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Allemagne: les musulmans scandalisés par une campagne nationale contre l’islam radical

Son coup de poing sur la table européenne cherchait à éveiller les consciences du club des 27 sur la banalisation de la discrimination anti-musulmans, mais deux mois plus tard, force est de constater que Nils Muiznieks, commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, a appuyé là où le bât blesse sans faire trembler l’establishment du Vieux Continent, il est vrai plus occupé à trembler devant sa propre déliquescence…

Si le vernis humaniste de la France est ressorti très égratigné par son coup de semonce, l’Allemagne semble être restée sourde à son appel à la raison, à l’instar de cette nouvelle campagne d’affichage nationale, extrêmement délétère, qui voulait frapper fort. Pari tenu : son concept sournois, façon avis de recherche, mais distillant l’idée que derrière chaque musulman se dissimule un fanatique en puissance, a soulevé un tollé sein de la communauté turque allemande !

"DISPARU. C'est mon frère Hassan. Il me manque, parce que je ne le reconnais plus. Il se replie de plus en plus sur lui-même et chaque jour il devient plus radical. J'ai peur de le perdre totalement — chez les fanatiques religieux et les groupuscules terroristes. S'il t'arrive la même chose que moi, contacte le Centre d'écoute radicalisation au 09…".

S’étalant sur les panneaux publicitaires du pays depuis fin août, cette grande campagne élaborée par l'Office fédéral allemand de la migration et des réfugiés, placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, dresse le portrait de quatre jeunes, propres sur eux et souriants, Hassan, Fatima, Ahmad et Tim, tous sur la pente glissante de l'intégrisme religieux.

Pour le spécialiste de l'islam Bülent Ucar, interrogé par le quotidien Welt, le message véhiculé est sans ambiguïté: "N'aie confiance en aucun musulman. Derrière chaque musulman pourrait se cacher un radical".

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L’émoi est grand parmi les différentes fédérations musulmanes allemandes, dont certaines ont immédiatement cessé leur collaboration avec l'Office fédéral allemand de la migration et des réfugiés en signe de protestation. "Nous craignons que par le biais de cette campagne d'affichage les musulmans soient stigmatisés au sein de la population, que la pratique de la dénonciation soit confortée et que les préjugés envers les musulmans s'intensifient", ont signé d’une seule main plusieurs associations musulmanes dans une lettre ouverte, tout en appelant l'ONU et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe à disqualifier la campagne.

En plein tangage sur la question, la scène politique allemande n’a pas tardé à prendre position, notamment par la voix indignée des Verts et les libéraux (FDP), qui demandent le retrait immédiat des affiches, jugeant qu’elles sont "une preuve supplémentaire du manque de sensibilité et de compréhension du ministre de l'Intérieur par rapport à la réalité d'un pays d'immigration".

Mais Hans-Peter Friedrich, le ministre de l’Intérieur, reste droit dans ses bottes dans la tempête, et fait la sourde oreille aux critiques virulentes. Cet avis de recherche très ciblé et très connoté s’exposera donc à la vue des Allemands pendant longtemps encore, et l’on se dit que le coup de poing sur la table de Nils Muiznieks, au demeurant fort louable, aurait dû être un coup de massue pour parer aux effets pernicieux de campagnes prétendument d'intérêt général, comme celle-ci.

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