Ils semblent s'être donné le mot en haut lieu, de François Hollande à l’IGPN, en passant par Claude Guéant, le vocable « défaillance » est aujourd'hui sur toutes les lèvres, levant légèrement la chape de plomb des non-dits qui pèse sur l'affaire Merah…
Entre les zones d’ombre tenaces qui obscurcissent le dévoilement de la vérité, et les manquements des services de renseignement dans le suivi de Merah, qui ont été qualifiés de « défaillances objectives » par un récent rapport de l’Inspection générale des polices (IGPN) rendu public par Manuel Valls, c’est peu dire que l'affaire du "tueur au scooter" est nimbée d’un mystère d’Etat, épais à couper au couteau.
Triste sire de la politique droitière et émotionnelle de Sarkozy, Claude Guéant, l’ex-ministre de l’Intérieur qui, entre deux croisades contre l’islam, était alors sorti de sa tour d’ivoire de la Place Beauvau pour se frotter au terrain, devant l'appartement encerclé de Merah, a concédé une défaillance objective, ou plutôt facile à avouer, sans risquer de fragiliser la version officielle.
Interrogé, vendredi, au micro d’Europe 1, sur ces dysfonctionnements qui font planer le doute, celui qui, en février dernier, avait créé la polémique dans une surenchère islamophobe, en lançant que "toutes les
civilisations ne se valent pas", précisant "ce qui est en cause, c'est la religion musulmane", a déclaré : "Je reconnais qu’il y a eu une défaillance pendant l’intervention, c’est lorsque Merah est sorti de son domicile pour aller téléphoner, déjouant – en passant semble-t-il, par des sous-sols de l’immeuble qu’il connaissait bien puisqu’il l’habitait – la surveillance de la police”.Hormis cette vigilance trompée, Claude Guéant s’est félicité du travail de ses services : "Ca mis à part, les services ont surveillé Merah", tout en brossant le portrait d’un jeune homme dont plus personne n’ignore les paradoxes, réels ou savamment cultivés : "Une personnalité très complexe d’ailleurs car dans le même temps qu’on disait qu’il était très réservé, méfiant, isolé, cloîtré, c’est quelqu’un qui fréquentait les boîtes de nuit, de temps en temps s’accoutrait en punk. C’est quelqu’un qui était très difficile à cerner", a ajouté Claude Guéant, qui, sans grande surprise, n’aura pas fait trembler l’establishment.
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