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Pour qu’il n’y ait plus jamais de 11 août 2021 en Algérie ! Hommage au martyr Djamel Bensmaïl

« Je suis arrivé hier […]. Je suis venu soutenir mes frères. Ils m’ont donné une leçon de solidarité, de courage et de force ».

Ces belles paroles qui, rétrospectivement, prennent une résonance bouleversante, furent les dernières prononcées face caméra par Djamel Bensmaïl, avant qu’il ne soit atrocement crucifié à Larbaâ Nath Irathen par une foule hystérisée. Une foule muée en meute sauvage, qui l’accusait à tort d’être un pyromane.

Ce furent les dernières paroles d’un être solaire, dont il n’émanait que des ondes rayonnantes et positives, avant celles, déchirantes, émises par le martyr de la barbarie humaine qu’il devint, pris au piège dans un fourgon de police. Jusqu’à l’ultime instant de son long supplice, avec un extraordinaire courage et une grande dignité, il clama son innocence face à ses bourreaux.

Souvenons-nous, c’était le 11 août 2021, l’horreur absolue survenait dans la wilaya de Tizi Ouzou qui était en proie aux flammes. Djamel Bensmaïl, n’écoutant que ce que lui dictait sa conscience, s’était empressé de quitter Miliana pour voler au secours de la Kabylie ravagée par des incendies gigantesques et meurtriers. Cette belle âme connut un sort effroyable, d’une cruauté sans nom, qui épouvanta l’Algérie et le reste du monde.

En novembre 2022, ses 102 assassins de la pire espèce, parmi lesquels figurent une dizaine de femmes, ont comparu devant la justice algérienne. Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda (Alger) prononça notamment 49 condamnations à la peine capitale.

Les accusés étaient poursuivis, entre autres, pour « homicide volontaire avec préméditation », « complicité dans l’homicide volontaire » et « torture, mutilation et immolation d’un cadavre », ainsi que « appartenance à une organisation terroriste dans le but de commettre des actes terroristes » et « incendie volontaire ayant conduit à la mort de plusieurs personnes ».

En ce vendredi 11 août 2023, nous rediffusons le vibrant hommage que nous avions rendu à l’artiste Djamel Bensmaïl, mort en Chahid sur l’autel de noirs desseins.

Pour ne jamais oublier et clamer haut et fort  : Plus jamais ça en Algérie !

C’était au cours d’un mercredi 11 août funeste, le martyre subi par Djamel Bensmaïl, effroyable au-delà des mots, n’en finit pas de hanter les consciences. Son souvenir se fait chaque jour plus prégnant, plus obsédant, plus traumatisant.

Sous un ciel assombri par les ténèbres de la barbarie, c’est une belle âme que l’on a, ce jour-là, suppliciée au-delà de l’horreur à Larbaâ Nath Irathen. C’est un artiste talentueux, généreux et attachant que l’on a assassiné sauvagement. C’est un être merveilleux, viscéralement humaniste, que l’on a arraché aux siens avec une cruauté sans nom, mais aussi à l’Algérie, unie et solidaire, pour laquelle il nourrissait de grands espoirs.

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C’est un jeune algérien de 34 ans, plein de vitalité et pétri de bonté, que l’on a crucifié atrocement, alors même qu’il était accouru depuis Miliana pour prêter assistance à une Kabylie ravagée par les flammes, sa guitare et son sens aigu de l’entraide en bandoulière.

Une Kabylie avec laquelle ce musicien, surnommé affectueusement « Jimmy » par ses proches, qui appréciait particulièrement les sonorités arabo-andalouses, avait tissé des liens chaleureux et étroits. Une Kabylie, dont le passionné de nature qu’il était ne se lassait pas de contempler la beauté des paysages, au point de bivouaquer souvent dans l’Akfadou.

Artiste ayant plus d’une corde à son arc, guitariste, auteur-compositeur et peintre à la fois, le regretté Djamel Bensmaïl avait l’engagement chevillé au corps. Il était sur tous les fronts, la main toujours tendue vers les plus vulnérables, vers les plus démunis, vers ses frères et sœurs en Dieu et en humanité que les vicissitudes de l’existence et les tumultes du monde n’avaient pas épargnés.

Cet éveilleur des consciences appelait, avec la même ardeur, à faire preuve de solidarité envers les réfugiés des pays du Sahel qu’envers la région sinistrée, et lourdement endeuillée, de Kabylie. Epris de justice et de démocratie, il oeuvrait en faveur du renouveau politique en Algérie, auquel il aspirait tant, mais aussi en faveur de la démocratisation de l’art, chez lui, à Miliana. Il était d’ailleurs membre de l’Association des amis de Miliana pour la culture et l’art, une initiative visant à introduire l’art dans les rues de la ville.

Erigé désormais en martyr, Djamel Bensmaïl, cet homme désespérément seul, traqué, piégé et abandonné de tous dans un fourgon de police où il fut jeté en pâture à des barbares, mais resté debout devant eux, le corps et le visage tuméfiés sous la torture, laisse derrière lui un sillage lumineux, qui brille et brillera longtemps à travers les ténèbres les plus obscures.

Adieu l’Artiste, repose en paix. Allah y rahmou

Djamel Bensmaïl dans son atelier de peinture à Miliana

L’inauguration poignante de son portrait géant à Miliana, en présence de son père en pleurs et de l’artiste Mekky Dfs, auteur de la fresque murale, profondément affecté.

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