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Pourquoi j’en veux aux beurs de service !

Les émeutes urbaines que nous venons de vivre agissent comme un révélateur. Depuis plus de vingt ans, les politiques ont mis au centre de leur préoccupation médiatique le terme d’intégration. Or, il est intéressant de constater que ce « concept » est totalement rejeté par les premiers concernés. Comme s’il avait été créé ex-nihilo. Ils sont Français, car nés en France ou parce qu’ils ont acquis la nationalité française. Scolarisés dans les écoles de la République, si certains sifflent la Marseillaise, d’autres frissonnent aux premières notes de l’hymne national. Et lorsque Pierre, Albert, Jacques demandent une réécriture des paroles de la Marseillaise, en raison de leur caractère belliqueux, personne, en dehors de l’extrême – droite, ne remet en cause leur « francité ». C’est pourquoi la justesse sémantique doit s’appliquer. Cessons d’ employer les mot beurs, français issus de l’immigration, ou encore de parler de génération, comme si on évoquait un animal domestique pour lequel on établit une traçabilité. Si ces Français revendiquent les mêmes droits, il convient avant tout de ne pas les distinguer du reste de la population.

Cela vaut dans les deux sens. On ne peut également se prévaloir de son origine en guise de compétence. Le spectre du « beurisme » particulièrement destructeur, resurgit à nouveau. Il a eu pour conséquences d’éviter la diversification des élites notamment politiques. Chaque parti a choisi ses « beurs » uniquement pour leurs liens supposés avec une communauté qui n’a jamais existé. Ces derniers ont eu au sein des partis politiques un rôle plus que douteux : d’un côté ils laissaient croire qu’ils étaient représentatifs des quartiers dont ils étaient originaires, de l’autre ils agissaient uniquement pour le compte de leur carrière. Les partis politiques doivent cesser d’organiser le communautarisme. Si Rachida ou Mamadou excellent dans le domaine de l’économie ou de l’éducation, pourquoi leur proposer de s’occuper de « l’intégration » et autres domaines périphériques.

Aujourd’hui, le simple fait de s’appeler Malek, Fadela ou Azouz peut vous propulser au sein des instances dirigeantes d’un parti , sans pour autant disposer de compétence particulière. Comme il existe aujourd’hui des emplois ethniques (80% des agents de sécurité privé sont originaires du Maghreb et d’Afrique noire), la politique a également créé des fonctions ethniques. Se pliant au jeu émotionnel des médias, la « vente » de leur identité s’accompagne d’un déballage sur leur parcours, avec le traditionnel clichés du beur qui a grandi dans un bidonville ou dans une cité HLM, alors que les journalistes ne nous précisent jamais où Jacques, Lionel ou François ont vécu avant qu’ils ne deviennent des personnages publics.

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Nous ne sommes pas dans une société fondée sur le modèle américain où Mouloud doit s’adresser à Rachid, Fatima, ou Zoubida. L’expérience des médiateurs de quartier a démontré l’échec de cette politique. Le pire serait de réitérer ce même schéma avec des élus. Il serait inadmissible que dans la perspective des prochaines élections, on nomme des gens en fonction de leur nom ou de leur faciès sans exiger qu’ils soient compétents.

Que les partis politiques cessent cette démagogie. Qu’ils préfèrent les gens de terrain à ceux qui occupent les plateaux télés, et dont la présence à l’écran s’explique non pas en raison de leur compétence, mais uniquement par leur connaissance du réseau médiatique. Les politiques doivent cesser d’offrir des fonctions sur la base d’une identité qui se substitue à la compétence, de même que cette identité ne saurait être un handicap. Ils doivent rejeter avec force tous ces vendeurs identitaires qui se prévalent de leurs origines pour obtenir une fonction. La seule mesure de la qualité d’un homme ou d’une femme réside dans le talent et la compétence, et non pas dans la couleur de sa peau.

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