamé une opération de séduction, notamment en direction des différents pays de la région afin de lisser son image de dictateur en vue de se réinsérer sur la scène diplomatique ».
Citant l’analyste et professeur Ziad Majed, le quotidien estime qu’’ »au vu des récents événements, la normalisation avec le régime Assad n’est plus à l’ordre du jour dans les capitales européennes et américaines (…) Cela ne signifie pas qu’elle l’était véritablement, mais certaines voix s’élevaient pour évoquer la nécessité de renouer diplomatiquement avec Damas ». Il fait ici référence au feu vert accordé en septembre dernier par l’administration Biden que la Syrie serve de point de passage pour acheminer du gaz et de l’électricité au Liban.
Le journal insiste également sur le fait que l’aventure russe en Ukraine isole aussi le régime syrien, du point de vue militaire surtout. L’enlisement de l’armée russe en Ukraine pouvant potentiellement fragiliser « l’effort de Moscou » en Syrie.
Ce qui constituerait une « fenêtre de tir » pour l’Iran, qui soutient également Bachar el-Assad, notamment par le biais de ses milices. Téhéran pourrait ainsi profiter de ce climat particulièrement agité pour intensifier son assise sur la scène syrienne et inquiéter davantage Israël.
Les mercenaires syriens en Ukraine
Nouveau rebondissement vendredi, Vladimir Poutine a encouragé des mercenaires syriens à combattre aux côtés de Moscou. Reste à savoir maintenant si cette annonce est un moyen de propagande de la part du chef de Kremlin. Une façon pour le maitre du Kremlin de rappeler à ses adversaires qu’il peut actionner des leviers en Russie, en Biélorussie, mais aussi en Syrie.
Assad, n’est-ce pas ce président qui faisait jeter par hélicoptère des barils d’explosifs sur des quartiers où habitait son peuple ?
Au moins, il n’est pas un ingrat !