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Une rappeuse égyptienne monte sur scène contre le harcèlement sexuel en Egypte

Sans tourner définitivement le dos à ses études d’économie, l’Egyptienne Mayam Mahmoud préfère toutefois se produire sur scène plutôt que de plancher sur les bancs des amphithéâtres, et il faut dire que ses premiers pas effectués sous les projecteurs de la très populaire émission « Arabs got Talent » l’ont convaincue qu’elle avait trouvé sa voie.

Dans son habit de lumière de rappeuse voilée engagée et du haut de ses 18 printemps, la jeune fille bouscule les schémas traditionnels de pensée, qui sont autant de carcans dont elle veut à tout prix s’affranchir, pour entonner ses hymnes personnels qui disent tout haut, notamment sur le harcèlement sexuel, ce que la peur ou l’hypocrisie murmurent ou taisent, traduisant d’autant plus fidèlement sa pensée qu’elle en est l’auteur.

Le rythme dans la peau et animée du feu sacré, Mayam Mahmoud a fait sensation devant les caméras en octobre dernier, bluffant le jury et enthousiasmant le grand public, parmi lequel elle compte désormais un fan club d’inconditionnels qui l’inonde de messages de soutien sur sa page Facebook. Autant de marques de reconnaissance qui contrebalancent heureusement la virulence de certaines critiques émanant d’Egypte qui la traitent "d’infidèle salissant l’islam et le nom qu’elle porte".

Mais la jeune femme dont le talent artistique inné, révélé à l’âge de 12 ans, se double d’un réel courage, entend bien tracer sa route en paroles et en musique, sans dévier de sa trajectoire féministe et militante. "Depuis ma prestation télévisuelle, je sais que j’ai fait beaucoup parler dans les foyers, beaucoup de gens s’interrogent sur le fait d’être voilée et de se lancer dans une carrière musicale, et a fortiori de rap", commente, très lucide, Mayam Mahmoud, en précisant que son choix de porter le hijab a été mûri en son âme et conscience et qu’il doit se dissocier de sa passion pour la musique.

"Si une fille rêve de travailler dans un domaine où les femmes se font rares, ou rêve de faire des études supérieures, ou même a de l’ambition et aspire à avoir une position plus élevée que son mari, elle sait pertinemment que son rêve ne se réalisera pas", déplore-t-elle vivement.

Ses plus grands soutiens ont été et restent ses parents, et ce dès sa prime enfance, quand sa mère, ayant remarqué ses qualités d’écriture et son goût pour la poésie, l’encouragea à développer son style littéraire, jusqu’à ce que, l’adolescence venant, il soit davantage inspiré par la musicalité « punchy » du rap. Dépassant leur extrême réticence des premiers instants, craignant pour la réputation de leur fille, les parents de Mayam Mahmoud ont finalement exaucé son vœu le plus cher, en lui permettant d’enregistrer une chanson à Alexandrie.

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"Les filles qui évoluent dans le rap sont considérées comme ayant de mauvaises mœurs", indique Mayam Mahmoud, ajoutant sur le ton du regret  : "On sait que quand une fille cherche à enregistrer, elle sera seule entourée de beaucoup de garçons, et ce pour une longue période. Donc, il lui sera très difficile de trouver quelqu'un qui accepte de travailler avec elle".

Avec l’irruption de Mayam Mahmoud dans l’univers du rap, une étoile est peut-être née, de même que l’espoir qu’elle incarne aux yeux de ses coreligionnaires, dont certaines ont des étoiles plein les yeux à sa seule vue : "L'autre jour, une femme est venue vers moi et m'a dit avec enthousiasme "continuez à parler de toutes les choses que nous n'avons pas le courage de dénoncer. Vous êtes devenue l'espoir. Vous poussez les gens à agir !", a-t-elle relaté devant la presse, non sans fierté, et surtout persuadée d’avoir raison en faisant du fléau du harcèlement sexuel en Egypte son cheval de bataille et l’un des thèmes majeurs de ses chansons (99,3% des femmes égyptiennes ont affirmé avoir été victimes de harcèlement sexuel, 91% disant ne plus se sentir en sécurité dans la rue, selon une enquête de l'ONU publiée en avril).

"A chaque fois que nous nous taisons, nous ne faisons qu’empirer les choses. Si le problème du harcèlement sexuel est aussi grave en Egypte, c'est parce que nous choisissons de ne rien dire", condamne la jeune rappeuse égyptienne sans mots couverts, mais en ayant trouvé les mots pour le dire.

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