in

Collectif des professeurs indigènes de la République

Signataires de l’appel « Nous sommes les indigènes de la République », nous avons décidé de fonder un collectif de professeurs anti-colonialistes. Nous sommes en effet, à l’intérieur de l’institution scolaire, les témoins privilégiés de la gestion néo-coloniale des quartiers, gestion qui se poursuit jusque dans l’enceinte de l’école. A ce titre, nous estimons qu’il est de notre devoir, en tant qu’acteurs privilégiés de cette institution et dans un souci de protection de nos élèves, de rendre compte de la situation.

Aussi entendons-nous désormais reprendre la parole qui nous fut confisquée à plusieurs reprises ces dernières années, en particulier lors du débat concernant la loi sur le voile à l’école qui a eu pour effet immédiat de verrouiller la parole des enseignants. Etrangement, la question de la laïcité fut au fond très peu débattue. Aujourd’hui encore, dans les établissements scolaires, il est difficile de se faire entendre face aux promoteurs d’une loi dont on nous assure a posteriori qu’elle fait l’objet d’une quasi-unanimité. Or, le « débat » autour de cette loi aura tout du moins eu le mérite de faire éclater au grand jour la façon dont l’institution, et certains de ses professeurs, pensent leur mission d’enseignant. Il est bien temps d’ouvrir ce débat-là, qui ne porte pas seulement sur la question de la laïcité, mais aussi sur celle de notre rôle et de notre mission envers les élèves au sein de l’école et des banlieues.

C’est pour faire revivre cette parole confisquée que nous ouvrons ce collectif. Considérant que le rôle de l’enseignant est d’encourager les élèves, de les soutenir dans leurs démarches et dans leurs combats que nous estimons légitimes et justes, de faire en sorte qu’ils aient toutes les clefs pour réussir dans une société fondamentalement discriminatoire et inéquitable, nous nous assignons d’ores et déjà un certain nombre de tâches.

Nous prévoyons de mettre au point un site Internet destiné à recueillir :
  des témoignages d’élèves, de parents, de professeurs mais aussi de tout membre de l’institution scolaire sur les dérives discriminatoires en milieu scolaire
  des analyses sur l’orientation et la réussite des élèves issus de l’immigration.
  mais aussi à servir de boîte à idées pour tenter d’organiser concrètement les possibilités de résistances individuelles ou collectives au sein de nos établissements (informations juridiques, pratiques pédagogiques ou projets visant à rétablir l’égalité des chances …).

Publicité
Publicité
Publicité

Parmi les pistes de réflexion que nous nous proposons d’explorer au sein de ce collectif figurent : la répression du mouvement lycéen, la loi du 23 février 2005 sur la revalorisation de l’héritage colonial, le racisme en salle des professeurs, la multiplication en IUFM de modules portant sur l’intégration et la laïcité, la question de l’orientation des élèves de banlieue, le traitement de l’histoire coloniale et de la question palestinienne dans les manuels scolaires … cette liste n’est bien entendue pas exhaustive et est destinée à être enrichie par votre réflexion.

Contact : [email protected]

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Akram Belkaïd : « Des millions d’Algériens ressentent le besoin d’une vraie démocratie et d’un vrai Etat de droit »

Le FLN vu par l’écrivain Malek BENNABI (partie 2 et fin)