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Des voix anti-immigration montent en Suède parallèlement à la percée de l’extrême droite

Terre d’asile accueillante, réputée pour être un modèle d’intégration, la Suède, sans passé ni passif colonial, qui a ouvert ses frontières à tous les réfugiés syriens contraints à l’exode et à l’errance, est en proie aux campagnes anti-immigration inflammables orchestrées par les Démocrates de Suède (SD), l’extrême droite du terroir, résolus à mettre le feu aux poudres depuis leur percée historique aux dernières législatives.

Mises à mal par la montée du nationalisme, les digues de la cohésion sociale tentent de résister aux attaques qui se sont intensifiées au cours de ces derniers mois, faisant de l’immigré et de l’immigration les racines du mal, au grand dam de Stefan Löfven, le Premier ministre suédois et figure de proue du Parti social-démocrate, ainsi que de la coalition de centre-gauche qu’il dirige.

"L’immigration est de plus en plus dépeinte comme un problème crucial. Le danger qui nous guette dans notre pays gouverné par les Démocrates, aujourd’hui divisés sur la question, c’est d’assister à la banalisation des idées et des actions racistes", a analysé Daniel Poohl, rédacteur en chef du magazine Expo anti-raciste, dans un entretien accordé au Guardian, en se référant au résultat inquiétant qui est récemment ressorti d’une étude universitaire, mettant en relief l’impact sur l’opinion des « préjugés très négatifs » accolés aux musulmans. Des préjugés qui gagnent du terrain et s’enracinent durablement dans les esprits, contaminant un électorat que la Suède croyait immunisé contre l’instrumentalisation de l’islamophobie : les électeurs démocrates qui, parmi les électeurs anti-immigration, s’avéreraient les plus réceptifs à ces campagnes de haine.

Les appels à raison garder du Premier ministre, qui ne cesse d’alerter sur la dangerosité de groupuscules "néo-fascistes", semblent prêcher dans le désert, des voix s’élevant de plus en plus distinctement pour faire part des préoccupations croissantes quant aux suppressions d’emplois à l’échelle nationale et à la présence d’immigrants sur le territoire, jugée massive et menaçante.

"Il n'y a pas assez d'emplois pour les Suédois, mais il y a de plus en plus d'immigrants, des centaines par an à venir à Stockholm", a lancé Kevin, du haut de ses 16 ans, se targuant d’être un membre actif de l'aile jeunesse des Démocrates de Suède, tout comme l’est son aîné, Lars Ake, 55 ans, qui n’a pas tourné autour du pot pour pointer du doigt ceux qui polluent son oxygène : "Il y a trop de réfugiés, trop d'Arabes. Est-ce que je vais bientôt devoir apprendre l’arabe pour vivre chez moi ?", s'est exclamé ce dernier en explosant de colère, s'estimant trahi par ceux qui président aux destinées du pays.

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Niclas Nilsson, le leader des Démocrates de Suède au conseil municipal de Kristianstad, une ville moyenne située dans le comté de Scanie, ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il évoque la politique d’immigration conduite par le gouvernement :  "C’est la plus irresponsable d’Europe occidentale. Les Suédois ne se sentent plus chez eux", tempête-t-il, renchérissant : "Le problème que nous avons est essentiellement avec les musulmans. Ils ont de la difficulté a s’assimiler, tellement leur culture est basée sur l'Islam", tout en insistant sur le taux de natalité des immigrés musulmans qu’il considère nettement au-dessus de la moyenne.

Dans ce tableau particulièrement sombre, une éclaircie réussit toutefois à filtrer, à travers les irréductibles du vivre-ensemble, encore majoritaires, qui s’emploient vaillamment à faire rempart contre la normalisation des valeurs anti-immigration, des valeurs antinomiques avec les valeurs intrinsèques de cette terre généreuse des fjords.

 

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