N’est-il pas consternant d’observer que lorsque la parole se libère en France, ce n’est plus pour toucher l’intériorité des belles âmes par la magie du verbe, mais c’est pour éveiller ce racisme obscur, qui sommeille, par la noirceur du dénigrement, et toujours à des fins bassement électoralistes ?
Les détracteurs surmédiatisés de l’islam se sont tous donné le mot pour s’engouffrer dans la brèche des caricatures ordurières, laissée béante par Charlie Hebdo, parmi lesquels Robert Ménard s’est distingué en jouant les prophètes de malheur.
Un comble pour celui qui porte au pinacle l’illusion du renouveau national, en la personne de Marine Le Pen, dans laquelle il voit l’avènement d’un sauveur… Oui, mais un sauveur à poigne qui, à force d’exhumer le nazisme à tout propos, nous fait déjà percevoir le bruit de bottes qui mettront la France, et les musulmans, au pas !
Ce que l’on ignorait c’est que le fondateur de Reporters sans frontières, officiant sur LCI, nourrissait des ambitions municipales. Et dans la grande tradition de la calomnie lepéniste, après avoir déversé son venin sur la ville de Béziers, dont il brigue la magistrature suprême, pour mieux la conquérir, dépeinte sous sa plume acide comme une citée "occupée par des Maghrébins, des gitans et des pauvres", ce dernier ne pouvait rêver plus belle opportunité que le coup marketing de Charb pour noircir le tableau de l’islam et du monde arabo-musulman.
Sous le titre percutant « Ils nous détestent ! », l’oiseau de mauvais augure y est allé de son décryptage hautement délétère sur son blog : estimant que "les prétendues explications de ces actes (“impérialisme US”, “pauvreté endémique”, “relégation des Musulmans”, “mépris pour le monde arabe”) finissent par ressembler un peu trop à des excuses", il en tire la conclusion que ce qui motive les musulmans en colère, "c’est une détestation de l’Occident dans sa totalité. Ils sont de plus en plus nombreux à vomir nos valeurs, là-bas comme ici, à exécrer tout ce qui fonde nos sociétés : de la liberté d’expression au respect de la femme et même la liberté religieuse".
Puis, se fendant d’un deuxième commentaire, il enfonçait le clou le 22 septembre, en interrogeant sournoisement : "L’Islam est-il soluble dans la démocratie ?" La réponse, très prévisible, est bien sûr sans appel, et l’on ne sera guère surpris de son soutien à Véronique Genest dont il partage pleinement l’islamophobie, « cette peur de l’islam » qui, selon lui, envahit tous les Français, et ce d’autant plus facilement qu’il s’en fait le sombre instigateur.
Ce qui est consternant et saisit d’effroi, n’est-il pas que le journaliste Ménard, comme tant d’autres, se mue en propagandiste de la pire espèce, au nom d’une liberté d’expression prétendument en péril, mais qui bizarrement n’a jamais été muselée, pour s’asseoir confortablement dans le fauteuil de maire en 2014 ? En d’autres termes, pour n’incarner que lui-même, à travers une radicalisation de la société française à droite toute !
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