Animée d’une conscience politique, forte et éclairée, qui est née très tôt dans les camps de réfugiés de sa Somalie natale, Ilhan Omar, 33 ans, fière de ses racines et à jamais marquée par son enfance passée à fuir la guerre civile, pourrait fort bien réaliser son rêve américain. Un rêve qu’elle caresse depuis son arrivée sur le sol de la bannière étoilée, il y a 21 ans de cela, sans jamais s’avouer vaincue : conquérir les suffrages pour représenter l’Etat du Minnesota à Washington.
Elevée par un père célibataire dont elle est restée très proche, la jeune femme voilée au brillant parcours universitaire – elle est titulaire d’un diplôme de sciences politiques – et maman attentive d’une fillette de 11 ans qui aspire déjà à marcher sur ses traces, est arrivée à l’âge de 12 ans à Airlington, en Virginie, sans parler un traître mot d’anglais.
Deux ans plus tard, l’adolescente qu’elle était devenue se faisait une joie d’assister Baba Abukar, son grand-père somalien tendrement chéri, dans son travail communautaire, s’appliquant à traduire le plus fidèlement possible des textes de loi, ainsi que toutes ses interventions publiques. C’est à ses côtés qu’elle attrapa le virus de la politique et qu’elle réussit à s’imposer, au fil du temps, comme une militante pleine d’ardeur, en lutte contre toutes les formes de discriminations et autres disparités criantes.
« Quand nous avons débarqué aux Etats-Unis, je ne parlais pas anglais. Ce fut la première fois que je réalisais que j’étais noire et musulmane, que ma couleur de peau et mon foulard me distinguaient du reste de la population et rendaient mon identification de réfugiée somalienne évidente aux yeux de tous. Ma couleur de peau étant même une source de tensions palpables », a-t-elle relaté, lors d’un entretien où elle s’est livrée à cœur ouvert.
Son parcours de vie exemplaire bascula brutalement dans le drame en 2014, lorsque, après avoir avait gravi tous les échelons jusqu’à présider aux destinées du district sous les couleurs du parti Démocrate, elle fut violemment agressée par huit hommes. Traumatisée et souffrant d’une forte commotion cérébrale, c’est épaulée par sa fille que la première Américaine musulmane à briguer un siège à la Chambre des Représentants a repris progressivement des forces et confiance en elle. Ilhan Omar est ressortie de cette épreuve plus combative que jamais, fermement résolue à ne pas céder à la peur paralysante et à ne pas renoncer à son objectif suprême.
« Je pense que je peux servir d’exemple et insuffler une nouvelle dynamique. A toutes les personnes qui aspirent au changement et ont peur de sauter le pas, je veux leur prouver que c’est possible, même s’il faut s’armer de courage et de détermination pour y parvenir », clame-t-elle haut et fort.
« Nous avons la chance de vivre dans l’un des districts les plus progressistes du pays et qui échappe encore au fléau de l’islamophobie. Je m’engage à porter haut ces idéaux progressistes pour toutes celles et ceux qui souhaitent les voir triompher », a fait le serment Ilhan Omar. Elle a l’espoir chevillé au corps de faire entendre sa voix sous la coupole du Coupole et, au-delà, dans une Amérique dont le débat public est pollué par la démagogie de caniveau de Donald Trump.
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