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Jérôme Kerviel, le trader qui aime le Coran

Incompatible avec la République, incompatible avec la laïcité, incompatible tout court, parmi les innombrables fantasmes qui planent comme des ombres sur la deuxième religion de France, l’incompatibilité colle à l’islam comme une seconde peau.

Et pourtant, on peut être un jeune trader français de 33 ans, non-musulman, se rêvant golden boy, frappé par l’addiction de la spéculation à force de vendre son âme aux marchés financiers, accusé d’avoir fait vaciller la Société Générale en lui faisant perdre 5 milliards d’euros en 2008, et se faire l’inattendu porte-parole, dans un récit autobiographique « Mémoire d’un trader », de la compatibilité harmonieuse de l’islam avec une quête intime de sens.

Rares sont ceux qui devaient être dans la confidence d’une inclination particulière, difficilement avouable en France sans devenir à son tour l’objet de la pire diabolisation : “Il se trouve que je m’intéresse à la religion musulmane, que j’ai toujours cherché à en comprendre l’esprit, et apprécie la lecture toujours enrichissante de son livre sacré. J’étais scandalisé de l’amalgame fait par certains journalistes [ avec le terrorisme ndlr]. Je me posais de nombreuses questions. En quoi est-ce suspect d’avoir un coran chez soi ? En quoi est-ce suspect de s’intéresser à la religion musulmane et de s’y sentir proche ?”, s’épanche à coeur ouvert Jérôme Kerviel à la page 160 de son livre témoignage.

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Qui aurait pu imaginer que lui, l’expert du boursicotage par qui le scandale est arrivé, l’incarnation d’une génération toute entière acquise au cynisme mercantile, se disant pion d’un engrenage infernal, quand ses puissants détracteurs le déclarent acteur, puisse vouer un autre culte qu’aux totems du capitalisme ? Les voies de l’islam sont certes impénétrables, et font une fois encore l’éclatante preuve de leur résonance dans tous les cœurs, les plus atypiques ou antinomiques soient-ils, a priori…

Après la scène médiatique, Jérôme Kerviel devra justifier sa démesure spéculative dans un tout autre théâtre, celui du prétoire du tribunal correctionnel de Paris, du 8 au 25 juin, ce dernier souhaitant en faire une tribune pour évoquer la « moralisation des marchés financiers », un cheval de bataille éthique parfaitement islamo-compatible.

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