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Nous sommes tous des TariqS RamadanS

Tariq Ramadan, citoyen suisse et européen, intellectuel musulman de haut vol, philosophe brillant, enseignant de formation, acteur associatif alter mondialiste, tente depuis une quinzaine d’années de sortir les communautés populaires et d’origines maghrébines des ghettos et banlieues dans lesquels des politiques paternalistes les y ont poussés depuis le début de l’immigration.

Depuis sa critique envers les « nouveaux intellectuels », ce philosophe, présenté comme un « imam » par certain (Bernard Henri Lévy) est devenu en l’espace d’un mois le visage hideux de l’antisémitisme européen (1), gangrène de la société française et européenne.

Pourtant Tariq Ramadan a depuis le début -ainsi que dans un article publié par le journal Le Monde au mois de décembre 2001- condamné les propos antisémites avec fermeté (2).

Depuis fin octobre, une véritable entreprise médiatique de démolition vit le jour (3). Le journal Libération, spécialiste du genre a publié plus de 20 articles au vitriol sur l’affaire Ramadan. Sur un laps de temps infime, une croisade médiatique méprisante et souvent calomnieuse voit le jour au sein de Marianne, le Parisien, le Nouvel Obs, le Point, Figaro, Charlie l’Hebdo… cette stratégie machiavélique soutenue par le monde politique, (le Vert Mamère ne participera pas à ce lynchage) les sommités intellectuelles et les médias (4), servira à court terme à la mise à mort programmée du pestiféré musulman, trop intelligent pour être musulman, trop subtil pour dire vrai, trop « classe » pour s’afficher comme un intellectuel musulman, de surcroît spécialiste du « double discours »… (5) sans que l’on y apporte la moindre preuve.

Tariq Ramadan ne serait-il pas tout simplement le futur citoyen européen, moderne, respectueux, humaniste et musulman (6) ? Est-il acceptable pour notre bonne vieille conscience européenne, parfois conservatrice de reconnaître qu’un musulman européen puisse faire partie de notre pensée européenne ? Plus encore, allons nous accepter l’islam comme faisant partie intégrante de notre culture, de notre civilisation et ce depuis le 8ème siècle ?

Nul doute que ce professeur brillantissime subira encore les foudres des conservateurs de la « vieille culture européenne », incapable d’arrimer une composante importante de la société dans le 21ème siècle du progrès de la modernité qui passe nécessairement par un habitat décent et respectueux, par des écoles dignes et de qualités, par une insertion réelle au monde de l’emploi et par conséquent à lutter sérieusement et efficacement contre les discriminations, les racismes et l’islamophobie galopante (6). Certains penseurs et politiques estiment que pour s’assimiler et s’élever socialement, il faille nécessairement jeter aux orties… l’islam. Triste mentalité, qui n’étonnera nullement nos grands-parents qui connurent les affres et les horreurs de la colonisation en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, où la mission politique, civilisatrice et assimilationniste française a de tout temps nié l’islamité de cette population, à moins d’être un harki, comme aujourd’hui certains acteurs politiques ou associatifs d’origines musulmanes.

La République est prise en otage et ne s’élève nullement par des comportements aussi mesquins. Ces débats douteux où les clichés et fantasmes de l’après 11 septembre 2001 ne sont en fait que les symptômes d’un mal beaucoup plus profond… à savoir la non acceptation de l’islam comme spiritualité, et religion ayant sa place dans l’espace Républicain et Européen.

Pour ces raisons, je reste persuadé que le professeur Tariq Ramadan, chantre du combat pour l’égalité des droits, l’émancipation de la femme et la participation positive à un monde plus juste reste(ra) le lien idéal, le bâtisseur des ponts de la justice, du respect, de l’amitié et de la fraternité entre non seulement les différentes communautés européennes, mais aussi entre une société européenne qui vit parfois dans une certaine frilosité et les musulmans Européens.

Notes :

(1) du texte : existe-t-il un antisémitisme islamique ? « Des propos malveillants, des « A bas les juifs ! » fusant dans certaines manifestations, voire des exactions contre des synagogues ont pu être enregistrés dans différentes villes de France. Plus généralement, on a pu entendre ici et là des propos ambigus sur les juifs, leur pouvoir occulte, leur rôle insidieux dans les medias, leur sombre stratégie, et tout à l’avenant. Après le 11 septembre, les fausses rumeurs sur les 4000 juifs qui ne se seraient pas présentés à leur poste le matin des attaques contre le World Trade Centre, ont été relayées jusque dans les banlieues. »

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(2) du texte : existe-t-il un antisémitisme islamique ? Ce qu’il faut dire avec force et détermination, c’est que l’antisémitisme est inacceptable et indéfendable. Le message de l’islam impose le respect de la religion et de la spiritualité juives considérées comme la noble expression des « gens du Livre ». Dans les premiers temps de son installation à Médine, avant les conflits d’alliance, le Prophète Muhammad avait menacé : « Celui qui est injuste envers un contractant (les chrétiens et les juifs de Médine), je témoignerai contre lui le jour du jugement dernier ». Plus tard, en pleine période de conflit, huit versets du Coran furent révélés pour innocenter un juif qu’un musulman cherchait à faire injustement accuser à sa place. Muhammad n’a cessé d’enseigner le respect des êtres dans leur différence : il se leva un jour alors qu’une procession funèbre passait non loin de lui ; on lui annonça qu’il s’agissait d’un juif, à quoi il répondit : « Ne s’agit-il pas d’une âme humaine ? »

(3) http ://users.belgacom.net/gc569200/media/index.html

(à consulter absolument)

(4) le socialiste français Julien Dray (fondateur d’SOS Racisme) lors de l’émission « 93, Faubourg Saint-Honoré », diffusée sur la chaîne privée Paris-Première donne son avis sur Tariq Ramadan et dit ceci :: « Moi, à Tariq Ramadan, je lui mets mon poing dans la gueule ! »

Le Socialiste Bernard Kouchner (fondateur de Médecins Sans Frontières) « Ramadan est une crapule intellectuelle »

(5) du texte : existe-t-il un antisémitisme islamique ? « On ne peut négliger cet enseignement et continuer à alimenter des représentations pour le moins trouble concernant les juifs. C’est la responsabilité des cadres associatifs et des imams de diffuser un message sans ambiguïté sur les profonds liens entre l’islam et le judaïsme, sur la reconnaissance islamique de Moïse et de la Thora, sur la contextualisation nécessaire de certains textes équivoques, sur le respect mutuel et le refus de toute forme d’antisémitisme explicite ou larvé. Cela veut dire également qu’il faut reconnaître l’horreur que fut l’holocauste, en étudier la portée et respecter la blessure et la souffrance qui ont façonné la conscience juive au 20ème siècle. »

(6) « Je suis un peu islamophobe, ça ne me gêne pas de le dire » J’ai le droit, je pense (et je ne suis pas le seul dans ce pays), à penser que l’Islam, (je dis bien « l’Islam », je ne parle même pas des islamistes) en tant que religion, apporte une certaine débilité (…) qui en effet me rend islamophobe. (…) Il n’y aucune raison, sous le prétexte de la tolérance, (…) de s’abaisser jusqu’à renier des convictions profondes. » le vendredi 24 octobre sur LCI par Claude Imbert, directeur du magazine « Le Point » www.lepoint.fr

Suite aux déclarations « du Cardinal Poupard recueillies lors d’une interview au Figaro le 30 septembre 1999 dans laquelle le prélat français, préfet du Conseil pontifical de la culture, estimait que « l’Europe doit être consciente que l’islam veut la conquérir » et en concluait que « l’islam pose à l’Occident un redoutable défi », le Recteur de la Mosquée de Paris blâmait l’Eglise catholique de France se déclarant, dans le Figaro du 7 octobre, « peiné qu’un des plus grands prélats de l’Eglise catholique reprenne les antiennes dans le droit fil des accusations de Jean Damascène (652-749), (.) Il accable sans charité ’ces frères en Dieu’, avec les archétypes de l’islamophobie »

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