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Génocide des Rohingyas: pourquoi l’Arabie saoudite reste silencieuse

Alors que le monde musulman se mobilise en soutien aux Rohingyas l’Arabie saoudite se fait particulièrement discrète. Ses relations économiques avec la junte birmane semblent primer sur la solidarité confessionnelle avec ces populations sunnites martyrisées.
À quoi joue l’Arabie saoudite ? Alors que l’ensemble des nations musulmanes vient en aide aux Rohingyas, le royaume des Saouds se contente du minimum diplomatique.
Depuis plusieurs semaines, la crise s’aggrave : plus de 300 000 civils ont été contraints de se réfugier au Bangladesh pour fuir les violences et les Nations unies dénoncent désormais un « exemple classique de nettoyage ethnique ». Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, près d’un tiers des Rohingyas de Birmanie (estimés à un million) sont désormais réfugiés au Bangladesh. Or, les capacités d’accueil de ce dernier sont saturées, avec des camps de fortune émergeant le long des routes et une crise humanitaire en vue.
Face à cette situation dramatique, les musulmans du monde entier se mobilisent. Le 6 septembre, le Rassemblement des musulmans de France a exhorté « les autorités françaises et internationales à agir au plus vite et avec la plus grande vigueur pour faire cesser l’extermination de populations civiles ». Dans plusieurs mosquées de la région lyonnaise, le prêche a été consacré au « génocide des Rohingyas en Birmanie » lors de la prière du vendredi 8 septembre.
Le même jour, plus de 5 000 personnes ont manifesté en Indonésie pour demander la fin des violences contre les Rohingyas. Au Pakistan, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans les principales villes du pays, notamment à Karachi. Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées à Jalalabad (Afghanistan), tandis que plus de 15 000 manifestants ont dénoncé le « génocide rohingya » à travers le Bangladesh.
Les grandes capitales se mobilisent
Les croyants ne sont pas les seuls à se mobiliser. La plupart des États, musulmans ou non, activent leurs réseaux diplomatiques et débloquent des fonds pour tenter de venir en aide aux Rohingyas. Même des gouvernements plutôt discrets, comme celui de la Tchétchénie, ont pris la parole pour dénoncer ce nettoyage ethnique. Le président Kadyrov n’a pas hésité à défendre publiquement la cause du peuple rohingya, au risque de froisser Moscou. « Aujourd’hui, des millions d’habitants de différents pays et moi-même exigeons des leaders mondiaux d’arrêter ce massacre. Nous exigeons que les coupables soient punis, ainsi qu’une enquête internationale sur ces crimes contre l’humanité », a plaidé le chef tchétchène.
Or la Russie, allié traditionnel du pouvoir birman, n’a pas condamné ces déclarations de solidarité. Le ministère des Affaires étrangères russe s’est au contraire dit « préoccupé » par le nombre de « victimes parmi la population civile ». Une manifestation a par ailleurs eu lieu devant l’ambassade birmane de Moscou. Preuve, s’il en fallait une, que cette cause touche bien au-delà du monde sunnite.
En Iran, le président Hassan Rohani a ordonné que l’aide préparée par le Croissant-Rouge du pays soit « immédiatement envoyée au peuple opprimé » en Birmanie. Morteza Salami, chef de l’organisation, a signalé qu’une d’aide d’urgence avait été mis sur pied par le Croissant-Rouge iranien pour être expédié par avion en Birmanie.
Dans ce déluge d’aides et d’efforts diplomatiques, le silence d’un État est plus remarqué que d’autres. Discrète depuis le début de la crise, la position de l’Arabie saoudite surprend d’autant plus qu’elle est l’une des plus grandes puissances musulmanes au monde et qu’elle héberge des lieux saints tels que la Mecque. Une posture qui s’explique avant tout par ses alliances cachées avec le régime birman.
Alliance birmano-saoudienne
Avec la montée en puissance du gaz de schiste dans l’énergie américaine, la Chine est devenue le principal client des Saoudiens, devant les USA. Pour satisfaire les demandes gargantuesques en hydrocarbure de Pékin, Riyad et Naypyidaw (la capitale de la Birmanie) ont mis en place en avril dernier un oléoduc qui relie l’Océan indien à la Chine. Le réseau traverse ainsi du sud au nord l’ensemble de la Birmanie et permet d’éviter que les importations pétrolières chinoises ne passent par bateaux par le détroit de Malacca. En effet, cette route commerciale est particulièrement vulnérable, car en cas de crise diplomatique ou de guerre, le simple contrôle de cet étroit corridor peut priver la Chine de tout son approvisionnement énergétique. Ce nouvel oléoduc, qui traverse les terres agricoles des Rohingyas, sécurise ainsi les échanges entre Riyad et Pékin.
Pour ne pas froisser son nouveau partenaire birman qui lui permet d’accéder au marché de l’Empire du Milieu, l’Arabie saoudite est très discrète sur cette catastrophe humanitaire. Ce n’est que le 19 septembre que le Roi Salmane a officiellement annoncé vouloir venir en aide aux réfugiés rohingyas, avec un don de 15 millions de dollars. Une bagatelle, quand l’on connaît les revenus faramineux du premier producteur mondial de pétrole.
Le royaume saoudien fait profil bas : gardien des lieux saints musulman, défenseur d’une lecture rigoriste de l’Islam, son zèle religieux semble soudain s’évaporer dès qu’il s’agit de menacer ses revenus en venant en aide à ses coreligionnaires.

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7 commentaires

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  1. 1/ Les manifestations ne servent strictement à rien
    2/ Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas tout un foin dans la presse qu’on ne fait rien.
    Arrêtez de prendre des péchés en parlant sur vos frères, faites ce que vous avez à faire, chacun sera jugé ,e vous inquiétez pas.

  2. Ces saoudiens sont des CRIMINELS au Yémen et des COMPLICES de criminels en Birmanie ! Les musulmans du monde entier devraient boycotter le pèlerinage dans ces conditions et réclamer une GESTION COMMUNE de tous les pays musulmans sunnites et chiites DES LIEUX SAINTS !!!

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