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Une échauffourée dans la guerre des civilisations

S’il faut en croire une dépêche de l’AFP en date du 5 mai 2006, l’association Femmes solidaires a déclaré cesser sa participation au Forum Social Européen d’Athènes.

Le fond du problème, semble-t-il, réside dans le fait que Femmes Solidaires refuse catégoriquement la participation de Tariq Ramadan. C’est son droit. Mais évoquer à ce sujet la présence « d’organisations et de personnalités intégristes », c’est, à travers un vocabulaire tendancieux qui dans le débat contemporain relève moins de l’effort d’analyse que de la stigmatisation, classer cet auteur dans une catégorie dont la simple honnêteté politique et intellectuelle oblige à dire qu’il n’en relève pas.

Femmes Solidaires regrette en particulier la tenue d’un séminaire intitulé « contre l’islamophobie et le choc des civilisations : le cas des dessins danois ». Est-ce parce qu’elle est favorable à l’islamophobie – que tous les mouvements antiracistes du monde dénoncent -, ou parce qu’elle est favorable à la théorie bushienne du « choc des civilisations » ?

Sa présidente aurait en outre regretté la présence au FSE « d’associations de femmes pro-voile ». On s’interroge sur le sens d’une telle formule. S’agit-il d’associations dont l’une des revendications serait que l’obligation soit faite aux femmes de se voiler ? Bien sûr que non : il n’y a rien de tel au FSE. Ce qui est dénoncé, ce sont des femmes qui défendent le droit de choisir de porter un foulard au même titre que de ne pas le porter.

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La solidarité de Femmes Solidaires est ainsi dispensée avec parcimonie : elle ne va pas jusqu’aux femmes trop vêtues. Cette seule formule, « pro-voile » est, comme l’expression « intégriste » adressée à Tariq Ramadan, un effet rhétorique malhonnête, qui ne reflète rien d’autre que la posture sectaire et maternaliste de cette association, qui, sous couvert d’universalisme prétendument « laïque », s’applique à classer les un-e-s et les autres dans ses catégories binaires.

Le meilleur service que l’on puisse rendre aux intégristes, disait Shirin Ebadi, avocate iranienne et Prix Nobel de la Paix pour son combat pour les droits des femmes dans son pays, c’est de priver des jeunes filles d’école. C’est le service qu’en son temps, Femmes Solidaires, partisanes affichées de la loi anti-foulard du 15 mars 2004, avait choisi de leur rendre. La petite échauffourée d’Athènes est leur nouvelle contribution à la guerre des civilisations.

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