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La marque américaine Abercrombie & Fitch condamnée pour avoir licencié une employée voilée

En ce lundi 9 septembre, la marque américaine Abercrombie & Fitch n’a pas eu gain de cause dans le tribunal de San Francisco et l’argument avancé pour licencier une employée voilée de 19 ans a été balayé d’un coup de maillet par la juge, seule à même de juger que l’entreprise avait violé les lois contre la discrimination.

Recrutée en 2010 dans un magasin californien Hollister, filiale d’Abercrombie & Fitch, Hani Khan ne s’était heurtée à aucune restriction concernant le port du hijab, son intégration professionnelle s’annonçant sous les meilleurs auspices. Les choses se sont gâtées quelques mois plus tard, quand sa supérieure hiérarchique a brusquement fait une volte-face hostile à son apparence, établissant une ahurissante corrélation entre la visibilité musulmane de la jeune femme et la baisse des ventes enregistrée par sa structure.

Après avoir subi de fortes pressions pour qu’elle retire ce voile que sa direction ne saurait voir désormais, la jeune femme a été purement et simplement licenciée sur la base de convictions religieuses dont elle n’avait jamais fait mystère et, plus étonnant encore, qui n’avaient pas été rédhibitoires lors de son embauche.

"Mes employeurs ont subitement considéré que cela ne collait plus avec le style préconisé pour les vendeurs, et j’ai trouvé cela vraiment injuste", a déclaré la nouvelle paria de l’entreprise qui avait le dos large mais pas au point de se voir imputer la chute du chiffre d’affaires.

Conduite vers la sortie sans ménagement, Hani Kahn a porté plainte en 2011 : "J'ai été vraiment bouleversée par ce qui s'est passé et je ne veux pas  que l’entreprise s’en sorte comme ça, parce que si ça m'est arrivé, ça peut arriver à n'importe qui," n’a cessé de clamer la plaignante dans l’attente  fébrile du jugement.

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Le prétexte censé justifier son limogeage n’a pas abusé la juge du tribunal de San Francisco qui a considéré  que non seulement "Abercrombie n’avait pas réussi à apporter la preuve que ses ventes avaient baissé", mais également que la direction du magasin avait initialement autorisé la victime à travailler en hijab, estimant alors que son look "correspondait aux couleurs et valeurs de l’entreprise."

Chronique d’une discrimination professionnelle ordinaire, le label Abercrombie est connu défavorablement pour ses directives très strictes en matière de style vestimentaire, ne badinant pas avec les coiffures tolérées au travail. Au-delà du guide remis aux employés où sont illustrées les coupes de cheveux correctes et soignées à adopter par tous, hommes et femmes, le PDG de la compagnie Mike Jeffries a défrayé la chronique en mai dernier, lorsqu’une interview datant de 2006 a fait le buzz dans les réseaux sociaux, et pour cause ! Il se plaisait alors à dire que sa marque s’adressait exclusivement à  des clients "cools et beaux".

En 2005, Abercrombie & Fitch avait déjà dû verser 40 millions de dollars suite à une action collective menée par plusieurs milliers de plaignants, en Oklahoma et en Californie, qui avaient en commun de s'être vu  refuser un emploi en raison de leur origine.

Ce qui ne tue pas rend plus fort, tel est l’adage Nietzschéen qu'Hani Kahn a fait sien. Celle-ci ressort grandie de cette épreuve, se disant suffisamment forte désormais pour « défendre ce en quoi je crois », en espérant que son cas aura valeur d’exemple : « La loi nous protège et nous avons besoin de parler et de lutter contre la discrimination quand elle arrive », a-t-elle confié sur ABC, alors que le 30 septembre prochain Abercrombie & Fitch saura précisément ce qu’il en coûte de mettre dehors une employée voilée en transgressant allègrement le code du travail.

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