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Angleterre: le gouvernement veut détecter les futurs terroristes dès la maternelle

La lutte contre le terrorisme et sa paranoïa sécuritaire contagieuse, qui s’est propagée de l’autre côté de la Manche après avoir infecté l'Hexagone, depuis les attentats commis au coeur de Paris, s'enlisent dans les bacs à sable, au grand dam des professeurs des écoles qui refusent de se charger d’une bien sale besogne, très éloignée de leurs attributions et compétences, entre deux comptines et cours d’éveil enseignés aux petits écoliers britanniques.

Il y a de quoi perdre le feu sacré et s’interroger sur sa vocation de pédagogue quand une nouvelle mesure gouvernementale, en pleine névrose islamophobe, oblige à se muer en informateurs sournois et suspicieux de la monarchie parlementaire, et à détecter non plus l’intelligence, le talent ou une éventuelle précocité, mais plutôt les terroristes en culottes courtes, et presque en couches culottes, qui sommeillent derrière des bambins aux airs poupons, et le moindre mot, phrase, balbutiement, voire gestuelle maladroite, aussi puérils et innocents soient-ils…

Dans le royaume de Sa gracieuse Majesté secoué par une fronde éducative de la petite section, là où l’on joue encore à la poupée et l’on s’émerveille devant le théâtre de guignol, c’est l’ensemble du corps enseignant qui monte au créneau contre cette « criminalisation » ahurissante des chères têtes blondes, les instituteurs (rices) et autres assistantes maternelles dénonçant, comme un seul homme, une espionnite aiguë des plus alarmantes au sein d’une démocratie.

La clameur de protestation monte chez nos proches voisins insulaires, et a résonné avec force lors de la récente conférence de l’Union nationale des enseignants qui avait pour cadre Harrogate, une localité située dans le comté du Yorkshire. La polémique fait rage contre une chasse aux sorcières indigne qui commencera demain au berceau, si aucune sentinelle des libertés fondamentales n’y prend garde et ne part à l’assaut des citadelles des préjugés.

"Dans les jours qui ont suivi l’attentat contre Charlie Hebdo, j’ai pu observer, comme d’autres collègues, que certains élèves musulmans s’interdisaient de dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas, à savoir qu’ils avaient été offensés par les caricatures du prophète", a confié Christine Blower, la secrétaire générale de l’Union nationale des enseignants. "C’est la suspicion pesante selon laquelle tout musulman ne peut être que choqué par les caricatures, qui fait voir des terroristes derrière chacun d’entre eux", se désole-t-elle.

Loin de s’offusquer de cet aveuglement généralisé et de cette traque anti-terroriste menée dans les cours d’école, auprès de petits bouts de chou, hauts comme trois pommes, dont des « areuh-areuh » sortaient il y a peu encore de la bouche, les conservateurs britanniques se félicitent au contraire de cette volonté de débusquer les esprits radicalisés dès le plus jeune âge, et si ça ne tenait qu’à eux, aucune crèche, pouponnière, ni jardin d’enfants n’échapperait à ce placement sous haute surveillance, à ce « Big Brother » qui fait des remous près des rives de la Tamise…

Alors que des associations des droits de l’homme s'insurgeaient, en novembre dernier, contre la fâcheuse propension de David Cameron, le Premier ministre, a régir le pays en « Etat policier », notamment après avoir fait planer la menace de l’interdiction de retour sur les ressortissants britanniques partis faire le jihad en Syrie et en Irak, cinq mois plus tard, ce sont les maternelles et les écoles primaires qui font l’objet des dérives totalitaires, confinant à l’absurde, d’une lutte anti-terroriste qui n’a manifestement pas encore touché le fond… des bacs à sable…

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Par la rédaction.

 

 

 

 

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