Butinant sans complexe à gauche puis à droite, le moins que l’on puisse dire sur Rachida Dati, c’est que son engagement politique ne s’est jamais nourri de convictions idéologiques profondes au service de l’intérêt général, mais plutôt d’un sens aigu de l’opportunisme au service d’une ambition personnelle dévorante.
Ainsi, celle que son pygmalion, Nicolas Sarkozy, érigeait il y a encore peu comme l’égérie de la diversité et de la méritocratie, celle qui s’est vue offrir sur un plateau le prestigieux maroquin de Garde de Sceaux, celle, enfin, à qui l’Elysée ménage une sortie en beauté en la propulsant à la deuxième place des Européennes derrière Michel Barnier en Ile de France, s’avère être une habile mystificatrice passant d’une ruche à une autre sans aucun scrupule, et pis encore, dénuée de toute vision politique.
Retrouvant sa piste en 1994, sur la liste « Europe solidaire » du parti socialiste, le magazine interne du PS de l’époque, « Vendredi », faisait alors mention de la 54e position occupée par notre ministre de la justice sur la liste nationale conduite par Michel Rocard, alors premier secrétaire. Elle figurait notamment aux côtés d’actuels dirigeants du parti, tels que Jean-Christophe Cambadélis ou encore Benoît Hamon…
Le président de la région Ile de France affirme avoir rencontré Rachida Dati, quelques années auparavant, alors qu’il était directeur de cabinet de Michel Rocard à Matignon : « Dati n’était pas au PS, mais elle m’avait été présentée par Jacques Attali qui souhaitait que je la prenne au cabinet, dans un esprit de diversité, de mixité ».(1)
Des dires corroborés par plusieurs témoignages de personnalités socialistes, dont Jean-Louis Bianco et Pierre Moscovici, qui ont un souvenir pour le moins marquant de la jeune femme aux dents déjà très longues : « Elle faisait du rentre dedans à tout le monde » , se rappelle l’un d’eux.
Si certains au sein du PS sont frappés d’amnésie à son sujet, la principale concernée reconnaît volontiers que c’est sur les recommandations de Bernard Kouchner que son nom avait été placé en 54ème position : « J’étais très proche de Kouchner et de son ex-directeur de Cabinet Martin Hirsch. Mais je ne connaissais ni Rocard ni Moscovici »
Ne s’embarrassant pas de ses propres contradictions et de ses mensonges par omission, Rachida Dati déclare que son cœur battait à gauche à cette période de sa vie, ayant été introduite dans le cercle très fermé des réseaux mitterrandiens, alors que parallèlement elle bénéficiait de la bienveillance d’un autre de ses nombreux protecteurs : le gaulliste Albin Chalandon.
Un parcours unique qui se mesure à l’aune d’un constat affligeant, où les zones d’ombre se mêlent aux plus hautes sphères d’influence : l’icône de la diversité fut un leurre, et l’exercice du pouvoir politique en ressort une fois de plus discrédité.
(1) Lire également l’article de Libération du 26 mars
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