Frédéric Taddeï l’a échappé belle. Après le tollé médiatique provoqué l’an dernier par l’intervention de Mathieu Kassovitz dans son émission, l’animateur de France 3 a retenu, cette fois-ci, la leçon en désamorçant rapidement le commentaire explosif de son invité, Roland Dumas, au sujet, à nouveau, du 11-Septembre. Sollicité jeudi soir pour débattre du « déclin de l’Occident »,l’avocat a vivement réagi aux propos de son interlocutrice, la géopolitologue Thérèse Delpech, sur le thème-marronnier de la guerre au terrorisme.
Extraits :
Roland Dumas : Pourquoi l’Occident s’acharne-t-il à aller dans des pays où il n’y a rien à faire ? Qu’est-ce que la force américaine est allée faire en Afghanistan ? Elle a trouvé la source du terrorisme ? Quoi, elle va trouver des types qui viennent faire sauter des… Pas du tout !
Thérèse Delpech : Il y a quelque chose qui s’appelle le 11-Septembre, quand même.
Roland Dumas : Ecoutez ,le 11-Septembre […] Moi, je vous dirai ce que je pense sur le 11-Septembre, je n’y crois pas. Mais ça, c’est autre chose.
Frédéric Taddeï : On va pas faire un débat sur le 11-Septembre ! Maintenant, restons en 2010 !
Face au trio de ses contradicteurs atlantistes (le nouveau secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche, la philosophe Thérèse Delpech et l’essayiste Guy Sorman), Roland Dumas persiste et signe en évoquant une « théorie officielle » du 11-Septembre. Et alors que son interlocutrice lui rappelle qu’il y a des « limites », l’ancien ministre s’insurge contre ce qu’il nomme une « dictature intellectuelle ». Sur son blog, l’intellectuel Guy Sorman a, pour sa part, qualifié Roland Dumas de « théoricien du complot » avant de dévoiler incidemment un élément méconnu quant au positionnement de l’animateur : « Ma soirée fut totalement gâchée lorsque, hors antenne, Frédéric Taddéi m’avoua que, parmi les téléspectateurs, les adeptes de la théorie du complot étaient infiniment plus nombreux que ceux des faits. Ce serait pire encore, dit-il, si l’on sortait des frontières de l’Occident ».
Diplomatie option punk
Réputé pour son franc-parler, l’ancien député socialiste issu de la Résistance, âgé de 88 ans, n’avait pas manqué auparavant de fustiger, à plusieurs reprises, les défenseurs zélés des Etats-Unis ou d’Israël. Visiblement, Roland Dumas, sur le point de sortir un ouvrage consacré à sa relation d’un demi-siècle avec François Mitterrand, continue d’affirmer une liberté de ton, y compris sur des sujets encore plus délicats que le bellicisme américain ou la colonisation israélienne. A l’instar de plusieurs personnalités politiques à travers le monde , l’avocat, spécialisé dans le droit de l’information et ancien défenseur du Canard enchaîné, a transgressé la loi du silence qui prévaut en France sur les évènements du 11 septembre 2001.
Oumma l’avait déjà rencontré, l’hiver dernier, pour une série d’entretiens, notamment à propos de la politique étrangère de la France, de l’Iran ou de l’islamophobie hexagonale . En exclusivité, nous l’avons sollicité pour éclaircir son propos, quelque peu énigmatique, au sujet du 11-Septembre.
Vous avez déclaré hier soir dans l’émission de Frédéric Taddeï ne pas croire au 11-Septembre. Que voulez-vous dire par là ?
Eh bien, je crois qu’on ne peut pas faire plus clair ! Je ne crois pas à ce qui a été raconté à ce sujet.
A quoi faites-vous allusion précisément ?
Il y a énormément de faits anormaux dans la version officielle. J’ai lu et étudié de nombreuses recherches faites sur la question. Beaucoup d’éléments ne tiennent pas : il suffit de se pencher, par exemple, sur le cas du trou de l’avion dans le Pentagone, beaucoup trop petit, ou sur d’autres aspects moins connus.
La version officielle vous semble-t-elle davantage mensongère ou lacunaire ?
Encore une fois, il suffit de se pencher sérieusement dessus pour se faire une idée. Je ne veux pas, pour l’instant, revenir là-dessus et commenter un commentaire personnel mais, effectivement, la version officielle ne tient pas.
Votre remarque, atypique pour une personnalité politique, n’a pas été reprise par FrédéricTaddeï. Comment expliquez-vous, plus généralement, la difficulté d’un tel débat en France par rapport aux Etats-Unis où cette controverse est pourtant traitée dans les médias ?
Il faut croire que les subalternes sont sans doute plus zélés que leurs maîtres !
Propos recueillis par Hicham Hamza le vendredi 17 décembre 2010.
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