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« Ramadanophobie sécuritaire » : l’Université française s’y met aussi !

Monsieur R… interdit de conférence à Aix-Marseille 1

On sait que l’Université est considérée traditionnellement en France comme un lieu d’ouverture, de débat où règne un véritable esprit démocratique. C’est probablement pour cette raison que l’association « Aix-Solidarité » avait choisi d’organiser, ce jeudi 4 décembre, dans les locaux de la Faculté des Lettres d’Aix-Marseille 1, une conférence publique sur le thème de la laïcité en présence de l’avocat et professeur de Droit public Christian Bruschi, du sociologue Vincent Geisser et du philosophe Tariq Ramadan. Ces derniers devaient intervenir entre 20h et 21h30, suivi d’un débat avec le public d’étudiants, d’enseignants et de citoyens de la région d’Aix-Marseille. La demande d’amphithéâtre avait été déposée deux mois à l’avance, selon la procédure en vigueur, sachant que, coutumièrement, l’Université d’Aix-Marseille 1 répond favorablement à ce type d’initiative. Par précaution, une deuxième demande de salle avait été adressée à l’administration de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH d’Aix-en-Provence) qui, elle aussi, accueille des conférences publiques. Or deux jours avant la date fatidique, les services de la présidence de l’Université d’Aix-Marseille 1 ont donné un avis défavorable à la tenue de la conférence, avançant des motifs sécuritaires : en raison de l’agression, dont avaient fait l’objet, la semaine précédente, deux vigiles de nuit, toutes les conférences prévues après 20 heures étaient désormais annulées. Or, comme par hasard, la première manifestation visée par la dite circulaire était précisément la conférence sur la laïcité, à laquelle devait participer Tariq Ramadan. Circulaire de circonstance ?
«  Non », ont répondu les autorités universitaires qui ont préféré se réfugier derrière des motifs sécuritaires « généralistes ».

L’Affaire aurait pu en rester là, si un deuxième événement ne s’était pas produit. Devant le refus persistant de l’Université d’Aix-Marseille 1 d’accueillir le débat, les organisateurs se sont donc logiquement repliés vers le deuxième lieu de conférence prévu  : la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme. Mais, à son tour, l’administration de cette dernière, avertit les organisateurs qu’elle devait fermer ses locaux pour causes d’intempéries (inondations). Un membre de l’organisation s’est donc rendu sur les lieux pour vérifier si l’amphithéâtre, dans lequel devait se dérouler le débat, était bien « inondé ». Bien sûr, ce n’était pas le cas, puisque le dit « local » inondé fonctionnait normalement au cours de la journée pour les activités d’enseignement. Demandant une explication auprès des services administratifs de la MMSH, l’un des participants de la conférence, par ailleurs membre de cette institution, s’est vu répondre : « Non, les inondations ne sont qu’un prétexte. La vérité, c’est que les Renseignements généraux nous ont prévenu de ne pas accueillir ce Monsieur R….,euhhhh, ce Monsieur Ramadan ! Mais ne le répétez surtout pas, sinon vous m’exposez à des sanctions administratives de la direction » (sic). Les raisons du refus étaient désormais claires : les services policiers avaient fait pression sur les autorités universitaires aixo-marseillaises (U 1 et MMSH) pour les dissuader d’accueillir la conférence publique dans leurs locaux.

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«  Gaffe » des Renseignements généraux ou « ordre » venu d’en haut ?

En tout cas, il fallait se rendre à l’évidence : c’est bien la venue de Monsieur R…à Aix-en-Provence qui avait entraîné la décision d’annulation.
Le millier de personnes venues spécialement assister à la conférence publique durent constater amèrement que l’administration du « Temple du savoir universel » avait cédé aux pressions de l’administration du « Temple de la sécurité intérieure ».

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