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Bouteflika, ou la victoire d’une misérable pantalonnade politicienne

De l’autre côté de la méditerranée, là où il n’est nul besoin de lire dans le marc de café ou de prendre le pouls de la population pour prédire sans risque de se tromper le verdict des urnes, la misérable pantalonnade politicienne qui s'est jouée sous nos yeux médusés pour conserver de précieux privilèges et prérogatives vient de connaître son dénouement, réélisant dans un fauteuil… roulant, avec un score soviétique de 81,53% des voix et pour son quatrième mandat consécutif, Abdelaziz Bouteflika.

Son principal rival Ali Benflis n'a recueilli qu'une poignée de suffrages, soit 12,18%, tandis que le taux de participation a plafonné à 51,7%.

Un président sélectionné et non élu démocratiquement que son clan a poussé, coûte que coûte et au risque de se discréditer définitivement, vers le sommet du pouvoir, alors qu’il est à bout de souffle tout comme l’est l’Algérie sans illusions sur l’issue de cette énième mascarade électorale, et qui l’a prouvé en désertant massivement les isoloirs, désespérant d’apercevoir à l’horizon les signes avant-coureurs d’un renouveau si ardemment souhaité.

Le changement politique version « Boutefliquatre », l’un des nombreux sobriquets dont l’homme fort d’Alger, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, fut affublé par la contestation populaire, est reporté aux calendes grecques, l’heure étant à la célébration de la victoire d’un fantôme à la tête d’un Etat qui a failli. On ne pouvait imaginer apothéose plus calamiteuse d’une campagne présidentielle ubuesque dont les dés étaient pipés…

Rien de nouveau sous le soleil d’Alger la Blanche, et c’est bien là que le bât blesse, si profondément et cruellement, laissant augurer des lendemains incertains, où de fortes zones de turbulences sont à craindre ou à espérer, nul ne le sait encore. 

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L’Algérie, ce pays de Cocagne, dont le beau bas de laine (200 milliards de réserve de change) ne profite qu’à des pilleurs de biens en col blanc, le peuple n’ayant plus que les yeux pour pleurer, sacrifie sa jeunesse sans état d’âme sur l’autel d’une autocratie sans vision et d’une vénalité sans nom, alors même que ces 75% de la population qui ont moins de 30 ans et sont les grands laissés-pour-compte d'un ordre établi devraient constituer une préoccupation et un enjeu essentiels de société. Une jeunesse qui, pour assouvir sa soif de liberté et de connaissances, se projette avec avidité dans la fabuleuse fenêtre ouverte sur le monde que sont le Net et les réseaux sociaux.

A l’heure où la nature reverdit, l’illusoire éclosion du printemps algérien a tenu toutes ses promesses, il n’a pas fleuri, s’enfonçant au contraire dans un crépuscule politique, incarné par un vieil homme malade au soir de sa vie, d’où n’émergera aucune réforme qui s'avérerait cruciale pour cesser d’hypothéquer l’avenir du pays.

Pourtant, les bourgeons d’un printemps arabe précurseur auraient pu s’épanouir dans l'Algérie des années 80, notamment après les émeutes d’octobre 1988 qui marquèrent un tournant politique, social et économique majeur, débouchant le 23 février 1989 sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution, pierre angulaire du multipartisme et de la naissance d’une presse indépendante, avant de se flétrir irrémédiablement sous l’effet d’une espérance brisée et de disparaître dans le chaos mortifère de la décennie noire.

Si, hélas, il n’y avait aucun mérite à parier sur la présidence à vie de Bouteflika, en revanche bien malin qui pourrait dire à quelle sauce seront mangés les Algériens à court terme, et préjuger de la réaction d’une population en proie à un immense désenchantement, où se mêlent indignation et colère à son paroxysme, les graines de la révolte.

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