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Conte : Yasmine et le roi

Il était une fois dans une lointaine contrée, un enfant nommé Yacine qui avait trois femmes dans sa vie : sa soeur, sa mère et sa tante.  Ce qu'elles avaient en commun, c'est le foulard qu’elles portaient, car elles étaient musulmanes, mais chacune à sa manière.  Sa soeur  Majda portait un petit foulard bleu, sa mère Yasmine était revêtue d’un long voile blanc, et sa tante Amelle portait en plus de son voile noir un autre voile qui cachait son visage.  On la disait très belle, mais personne, à part les gens de son entourage, ne l'avait jamais vue, et elle, qui était très modeste, disait qu'elle cachait son visage par pudeur,  et ce dont elle était sûre, c'est que le soleil n'accentuerait pas ses rides lorsqu'elle en aurait…

C'est ainsi que cette famille vivait sa vie paisiblement : la maman Yasmine, qui aimait les enfants, travaillait à domicile et s'occupait d'enfants que voulaient bien lui confier les gens aisés. Elle aimait son métier qui lui permettait de subvenir aux besoins de sa famille, composée de ses deux enfants ainsi que de sa jeune sœur, la belle Amelle, que lui avaient confiée ses parents avant de mourir.

Ses deux enfants, quant à eux, allaient à l'école car il était très important pour cette mère de famille qu’ils s'instruisent. De son côté, Amelle vaquait à ses occupations, tout en aidant Yasmine à s'occuper des enfants dont elle avait la charge.

Mais cette vie paisible allait être bouleversée par la venue d'un roi injuste, qui ne voulait plus entendre parler de musulmanes et en particulier de celles qui portaient un voile.

Ni une ni deux, ce monarque décida d'interdire le voile dans tout le royaume avec l'accord de ses ministres qui, pourtant, divergeaient sur des sujets beaucoup plus vitaux comme le partage des récoltes, ou la justice. Tous s'accordaient à dire que le voile gâchait la beauté des femmes, que les femmes devaient être vues par tous les hommes,  même si elles ne le désiraient pas, et puis qu’après tout, il revenait au roi d’imposer sa loi dans son fief.

Ainsi, la petite Majda voyait tous les matins des gardes menaçants devant son école, qui l'obligeaient à enlever son petit foulard bleu qu’elle avait coutume de mettre pendant ses prières ou pour sortir, afin que tout le monde puisse assister à son humiliation et contempler sa tristesse.

Mais ce qui arriva à Amelle fut plus douloureux encore, car le roi ordonna qu’aucune femme n’était autorisée à sortir avec un voile sur le visage, contraignant la jeune fille à rester chez elle et à ne plus rien faire, car elle refusait de se plier à l'ordre royal.

Yasmine, inquiète, comprit très vite qu'elle se verrait  bientôt retirer la garde des enfants, puisqu’elle était, elle aussi, voilée. Quelle tristesse pour cette femme, qui ne comprenait pas pourquoi  l'un des ministres du roi, nommé Valls, affirmait que le voile pouvait effrayer des enfants ! Son voile était-il sale, ou rêche, ou pire encore si laid que des enfants en aient peur à ce point ?

Elle qui aimait si tendrement les enfants, elle qui se levait le matin avec plaisir, à l’idée de faire plein de jeux et de dessins avec ces petits qui lui rappelaient tant les siens au même âge ! Ces enfants qu'elle consolait quand ils pleuraient, au point qu'elle connaissait la signification de chaque pleur, comme si ces enfants étaient les siens ! Yasmine n'arrivait pas à s'imaginer que ces enfants, qui lui apportaient tant de bonheur,  allaient lui être retirés par ordre royal ! Quel terrible gâchis à cause d'une seule personne !

Et elle en voulait à ce nouveau roi qui, usant  de son pouvoir  et au nom de son aversion pour le voile, avait anéanti leurs vies : car où trouver l'argent pour nourrir sa famille ? Même le petit Yacine se sentait mal, car  impuissant,  et se demandait sans arrêt quels crimes avaient commis les personnes qu'il aimait le plus au monde  pour être mises ainsi à l'écart,   se jurant dans son petit coeur qu'il se révolterait plus tard contre toutes les injustices qu'il ne manquerait pas de voir dans sa vie…

Mais c'était oublier que la miséricorde de Dieu se manifeste parfois d'étrange façon ! Car ce roi avait un fils qui avait beaucoup voyagé, et qui avait côtoyé de nombreux musulmans. Il tenta alors d'expliquer à son père qu'il se trompait, et que soumettre les gens par la force ne pouvait que se retourner contre lui…

Effectivement, les villageois, devant cet acharnement contre certaines femmes, décidèrent de se soulever : un soulèvement pacifique bien entendu, qui consista à garder le fruit de leurs récoltes et à retenir auprès d’eux tous ceux qui étaient employés au palais du roi !

Ces femmes musulmanes, qui se trouvaient en minorité, furent ravies de ce soutien, et comprirent qu'elles le devaient à celles qui, comme Yasmine, s'occupaient si bien de leurs enfants.

Le roi, fou de rage, ne sut que faire devant la rébellion et demanda conseil à son fils, pour une fois. Ce dernier lui conseilla alors de rencontrer les villageois "rebelles ", ainsi que les femmes musulmanes concernées,  afin de connaître leurs propositions.

Rendez-vous fut donné dans la grande salle du palais.

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Ce furent d'abord les musulmanes qui entrèrent, suivies par les villageois. A la vue des voiles, le roi eut un haut-le-coeur que remarquèrent les femmes musulmanes, surprises et peinées à la fois. Les gardes menaçants tout proches n'attendaient que l'ordre du roi pour le leur arracher (cela était déjà arrivé sans que personne ne puisse faire quoi que ce soit, tellement la violence des gardes était paralysante !). Mais le fils du roi calma le jeu en demandant aux gardes de quitter la salle.

Yasmine prit la parole et demanda au roi : " Pourquoi cette violence sur des femmes qui ne vous ont jamais rien fait ?"

Le roi répondit : "Je ne veux pas que ce voile se répande dans tout le royaume, je ne supporte pas de ne pas voir ce qui fait la beauté d'une femme : ses formes, ses cheveux."

Yasmine : "Est-ce qu'une femme, ce n'est pour vous que ses cheveux et son corps ? Est-ce qu'une femme, qui ne veut pas montrer ce que vous qualifiez d'essentiel, devient moins qu'une femme?"

Le roi : "Non, mais…"

Yasmine : "Est-ce que parce que vous avez décidé d'abuser de votre pouvoir, des femmes n'ont plus le droit de s'instruire, de sortir et même de travailler ?"

Le roi : "Oui, parce que le foulard pourrait les empêcher de réfléchir, puisqu'il couvre la tête" 

Yasmine : "Est-ce que le foulard étouffe le cerveau ?" 

Le roi souria et rétorqua : "Non, je ne le crois pas."

Yasmine poursuivit : "Pourquoi faire croire que le foulard est une oppression, alors que c'est vous qui pratiquez l'oppression en nous empêchant de nous habiller selon nos convenances, en nous empêchant de sortir, de travailler, de vivre tout simplement ?"

Le roi : "Mais nos parfums, nos étoffes que nous ramenons de très loin, vous ne les achetez pas, car vous ne les utilisez pas !"

Yasmine : "Mais qui vous a raconté ces foutaises ? Votre ministre Valls, qui pense que le voile fait peur aux enfants ? Votre majesté, sachez que les femmes musulmanes sont des femmes comme les autres, qu'elles aiment les beaux tissus et les bons parfums ; ne vous inquiétez donc pas, le commerce marchera toujours dans votre royaume !".

Les rebelles joignirent ensuite leurs doléances à celles de Yasmine, en insistant sur l'apport de ces femmes, de ces filles dans le royaume, arguant que la liberté passe aussi par sa façon de s'habiller. Le roi, devant tant d'insistance, oublia les conseils démoniaques de ses ministres, et leva l'interdiction de se voiler, permettant ainsi à Yasmine, sa famille et toutes celles qui étaient victimes de cette injustice, de vivre dans la paix et la sérénité comme tous les autres sujets du royaume.

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