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Une habitante voilée du Plessis-Robinson porte plainte contre le maire Philippe Pemezec pour agression raciste

Niché au sud-ouest de Paris dans un cadre verdoyant et fleuri, le Plessis-Robinson, cette petite ville pleine de charme des Hauts-de-Seine dont le pouvoir d’attraction séduit une classe moyenne favorisée depuis plusieurs années, semble être l’endroit idéal où il fait bon vivre à proximité de l’agitation parisienne. Mais l’air y est-il vraiment respirable pour tous les administrés ?

Il règne sur son fief depuis 1989, Philippe Pemezec, le seigneur des lieux défavorablement connu pour son caractère impétueux, fait partie de ces maires « Les Républicains » en pleine dérive droitière qui se défendent de succomber aux sirènes frontistes, alors que tout dans leur comportement foncièrement anti-républicain, et leur ressentiment anti-arabes et anti-musulmans assumé pleinement, en trahit le fort penchant.
Le premier magistrat du Plessis-Robinson a même avoué l’inavouable, lors d’un entretien avec la journaliste Claire Checcaglini en 2012. Sans doute mis en confiance par cette vraie fausse militante du FN en immersion dans les arcanes de l’extrême droite française, qui se présentait devant lui sous une fausse identité, prétendument en quête de parrainage pour l’élection présidentielle, il avait alors confié sans crainte avoir voté Jean-Marie Le Pen en 2002, au second tour de la présidentielle (voir vidéo ci-dessous). Rapportée dans son livre « Bienvenue au Front – Journal d’une infiltrée », cette confidence croustillante, qui en dit long sur le personnage, n’a jamais été démentie par le principal intéressé.
Dire que Philippe Pemezec voit rouge à chaque fois qu’il aperçoit ou croise une concitoyenne voilée dans sa bonne ville où souffle un esprit bourgeois, au détour d’une rue ou, en l’occurrence, du parc très prisé “le Jardin de la Liberté”, est un doux euphémisme…

Installée depuis 15 ans en plein cœur du Plessis-Robinson et aussi loin qu’elle s’en souvienne, Madame B., une mère de famille voilée, a toujours lu le mépris à son égard dans le regard noir de son maire. Mais ce dimanche 4 septembre 2016, à 11h30, c’est la première fois qu’elle a subi sa fureur mortifiante sur la place publique, sous les yeux apeurés de sa petite fille de 10 ans qui en a lâché sa trottinette.

Alors qu’elle traversait tranquillement le Jardin de la Liberté – une belle appellation pour un jardin mal-nommé, si l’on en juge par la manière hargneuse dont Philippe Pemezec y a piétiné la liberté fondamentale d’une de ses administrées – cette habitante, honorablement connue, a été violemment apostrophée par l’édile entré dans une rage folle à sa vue. Celui-ci a foncé droit sur elle, cintré de son écharpe tricolore qu’il arborait pour une cérémonie officielle, commémorant la libération du Plessis-Robinson pendant la seconde guerre mondiale.
Jointe au téléphone, cette mère de famille encore sous le choc de cette confrontation brutale avec l’islamophobie institutionnelle évoque une « scène épouvantable », une « agression raciste révoltante » qui l’a figée sur place, pensant immédiatement à protéger sa petite fille contre ce déchaînement de haine injustifié, injustifiable et particulièrement traumatisant.

Les paroles blessantes hurlées par le maire résonneront longtemps dans sa tête et ont d’ailleurs été consignées noir sur blanc dans la plainte qu’elle a déposée contre lui. Elle est ainsi entrée dans les annales locales pour être la première musulmane voilée à dénoncer l’islamophobie accablante de l’élu de proximité par excellence : « Il va falloir que les gens comprennent qu’ici on est en France, pas en Algérie ! Y’en a marre des provocations !», a-t-il vociféré, hors de lui.

« Le maire était dans tous ses états. Ce qui s’est passé est d’autant plus insupportable que c’est le fait d’un élu du peuple censé respecter et faire respecter la loi. C’est abject, car à travers moi c’est ma fille de 10 ans qu’on agresse », s’indigne-t-elle, en précisant que les caméras de vidéosurveillance apporteront la preuve en images de la véracité de ses propos.

Elle se dit plus que jamais convaincue de la nécessité de se tourner vers la justice dans un Etat de droit comme l’est la France, ne serait-ce que pour fragiliser la toute-puissance de ces maires qui ne réservent pas le même traitement à tous leurs administrés et imposent le règne de l’arbitraire dans ce qu’ils considèrent être leur petite baronnie.

Au cours de la célébration de l’Aïd, plusieurs habitantes voilées du Plessis-Robinson lui ont témoigné de belles marques de soutien. Certaines, encouragées à parler par son courage et sa combativité, lui ont relaté des agressions verbales similaires, à l’image de cette jeune fille de 18 ans venue accompagner sa mère à l’Hôtel de ville pour effectuer des démarches administratives, à qui l’on a ordonné de retirer son voile sous peine de ne pas accéder à leur demande. Sans oublier cette jeune convertie qui s’est entendu dire à maintes reprises, sur un ton menaçant et plein de morgue : « Rentrez chez vous ». Un comble !
Contacté également au téléphone, le mari scandalisé de cette femme blessée, ingénieur informatique de son état, né à Paris où il est ressorti diplômé de ses études supérieures, avant d’avoir un coup de cœur pour l’art de vivre du Plessis-Robinson et d’y fonder une famille, l’épaule dans cette épreuve, non sans avoir exigé des explications et une audience auprès du maire. En vain.
C’est sur le chemin de l’école où, ironie du sort, sa fille et le fils de Philippe Pemezec sont dans la même classe, que cet époux outré s’est retrouvé presque nez à nez avec l’édile. Un maire dont il dévoile au grand jour, depuis 2012, dans le blog « Vivre au Plessis-Robinson », les attributions douteuses, voire discriminatoires de logements sociaux. Ce dernier s’en est d’ailleurs vanté auprès de la journaliste Claire Checcaglini : « Je participe aux commissions d’attribution des logements sociaux à l’office départemental des Hauts-de Seine. Et je peux vous dire qu’au Plessis, il n’y a pas beaucoup d’Arabes. Je fais très gaffe ».

Sans se démonter et face au silence dédaigneux que Philippe Pemezec oppose à ses demandes réitérées de rendez-vous, il lui a fait face, lui lançant : « Vous n’avez pas à agresser mon épouse comme vous l’avez fait récemment. Je veux des explications ! On va porter plainte ». Ce à quoi, le premier magistrat de la cité, certainement piqué au vif, a riposté : « Vous m’agressez ! », tout en prenant ses dires à la légère, lui répondant « Oui, c’est ça ».

Ce dialogue de sourd s’est conclu en beauté par l’injure ignominieuse « Terroriste » que le maire du Plessis-Robinson n’a manifestement pas pu réprimer, à l’instar de deux de ses adjoints que le mari de Madame B. a tenté de sensibiliser à l’humiliation infligée à sa femme et qui se sont livrés à des raccourcis odieux en guise de réponse  : « Vous ne nous faites pas peur. Nous, on ne tue personne ».

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Pour corser les choses, Philippe Pemezec, optant pour l’attaque comme meilleure ligne de défense, a porté plainte à son tour contre l’époux qui a osé l’interpeller en pleine rue, l’accusant d’ « intimidation ». Mais c’était sans compter la pugnacité de ce dernier qui a immédiatement répondu coup pour coup, dans la plus stricte légalité, en déposant une plainte pour « dénonciation calomnieuse ».

Bien qu’affligé par cette islamophobie féroce qui frappe à tout moment dans une si jolie petite ville des Hauts-de-Seine, drapée dans une respectabilité institutionnelle pour franchir toutes les lignes jaunes, le couple, confiant dans la justice, est déterminé à ne pas baisser les bras dans ce combat citoyen du pot de terre contre le pot de fer.

 

L’interview de la journaliste Claire Checcaglini, le passage édifiant concernant le maire du Plessis-Robinson à partir de 6’22

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